Belle de N
I
Il n’y avait plus de rêve, pas plus d’Eve ;
La barbarie et le chaos régnaient, sans trêve,
Dans ce jeune pays de mon être.
II
Les plaisirs s’étaient éclipsés,
La haine les avait remplacés.
De gros barreaux avaient poussée à ma fenêtre.
III
Mes ailes s’étaient repliées, j’aillais très vite sombrer,
Mes branchies se bouchèrent, mes nagoirs en tombèrent.
J’aperçus les noirs, tombais sur des formes ambrées.
IV
Et je faisais surface. Bientôt je touchais terre.
Ma fenêtre se fit blanche. Je sortais du tableau,
Vacillant d’émotions, je deviens filtre de vie ;
V
Etat propice à me faire une nouvelle amie,
Etat d’âme faste pour négliger les autres fardeaux,
De ma pauvre sensibilité mille fois brisée.
VI
Ma vue avait sublimé tous mes sens,
Pour mieux juger cette jeune femme qui me séduisait ;
Par les adorables pas de sa malicieuse danse ;
VII
Par des œillades bleues, des œillades de feux.
Par ma coupe, pleine de mille petites bulles d’un alcool,
Une liqueur pétillante, suave et délicate ;
VIII
Son parfum réveillait mes instincts de primate,
Ma laissant rêver à quelques jeux d’alcôve frivoles.
Pour elle, cela ne paraissait pas, être un jeu ;
IX
A l’heure de s’éclipser, je sentis son regret
De me quitter ; la nuit était tombée.
Cette belle fée, devient à ma grande peine un mirage ;
X
Suffoqué que j’étais, je n’ai pu l’aborder.
Sans parole ajoutée à mon image,
Sans esprit ajouté à mon portrait,
XI
J’ai eu peur qu’elle ne tourne, sur moi,une page ;
Pour la quête d’un ailleurs, où je n’ai pas ma place.
J’ai eu peur que son désir ne fut que fugace.
XII
D’une forte aimable jeune femme d’esprit, blé et saphir,
Ma raison fut frappée alors que je courais
Dans la nuit après les mirages de cette soirée.
XIII
Je fuyais, et au bout de mon chemin,
Je le retrouvais hilare, me tendant la main.
Ce n’était là que jeux d’esprit ; à quoi bon fuir ?
XIV
Je viens à elle en papillon de nuit,
Pour parler, parler et rien d’autres.
Mais elle m’invitait, déjà, à des jeux sans bruit,
XV
Dans son lit froid qui sentait le parfum d’un autre.
Mes yeux se sont mis à saigner, force fausses promesses ;
Mon corps se souvenait, encore, de ses caresses.
XVI
Une femme pour deux hommes ; drame classique,
Trio tragique des drames antiques,
Trio magique des comédies comiques.
XVII
Problème artificiel ;
Problème existentiel,
Que ces jeux, fourbes, au sein de ma réalité ;
XVIII
Preuve, incontestable, de ma faibilité.
Des eaux du Styx, elle m’avait arraché ;
Je lui plaisais…, je lui ai servi de hochet !
XIX
Dans mon alcôve git, toujours, un lit vide et froid ;
Un lit blême, frustré, plein de désarroi !
Dans la crypte de mon âme, git pareil à une tombe,
XX
De galantes reliques d’un vol avec une colombe,
Sous un soleil ; dont le feu n’a d’égal douceur
Que la croyance ; perfide, d’avoir trouver l’âme sœur.
XXI
Il est des peines interminables,
Il existe des sanglots intarissables,
Qu’il faut, pourtant, se résigner à oublier.
XXII
J’ai passé mon chemin puisqu’elle me nier.
A quoi bon s’essayer à l’amitié,
Quand l’amour sur son passage a tout ravagé !
XXIII
Voyageur, au gré de mes pérégrinations,
Chercheur, au hasard de mes investigations,
J’en trouverai une autre ; c’est un viatique viager.