Une histoire plombée.

Dans mes pérégrinations estivales, comme dans les autres temps forts de ma vie d’artiste, de contribuable, de mari et de père de famille, je suis amené à loger dans différentes résidences hôtelières de France et de Navarre. Et, je n’aime pas les hôtels, pas plus que les chambres d’hôtes, les gîtes ruraux, les Relais & Châteaux, les palaces et les bouis-bouis de toutes sortes. Premièrement parce que ce n’est pas chez moi, deuxio parce que ce n’est jamais pratique et enfin parce que les sanitaires sont la plupart du temps inconfortables, impersonnels et peu pratiques. Ce qui m’amène des contrariétés gastro-entérologiques. Et à de l’énervement et à du stress gastrique. Voir à des envies de meurtres, d’incendies et de guerre totale, le tout frappé des pires malédictions inscrites au panthéon et dans les grimoires d’Harry Potter.
La robinetterie de ces hôtels (au demeurant très cher, puisqu’en moyenne, si je devais être coincé un mois par ce gouvernement de confinés de l’esprit et du reste par décret préfectoral dans un de ces lupanars boboïstique, cela me coûterait la modique somme de 4800 euros, taxes de séjour comprises, pour ledit mois), la robinetterie donc, est une abomination sadique et intellectuelle visant à décimer les individus sains d’une population déjà malmenée par l’ingénierie européenne dans tous les domaines.
Je m’explique.
Et pour cela, je vais établir un comparatif simple. D’un côté, vous avez le robinet mélangeur qui est une merveilleuse invention qui depuis 1880 fait recette, ceci grâce à l’inventivité d’un sujet de sa gracieuse majesté, un certain Thomas Campbell, qui inventa ceci sur un principe simple que même un électeur centriste pourrait comprendre : une tête pour l’eau froide, une autre pour l’eau chaude. Et les deux ouvertes, ça donne de l’eau tiède.
Dingue !
Or, dans le monde de l’hôtellerie, secteur concurrentiel s’il en est, et qui se tripote le visor comme le reste, on arrive, et je ne sais par quelle masturbation intellectuelle acnéique, à réinventer la robinetterie, ceci pour justifier le prix exorbitant de la nuitée avec petit déjeuné. Non seulement ces objets design et chromés sont aussi laids que cons, mais en plus on y adjoint généralement un évier plat et carré, donc éminemment pratique pour le rincer, des cuvettes de chiottes si basses que mon yorkshire peut s’y soulager en levant la patte, et comble de la connerie, on va jusqu’à supprimer la bonne vieille balayette à chiottes (qui a pourtant inspiré les fameuses coiffures punk de la pop culture), ce qui de vous a moi, est assez gênant quand vous partager les sanitaires avec quelqu’un.
Mais revenons-en au robinet. Il faut une demi-heure au bas mot pour trouver comment on passe au mode « jet de douche », tout en s’occasionnant des brûlures et des coups de froid à la mode écossaise, dans un remake intime digne des grandes heures des services de police pétainistes, pour enfin parvenir à réussir à régler la température de cette putain de sa mère de la race de sa grand-mère de flotte, et enfin, après vous être ruiné deux ou trois fois les flancs sur cette idiote de poignée murale chromée elle aussi, vous constatez, que vous avez oublier de prendre le shampoing dans la valise, tant le fonctionnement tarabiscoté de la robinetterie vous a noyé l’intellect. Et vu la gueule des carrelages vernis, s’y risquer mouillé et nu pour récupérer le shampoing, c’est vouloir jouer à Candeloro dans un club naturiste, mais sans les patins et sans le jury olympique.
Je hais les hôtels, je hais l’ingénierie robinetière, je hais les déplacements et je vous hais aussi parce que vous ne cramez pas les hôtels de vos villes et de vos campagnes et que vous ne faites rien d’autre que d’écouter mugir ces féroces touristes qui viennent jusque dans vos lits, pour pourrir vos paysages.

YLR. (Membre actif du comité contre le tourisme et les robinets cons.)