Je veux qu’on s’épouse sous toutes les formes sous toutes les coutures.
Qu’on s’épouse par devant ou par derrière mais toujours en cadence et surtout pour longtemps.
Épouse moi un peu tous les jours,
même ceux aux cheveux gris
même ceux des mauvais vins,
même ceux que la mer a ravalés le mors aux dents.
Épouse moi en entier
enroule toi dans ma traîne
et traîne tes guêtres avec moi
maintenant
et sur les pavés de la bonne intention.
Ma robe levée,
sur le quai, pour toi, demain,
mes joues rosées,
comme celle de ce matin,
et l’araignée dansait, sur le mur,
ses pattes levées pour mieux nous attendrir,
et l’escargot bavait,
quand sur l’azur pleuvait
l’essaim vanille et fraise,
la glace du mois de Mai.
Tu sais,
je veux te serrer,
encore,
avant que le train ne reparte,
ne marche en arrière,
avant que la brume ne remporte
l’impatience de toi.
Que ces papiers,
si importants,
si essentiels,
qui empêchent le voyage
et les baisers qui dans le vent
traversent les vallées;
celles de rhubarbe et de cosmos,
celles des aigrettes et des coquelicots.
S’épuiser ici.
S’épouser ainsi
et prouver la vaillance
et prouver l’existence
de la mémoire des mots
de la mémoire des voix
chemins de traverse
et grandes traversées.
Comprendras-tu mon Amour,
qu’il faille encore attendre,
qu’il faille encore patienter
sentir l’absence de cette chaleur,
qui s’étire
comme la dentelle fanée ?
L. Frottin