Interview menée par Jean-David Haddad, éditeur
-Sylvie Bizien, avant de parler de votre livre faisons connaissance. Vous êtes une navigatrice : comment cela vous est venu ? De famille ou bien grâce à une rencontre ?
Je navigue depuis mes 2ans, je faisais du dériveur de sport, avec mes parents, puis sur de petits voiliers habitables en Bretagne. Étudiante, j’ai régaté à la course de l’Edhec et au tour de France à la voile. J’ai aussi navigué sur d’autres supports, j’ai par exemple passé un an dans la Marine Nationale et embarqué sur un pétrolier ravitailleur et même sur le porte-avions Clemenceau. Devenue architecte navale, j’ai encore vécu des sorties en mer captivantes, sur les voiliers de la Marine l’Étoile et la Belle Poule, et aussi une semaine au fond des océans sur un Sous-Marin Nucléaire Lanceur d’Engins. Je pratique de plus le kayak, le kite surf et la plongée.
-Vous avez fait le tour du monde en passant par toutes les longitudes et en traversant l’équateur deux fois. À quelle période avez-vous fait cela ?
J’ai en effet eu la chance de vivre mon rêve d’enfant et d’embarquer mari et filles dans cette aventure de 2010 à 2013. Nous avons vécu des rencontres rares dans des îles que le touriste lambda ne peut visiter comme les indiens kunas aux San Blas devant Panama, les danseurs d’Ambrym et les sauteurs du Gol au Vanuatu, les Papous des Louisiades… mais aussi les requins marteau des Galapagos, les raies manta de Polynésie, les dragons du Komodo, les crocodiles d’Australie…
-Quelles sont les qualités requises pour réaliser cet exploit ?
Il faut d’avoir avoir l’envie, ensuite ne pas avoir peur de l’inconnu, ce qui se gère en préparant au maximum le bateau et l’équipage, formations médicales, expérience technique, et surtout il faut accepter de sortir de sa zone de confort, au sens propre comme au sens figuré.
-Venons-en à votre roman « Quatre en quatre temps ». En une phrase de quoi traite-t-il ?
Mon roman relate les destins croisés de quatre femmes, de 1943 à 2020, le livre emmène le lecteur aux quatre coins de la planète, en résumé c’est un tour du monde en 80 ans.
-Quelle est la part de fiction et la part de vécu dans le destin de ces femmes ?
J’évoque bien sûr la fabuleuse aventure de mon tour du monde, mais je me suis aussi inspirée des vies de plusieurs membres de ma famille, comme ma grand-mère qui travaillait dans un hôtel réquisitionné par la Gestapo, mon grand-père cheminot qui volait du charbon aux Allemands, mon grand-oncle résistant auprès de Jean Moulin. Mon expérience personnelle d’ingénieure navale reconvertie en prof de maths alimente aussi cette fiction.
-Question personnelle : l’Amérique du Sud vous a-t-elle marqué et en particulier les femmes de ce continent si vous en avez rencontrées?
J’ai adoré l’Equateur que nous avons visité seulement à travers les Galapagos. Nous mangions tous les midis dans des cantines familiales ou des femmes extraordinaires nous recevaient chaleureusement. Nous avons passé du temps au Brésil, pendant le carnaval de Salvador de Bahia. Les femmes étaient magnifiques, grimées et joyeuses mais je n’ai pas supporté le contraste avec les enfants abandonnés que l’on croise près des marchés, à se nourrir des déchets et à boire l’eau non potable de la ville. A côté le Brésil achetait des sous-marins à la France, organisait les JO et le mondial de foot. Ça m’a vraiment choqué ! Jorge Amado le relate très bien dans Capitaine des sables.
JDH EDITIONS
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