INTERVIEW de notre toute nouvelle auteure Erell Buhez, publiée dans la collection « Nouvelles Pages » de JDH EDITIONS.
Interview menée par Jean-David Haddad, Editeur.
JDH – Vous êtes une nouvelle auteure de la maison. Vous venez de publier : « Tuée sur le bonne voie ». Pouvez-vous résumer ce livre ?
Ce livre est le journal d’un parcours de résilience
Il transmet, entre autres, mes réflexions sur le sujet tabou du suicide.
Écrit sans faux-semblants, il témoigne d’un véritable chemin de reconstruction et de luttes face aux vertiges de la dépression.
« Tuée sur la bonne voie » est aujourd’hui destiné à aider les personnes fragilisées par cette maladie, ainsi que leur entourage, à trouver la voie de la guérison.
En ces temps anxiogènes de pandémie mondiale, il porte aussi mon regard sur l’année 2020, si particulière…
JDH – Y a-t-il une part d’autobiographie ?
Il n’y a que de l’autobiographie puisqu’il s’agit de mon propre combat, qui, malheureusement reste celui de nombre de personnes, d’autant plus aujourd’hui. L’écriture a d’abord agi comme un exutoire avant de servir aux autres, c’est mon seul souhait.
JDH – Quel regard portez-vous sur le suicide aujourd’hui et en particulier le suicide des jeunes ?
Avant, je pensais que les personnes qui se suicidaient étaient des lâches.
Je ne peux, aujourd’hui, que constater combien je me trompais. Les idées noires arrivent, sans que l’on n’y puisse rien, à part se faire soigner. Cependant, beaucoup ne savent même plus tirer la sonnette d’alarme. Actuellement, on dénombre plus d’un quart de la population en dépression dont une très grande part de jeunes. Leur chemin de vie ne fait que commencer, pourtant, ils passent à l’acte et je trouve cela très inquiétant. Les structures hospitalières, les soignants, dans le public comme dans le privé, sont débordés, faire établir un diagnostic devient compliqué. Patienter, en tant que patient, pour consulter est donc une souffrance supplémentaire. Cela peut en arrêter plus d’un, à tenter ce parcours de soins, pourtant indispensable. Quelle volonté peut-on avoir encore, lorsque l’on est atteint par ce que j’appelle « la maladie de la volonté », pour parvenir à s’en sortir ? Les jeunes sont encore plus démunis car, selon moi, ils n’ont que peu d’expériences et un grand sentiment de vide et de décalage. Pour peu qu’ils soient isolés, contraints ou volontairement, la descente aux enfers devient insupportable.
Nous vivons dans un monde anxiogène, il faut absolument leur apprendre à savoir comment se préserver, se protéger. Rappelez-vous de vos jeunes années et imaginez les mêmes souvenirs avec la pandémie actuelle… en ce qui me concerne, aucun bon souvenir ne se transforme en impossible souvenir !
Le suicide est un moyen de faire cesser ce sentiment permanent d’inutilité, cette absence de projection, ce regard terrible porté sur soi, seul. C’est un moyen, pas une solution.
JDH – Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vous ? Votre parcours etc.
J’ai 47 ans, je suis une femme, une fille, une sœur, une amie et surtout, la maman de deux bouts d’amour à qui je ne demanderai jamais assez pardon.
J’ai vécu des tsunamis tout au long de ma vie, en voulant tout minimiser, en voulant m’adapter à ce qu’on attendait de moi. J’ai toujours écrit, lorsque mes états émotionnels s’emparaient trop fort de mon moral. En tant que professionnelle, j’ai passé trente ans de ma vie auprès des enfants mais je viens de tirer ma révérence pour me préserver. Animatrice, puis enseignante spécialisée auprès des élèves en grande difficulté, j’aspire, aujourd’hui, à aider la jeunesse autrement, je ne sais pas encore comment.
Militante dès mon plus jeune âge, je voudrais que chacun puisse trouver sa place en ce monde, une douce utopie ?
JDH – Vous définissez vous comme une femme forte ? Je suis en pleine réflexion sur ce sujet.
Porter un regard sur soi, bienveillant, est déjà un énorme progrès.
J’avance, à mon rythme, sur cette voie. Mais, au fond, non, je ne crois pas être une femme forte, je suis Erell, avec autant de qualités que de défauts, peut-être un peu comme la majorité des êtres humains. Je suis en questionnement permanent sur la difficile réalité de ce monde, ma force réside quand même, désormais, dans ma faculté d’analyse et ma capacité à ne plus m’entourer de personnes toxiques. Et, je sais glaner les petits bonheurs du quotidien, ce que je ne parvenais pas à faire.
J’ai appris ma plus belle leçon de vie il y a deux ans à peine !
Puisqu’il a fallu continuer, autant vivre autrement, du mieux que l’on peut, en évitant le plus possible de retomber dans les même schémas.
JDH – Est-ce votre premier livre ?
Oui, c’est mon premier livre achevé, un projet abouti, avec une envie de partager mon expérience pour aider, celles et ceux qui sont au bout du rouleau.
Quant à moi, après, je suis allée au bout de l’écriture et, pour une fois, je peux dire que je suis fière. J’ai déjà l’impression d’être présomptueuse en le disant mais, il paraît que cela s’appelle le syndrome de l’imposteur. La fierté, je la vois dans les regards et les messages de mon entourage proche, alors, je me dis que ce livre est important autant pour eux que pour moi.
JDH – Maintenant que vous avez publié ce livre qui vous tenait à cœur, avez-vous d’autres projets d’écriture ?
J’en ai trop ! Donc, il va falloir choisir. Comme choisir, c’est renoncer, j’ai toute la vie devant moi, je vais axer sur les priorités et, dans un premier temps, ce ne sera pas forcément écrire un deuxième livre. Cela viendra, je le sais, au bon moment, un moment choisi. La seule chose dont je suis certaine est que ce prochain livre ne sera pas autobiographique.
JDH – Merci pour cette interview emplie d’une ravageuse sincérité ! Puisse-t-elle, au sens propre du terme, ravager tous les instincts suicidaires!
Commentaires récents (3)
Denis Morin27 mars 2021 , 15 h 42 min
Bonjour, merci pour ce très bel entretien. Les questions sont pleines d’empathie et les réponses pertinentes. J’ai perdu un proche par le suicide, tout comme je suis enclin à la mélancolie. Trait de famille dans mon cas. À chaque coup de blues, je me dis que la lumière loge derrière les nuages de pluie. Merci encore une fois pour cet entretien. Je demeure convaincu que ce livre ne sera pas votre dernier mot. Allez de l’avant, persistez et signez.
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