« Fils de pute », je déteste ce terme, cette injure, ce parjure. Je ne l’emploie jamais. « enfoiré », « enculé », « salaud », « porc », tout ce que vous voudrez mais pas « fils de pute » par pitié !
Cet enfant, est-ce sa faute si sa mère est une prostituée ? Quel mal a-t-il commis ? Regardez-le ce môme ! Voyez comme il est beau ! Il n’est qu’innocence. Il ne sait pas, ne comprend pas. Il ignore que son papa est un proxénète de la pire espèce. Ce gosse est au centre d’une sale histoire. Cette femme juchée sur des talons aiguilles, moulée dans sa robe légère est pour ce petit la plus belle et la plus gentille des mamans. Lorsqu’elle rentre harassée à la maison, qu’il se jette dans ses bras, elle l’écarte tristement en prononçant cette phrase :
— attend mon chéri, je file à la douche !
Elle s’enferme dans la salle de bain, se savonne jusqu’à s’user la peau. Elle tente d’effacer toutes les odeurs, les souillures, les sécrétions. Elle veut être nickel, propre, pure pour son petit poussin. Ensuite seulement, elle aura la force, le courage, le droit de le câliner, de le serrer contre son cœur. Elle l’aime tellement son fils. Elle ne prendrait pas le risque de le salir. Elle en est malheureusement l’otage. Son maquereau, le père du gamin, lui martèle à longueur de journée :
— Si tu arrêtes le tapin, tu ne reverras jamais ton fils !
Elle a honte, elle a mal, elle peur mais elle continue pour ne pas perdre sa seule richesse, son unique trésor, son bébé aux boucles blondes.
Si sa mère est une « pute », c’est à son père que la faute en incombe. Lui, au départ n’était que le fils de l’amour.
Copyright Bianca Bastiani. Le 10/09/2020.