Canard boiteux, ou Nicolas Piluso comme victime d’une contagion aviaire journalistique

Voici la suite de la réponse d’un directeur littéraire, à l’article infamant d’une des plumes du volatile déchaîné, ayant pour sujet notre auteur Nicolas Piluso. Commençons par le nom de la rédactrice expéditive de l‘article  du Canard : Clara Bamberger. Auteure du, et sans doute formidable livre ayant pour titre : « de l‘art d’être bobo ». Et jusque là, c’est sans surprise, dans le titre comme sur le reste. La dame est aussi diplômée remarquablement, participante, femme de médias et j’en passe. Habituellement, je ne m’attarde que peu sur la bio  et sur des personnages qui manient la plume pour nuire à leurs prochains. Mais ici, je vais faire un effort. Car il s’agit de salubrité publique.

L’accroche, puisque décemment, on ne peut pas parler de titre pour son article paru le mercredi 8 février dans le Canard enchaîné, est la suivante : « Petite leçon d’économie appliquée ».

Bravo.

C’est transcendant.

Vous allez lire maintenant la suite : « C’est l’histoire d’un professeur d’économie qui ne néglige pas les siennes. »

Divin ! Prodigieux ! Remarquable ! Quel sens du rythme !

Là, on sent le métier. Je résume pour ceux qui n’ont pas suivi la polémique. Nicolas Piluso édite dans notre maison un livre : 3 siècles de pensée économique. L’auteur est aussi universitaire, chercheur et conférencier à Toulouse. Il a compilé dans ce livre, les textes des grands penseurs de l’économie moderne et il a relié à leurs écrits les contextes et les enchaînements historiques, de manière vivante. Et il a réussi à faire un livre probant et salué par la critique économiste.

Son but ?

Aider ses étudiants à faire le tri dans les différents enseignements et courants de pensée économique et produire ici un manuel d’HPE utile. Clara Bamberger, qui n’a certainement pas pris le temps de lire le quatrième de couverture, part du principe qu’un professeur qui envoie un mail groupé à ses  180 élèves pour recommander l’ouvrage et donc se le procurer, pour ensuite faire un devoir : est un escroc et un profiteur. La  « journaliste », qui d’ailleurs ne reproduit que partiellement le mail, et bien sûr à charge dans les extraits qu’elle choisie, ne semble pas comprendre la démarche du professeur Piluso 0et plus grave, le fonctionnement d’une université. Alors, allumons sa lanterne, c’est faire œuvre utile :

  • Le livre proposé est disponible dans les bibliothèques universitaires de Toulouse ; c’est le professeur lui-même qui a offert son livre à différents points culturel de la ville. Je ne vois pas en quoi il est responsable des délais d’approvisionnement. Tous les auteurs publiés peuvent en témoigner.
  • L’auteur, qui même s’il avait vendu son livre à 200 étudiants, touche moins de 2 euros par livre. Nous ne sommes pas ici en auto-édition. Et l’auteur ne sera payé que l’année suivante, à la date de reddition des comptes stipulée sur son contrat ; soit moins de 400 euros. Ce qui est je l’avoue, une somme colossale, madame Bamberger. Qui peut changer une vie ! Et qu’il ne touchera pas. Par le fait. Puisque nombreux ouvrages sont donnés et qu’il reverse intégralement ses droits d’auteurs.
  • Nicolas Piluso achète ses livres à JDH éditions sans même activer la réduction d’auteur de l’ordre de 20 % ; sur la centaine de livres qu’il a achetés à la maison, beaucoup ont été offerts. Nous avons les preuves et les tenons à votre disposition.
  • Nicolas Piluso propose ici un texte qui dispense les étudiants d’acheter de nombreux autres ouvrages sur : Benetti, Blaug, Bortkiewicz, Clark, Deleplace, Denis, Engels, Keynes, Hicks, Lange, Levy, Malthus, Marshal, Marx, Patinkin, Pibram, Quesnay, Reveyrol, Ricardo, Say, Shumpeter, Segura, Smith, Sraffa, Walras et Wicksteed. Donc, sachant cela, reprenant son programme, l’auteur offre ici une économie en soi. De temps et de moyens. De plus, le livre est disponible gratuitement. Évidemment, 180 exemplaires, c’est beaucoup à offrir, d’où les options qu’il propose dans son mail que vous ne diffusez que partiellement, madame Bamberger.

