Interview de Catherine Painvin :

1) Bonjour Madame Painvin, vous êtes la créatrice de « Tartine et chocolat », pouvez-vous nous dire comment tout cela a commencé ?

Tout a commencé en 1974, je venais de quitter mon premier mari, je suis partie en Espagne, à Cadaquès, puis à Martha’s Vineyard, où je passe plusieurs mois. En 1976, je vois Jacqueline Kennedy avec ses deux enfants, je me rappelle donc de l’enterrement de son mari, en voyant ses enfants, je me demande immédiatement d’où viennent leurs manteaux, car ils sont vraiment très beaux. À ce moment-là, je réalise qu’il n’y a pas de marque de luxe pour enfants. Je comprends donc que c’est ce que je dois faire. C’est à cet instant précis que j’imagine « Tartine et chocolat » une marque de luxe pour enfants, étant passionnée par le design et ayant des enfants, les idées me sont venues rapidement, tout c’est bousculé dans mon esprit. J’allais me lancer dans l’aventure de « Tartine et Chocolat », c’est à ce moment-là que j’ai appelé mes proches, en leur disant que j’avais eu une idée et que je sentais que ce serait la bonne. Par la suite, tout à rapidement décollé, j’ai rencontré les bonnes personnes, mis en place les bonnes actions et en 2023 « Tartine et Chocolat » dure toujours et reste une des seules marques mondiale de luxe pour enfants.

2) « Tartine et Chocolat » est mondialement réputé, pouvez-vous nous raconter une anecdote exclusive à propos de « Tartine et chocolat » ?

Bien sûr, j’ai beaucoup d’anecdotes sur « Tartine et Chocolat », c’est donc un plaisir d’en raconter une. Dans les années 1990-2000, j’étais en pourparlers avec des hommes d’affaires qui souhaitaient ouvrir des franchises de « Tartine et Chocolat » aux USA. Ces personnes hésitaient beaucoup, en particulier Gustavos Cisneros, il hésitait à prendre cette décision. Un soir, je rentrais à mon hôtel : le Bristol, un hôtel où j’ai été toutes les semaines pendant 27 ans (j’y dormais deux nuits par semaine). J’avais oublié de réserver ma chambre habituelle, ils me donnent donc la chambre 734, sur la chambre d’en face, je vois un plateau avec un petit carton : G. Cisneros. À ce moment-là, j’ai compris que c’était la personne avec qui j’échangeais à de multiples reprises pour l’implantation aux USA de ma marque. Énervée par son manque de décision, je décidais de prendre sur moi. Je me réveille à 9 heures, les sirènes du Bristol sonnent, je sors rapidement de ma chambre et je vois M. Cisneros en face, je lui demande si c’est bien lui, il me dit oui et me demande comment je le sais, je lui dis mon nom et mon prénom, il me dit « vous êtes la numéro une », après il m’invite à prendre un café et une semaine après, nous avions commencé l’implantation de « Tartine et Chocolat » au USA. Par la suite, il y aura une dizaine de franchises « Tartine et Chocolat » aux USA.

3) Vous avez également créé « Les comptoirs d’Aubrac », un véritable succès, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs ce que c’est et comment cette idée vous est venue ?

Cela a commencé en 1999, mon second mari me quitte, c’est un moment complexe de ma vie, je n’avais rien vu venir. Au fil du temps, je maigris, je ne suis plus moi-même, je suis même dans une clinique pour des soins. Pendant mon séjour en clinique, je continuais « Tartine et Chocolat » en dessinant pour les futures collections. Un beau jour, une amie m’appelle pour prendre de mes nouvelles, je lui explique comment je me sens, elle me dit de ne pas me prendre autant la tête pour un homme, même si c’était mon mari. Cette amie qui était à Aubrac, village atypique à 1340 mètres d’altitude où j’aime aller depuis 15 ans, me dit que deux hôtels sont à vendre. Elle me propose donc de venir dans un de ces hôtels, le lendemain, je fais mes valises et je pars. J’achète donc ce premier hôtel, je me rapproche de mes amis mongols, que j’ai rencontrés lors d’un voyage d’un mois en Mongolie en 1999, et ils me proposent de venir m’aider à faire des travaux. Tous ensemble, nous transformons cet hôtel abandonné en une maison d’hôtes de luxe. L’année suivante, j’achète le deuxième hôtel, j’effectuais les mêmes types de travaux et de transformations, grâce à l’aide d’autres amis mongols tout aussi efficaces pour ce genre de travaux. Il y aura six chambres, six salles de bain, un grand salon, une boutique avec des produits que nous faisions nous-même, ainsi qu’un salon de thé, cet endroit devient vite sensationnel. Le but est d’apporter aux clients une certaine paix et sérénité, avec une ambiance parfaite pour partager des moments avec ses proches. Le Figaro fera par la suite un reportage, il y aura bon nombre d’articles et de reportages sur « Les comptoirs d’Aubrac », j’en étais ravie. Il y aura beaucoup de personnalités qui viendront au « Comptoirs d’Aubrac », tels que Johnny Depp, Isabelle Adjani, Yann Artus-Bertrand.

