Aimez-vous les uns les autres ! Quelques mots nécessaires sur le livre.

Dans la collection Drôle de pages,  se distingue un livre et un auteur et pour le directeur de collection que je suis : une grande fierté. Voici quelques mois, ce manuscrit tombe sur ma boite mail. Parmi une volée de bois vert et quelques dizaines de pages en herbes, j’ouvre ce message, un peu au pif, lis les premières lignes de la lettre de l’auteur, trouve son nom de plume étrange (Sir Samir Rliton) et décide illico presto que cela vaut bien une petite pause café. Car, je milite pour l’arrêt des cadences infernales, depuis mon plus jeune âge. Avec l’esprit de droite, ce qui est un score.

Pause, donc  : « Autant prendre du bon temps quand on le peut.  »

Je tiens cette belle phrase entendue pour vérité, depuis une discussion étoilée et consignée (donc au gros pif), avec le fossoyeur de mon village, devenu philosophe de comptoir entre deux processions. Et alcoolique le reste du temps.

J’ouvre le document en quelques clics nerveux et commence à lire.

Au bout de quelques pages, tandis que partout autour de moi mugissent des féroces soldats et que la pendule du bureau devient Cyclopédique, c’est à dire que la minute devient nécessaire, pourtant à court de café (on ne le dira jamais assez  : un café court n’est vraiment pas assez long), j’en oublie la cigarette (nécessaire elle aussi). Tout à ma stupeur que je suis. Pantois. Muet de surprise à la lecture. Le talent mérite le silence. Surtout dans notre pays où le talent est souvent muselé. Je prends donc note de la consigne de notre grand dépendeur d’andouilles Matignonnais et applique scrupuleusement la consigne des hôpitaux de Paris : je me tais.

Dés les premières lignes, une vérité m’apparait : la mère de ce garçon a du fréquenter en son temps notre lunaire Pierrot, LE Desproges essentiel aux belles lettres et cavalier du troisième Dragon (pourtant motorisé) menant toute sa carrière, croisade contre la connerie avec un grand « C ».

Il y a sûrement une filiation ou un cousinage, ce n’est pas possible autrement, non d’un sac à papier ! Quel style, quelle puissance ! Magnifaïque, dirait une brésilienne de mes connaissances avec un accent à couper au lapidaire !

Morbleu, ce nobliau sait écrire, marmonnais-je dans ma barbe poivre et sel ! (Pour les autres condiments, regarder le poil après les repas.)

En pleine contemplation linéaire, je reviens pourtant sur la lettre d’accompagnement du manuscrit : il me faut le numéro de téléphone de ce terrestre extra !

D’un geste d’un seul, je prends dans ma dextre et délicate pogne gauche mon affreux  téléphone, je saisis ensuite,  de ma non moins dextre main droite mon paquet de sucettes à cancer, et  tape dans la foulée le numéro de ce génial auteur.

Je raccroche aussitôt.

Je constate que je n’ai que deux mains et que je n’ai pas saisi de briquet. Je cherche, accuse avec véhémence mon chien de me l’avoir planqué, il me mord, je me réfugie sur mon bureau et vois sur le haut du secrétaire le fameux objet de mes recherches. Fumée et colère dissipées, j’appelle.

Quand enfin, le téléphone remplit son office, le prodige décroche et me dit d’un ton d’amphithéâtre : « Allo, oui ? ».

S’en suivra une longue discussion.

De longs échanges.

Et aussi à une belle amitié, j’ose le croire.

Qui mèneront à ce livre et que vous n’aurez plus qu’à vous procurer, si vous voulez en savoir plus.  Vous ne croyez pas qu’on va tout faire à votre place, non?

 

Yoann LAURENT-ROUAULT, directeur des collections littéraire.