Ensuite, revenons à votre copie chère madame : le reste de l’article continue à charge, et vous allez jusqu’à insinuer que le professeur Piluso fait un chantage au marque-page. Que la note de l’étudiant dépend de l’achat du livre ! C’est scandaleux. Et, vous, ne vendez-vous pas votre plume, madame Bamberger ?

Dans le cas présent, si, pour  1.50 euro, et c’est déjà de trop. Mais c’est suffisant pour salir la carrière d’un homme honnête  et pour salir l’image d’un auteur et par répercussion, celle de sa maison d’édition. Vous en profitez dans ce même article, pour régler vos comptes avec Sciences Po, je ne vois pas ça autrement, notamment en nommant sciemment Monsieur Guillaume Tusseau, donnant même le prix de son ouvrage (39 euros) et passant là à 500 étudiants acheteurs forcés. Une opération à 19500 euros donc, je  fais le calcul pour vous, car vous n’avancez que le prix de vente du livre du constitutionnaliste, qui est dans le même cas que Monsieur Piluso : il a rédigé un cours. Vous citez ensuite la présidente de L’Unef, mademoiselle Chehbib, qui dit que cela fait partie des processus normaux des facultés et universités que d’acheter ou de se procurer les livres des professeurs. Elle ajoute que les étudiants préfèrent majoritairement se procurer le livre de leurs professeurs plutôt qu’un autre, car je  cite « On retrouve tous leurs cours. »

Donc ?

Je vous l’écris : vous auriez dû cesser là, la rédaction de votre article et vous renseigner. Mais il faut fournir, n’est-ce pas ? La présidente de l’UNEF explique aussi qu’il y a des bourses aux livres dans les facs. Et que ce livre à 39 euros de monsieur Tusseau, elle ne l’a payé que 20, au final. Alors vous terminez laconiquement votre déballage insipide en  écrivant ceci : « Si même à Science Po on brade le savoir… »

Brader le savoir…

Précarité étudiante…

Manquement de l’état dans le processus de financements des études et dans la formation.

Les jolis thèmes pour « pondre » un vrai article ne manquent pourtant pas. J’ai été boursier, du CP à mon bac +6, et j’ai vécu la précarité étudiante. J’ai parfois dû choisir entre du papier ou un repas. J’ai ensuite travaillé pour l’état, dans l’éducation nationale, dès ma deuxième année d’études, puis j’ai monté une société dans ma troisième année et je me suis battu quand un jury m’a demandé à l’examen final de cette même troisième année, si : « Les études d’arts sont compatibles avec un travail extérieur ? ». Ce qui remettait en question ma place au sein de l’école. Un boursier ? Quelle horreur ! Voilà une thématique d’articles, madame Bamberger, voilà le fond du problème, non celui d’un professeur qui  « vend » son livre à des élèves majoritairement demandeurs. Mais vous vous en moquez, vous préférez que la Dépêche du midi, le Figaro et France 3 régions reprennent votre article, déformé, il est vrai, et vous vous moquez également des dégâts que fait cette campagne virale contre votre victime. Vous ignorez aussi qu’un comité de soutiens à Nicolas Piluso s’est constitué et que les choses n’en resteront pas là.

 

Yoann Laurent-Rouault, directeur littéraire et artistique des éditions JDH, rédacteur en chef de la revue littéraire L’édredon, auteur, biographe, éditorialiste, illustrateur, producteur webTV et animateur.