Bonjour,
Venez, je vous emmène au Mali, dans ses régions qui ne respirent plus le calme du désert. Ici les hommes luttent, s’affrontent, meurent. La loi du plus fort s’écrit avec des armes.
Toutefois, je vous rassure, il n’y a pas que violence dans cette aventure unique qui conduit un voyageur à devenir otage et à entrevoir une lueur, un nouvel élan de vie. Il croyait connaître le goût de la liberté, il se trompait.
Pour ceux qui l’ignorent : En novembre 2009, un Boeing 727-200 chargé de cocaïne a atterri en plein désert, dans la région de Gao. La route de la drogue continue toujours à travers le Sahara, à destination de notre pays.
Voici un petit extrait pour réveiller la flamme de votre curiosité.
« Un matin, Ronan se réveille en sursaut. Les rugissements de l’avion lacèrent la nuit. Il imagine le Boeing qui peine à s’arracher du piège de sable qui se referme inexorablement sur son train d’atterrissage. Il entrouvre la toile toujours dépourvue de garde. Des nuages de sable l’enlacent. Le captif étouffe. Les hommes toussent. Les hommes crient. Certaines salves accompagnent les efforts des réacteurs. Les roues restent toujours prisonnières du désert. Un long silence succède aux efforts de la machine volante. Une rage sourde se propage dans le camp. Il est de ces coups du destin qui ébranlent un groupe et font naître des comportements irréfléchis. Le Boeing trop lourd pour rouler sur une piste de sable redouble d’efforts. Ses réacteurs recréent l’enfer. Dehors, la poussière fait taire les hommes et les armes. Dans son abri, Ronan voit progresser de petits nuages sombres. La lutte assourdissante s’éternise. Le Boeing si gracieux au-dessus des nuages reste misérable sur son tapis de sable. L’avion déplie sa puissance et sa lumière en vain. Le ciel réclame les ailes. Le sol veut garder le ventre. Les moteurs s’affolent. Ils n’ont pas choisi de se coucher dans ce coin de désert. Dépourvus de leurs chargements, ils aspirent à survoler les plaines, les monts et les océans. Un geyser de flammes et de feu s’élève. Il effraie les ombres qui serpentent dans les courbes des collines de sable. Il détruit les mirages et les mystères qui naissent quand brillent les étoiles. La lutte de l’engin contre son environnement est titanesque et interminable. Elle est surtout vaine. La sentence ne peut que tomber. Elle parcourt toutes les lèvres. Ronan le comprend en écoutant les cris de rage de ses ravisseurs. La fin du déchargement va accompagner la destruction de l’avion par des flammes dévastatrices. »