4) Vous avez eu un parcours riche d’expériences et ce dans plusieurs domaines d’activités selon vous quelles sont les qualités que doivent avoir tout bon entrepreneur ?

Pour moi, un bon entrepreneur doit savoir prendre du recul sur une situation afin de bien l’analyser. Il doit aussi avoir une véritable capacité de discernement afin de savoir quand, comment et pourquoi agir. Pour poursuivre, il doit avoir une véritable éthique de travail et travailler beaucoup et régulièrement. C’est un état d’esprit avant tout. La persistance, la détermination et la motivation sont importantes.

5) L’entrepreneuriat, c’est à la fois des succès et des échecs, quels conseils donneriez-vous aux personnes qui vivent des échecs ?

Il faut savoir rebondir rapidement, remonter tout de suite, il ne faut pas hésiter et ne pas laisser un échec déterminer notre vie, échouer cela peut arriver, mais il ne faut pas rester dessus. Comme le disait Winston Churchill : « Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme ». Ne restez jamais sur un échec, faîtes en sorte d’aller de l’avant.

6) Vous êtes une véritable femme d’affaires, quelles suggestions feriez-vous aux personnes voulant se lancer dans l’entrepreneuriat ?

C’est bien de vouloir monter sa société, d’avoir de véritables projets, mais il faut savoir s’entourer. Pour monter une société, il est toujours mieux d’avoir des associés, dans l’idéal : un financier, un commercial et un créatif, il est bien sûr important que personne n’empiète sur la partie de l’autre. Le choix des personnes est véritablement important et ne doit pas être pris à la légère.

7) Après le succès important des « Comptoirs d’Aubrac » pouvez-vous nous dire si vous travaillez sur un nouveau projet ?

Actuellement, j’aide mon fils qui a créé « The Goodhouse », une maison d’hôtes de luxe, à une heure et trente minutes de Paris. Le cadre est charmant, unique et sur mesure pour prendre du temps pour soi, il y a également les « Comptoirs Painvin » qui sont inclus ainsi que bien d’autres choses. Pour le décrire simplement : luxe et élégance. Je travaille également sur d’autres projets, mais il serait trop tôt pour en parler.

8) Vous avez publié un livre « une vie et cinq minutes » pouvez-vous en parler à nos lecteurs ?

Ce livre, c’est l’histoire de ma vie, que ce soit personnel ou professionnel, c’est l’occasion de mieux me connaître. Voyez-vous plus jeune, j’ai toujours été ambitieuse, déterminée, motivée, j’avais bon nombre de rêves, dont certains matériels, que j’ai pu obtenir un peu plus tard, ce livre parle de mon évolution. Je l’ai écrit en 2015 et c’est d’ailleurs Johnny Depp qui a trouvé le titre de mon livre, j’étais dans ma résidence principale en train de faire un plaid pour Chanel, Johnny monte et me demande : « Combien de temps pour faire ce plaid », je lui réponds : »5 minutes », car je pensais qu’il parlait du temps pour l’imaginer. C’est à ce moment-là qu’il a dit : « Une vie et cinq minutes ». J’ai d’ailleurs vendu une bonne partie de ces plaids au Bristol. Concernant Johnny, une fois, quand j’étais allée en vacances dans sa maison, j’ai visité son atelier de peinture et je peux vous dire qu’il a un véritable talent de peintre, c’est impressionnant.

9) Vous avez réalisé bons nombres de rêves, selon vous quelles sont les clés qui vous ont permis de le faire ?

Je dirais que l’encouragement, le soutien et l’amour de ma famille ont été un moteur essentiel. Cette bonne entente avec ma famille m’a donné une véritable détermination. Hormis cela, je ne remets jamais rien au lendemain et avec humilité, je fais preuve de persistance et de détermination. Je dirais que c’est avant tout un état d’esprit où l’on se dit que l’on veut être la meilleure en toutes circonstances et que l’on se bat pour y arriver.

10) Vous avez une vie professionnelle très complète, très intéressante, quelles sont vos méthodes pour faire un juste équilibre avec la vie privée ?

Je dirais qu’il est important de faire un juste équilibre, évidemment, je ne pouvais pas être là tout le temps. Mais j’ai toujours pris soin de mes proches, de ma famille, j’ai toujours assisté aux moments les plus importants, je les ai toujours soutenus et je leur ai toujours montré qu’ils étaient toujours prioritaires pour moi.