Interview réalisée par Jean-David Haddad, à l’occasion de la parution du classique d’Etienne de la Boétie (« Discours de la servitude volontaire ») préfacé par Gilles Nuytens.
JDH – Bonjour Gilles. Vous êtes belge, vous vivez à Bruxelles me semble-t-il, vous êtes un artiste et vous êtes hypersensible. Voilà ce que je crois connaître de vous. Confirmez-vous ce portrait ?
GN – Bonjour. C’est exact. Je suis ce qu’on peut appeler un artiste « multi-potentiel ». Un touche-à-tout en quelque sorte. J’ai fait des études de bande dessinées à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles. J’y ai appris non seulement le dessin, la narration mais aussi l’illustration et la photo. Les cours étaient très variés et hétéroclites. Ensuite, j’ai fait une formation de webdesign et d’infographie. J’ai travaillé quelques années dans ce milieu. J’ai également suivi une formation de scénario, puis de photos et plus tard j’ai pris des cours d’acting studio en parallèle avec des cours de théâtre. Je m’ennuie très vite si je reste à faire tout le temps la même chose. Donc, j’ai besoin de varier ce que je fais. La routine me tue. Quant à l’écriture, je l’ai un petit peu apprise par moi-même. Je vais dire que les graines ont germé quand j’avais 13-14 ans en cours de français. Pour un exercice, nous avions du écrire une nouvelle et ça m’avait beaucoup plu, c’est là que mon imagination se mettait en route. Elle était débordante. J’adorais inventer des histoires. J’ai du en écrire 3 durant ma scolarité si je me rappelle bien. Autant, je n’aimais pas l’école, autant écrire ces textes me motivait. Mais je n’ai plus rien écrit jusque dans les années 2010. J’avais alors un projet de roman qui n’a pas abouti mais j’en ai tout de même tiré une petite histoire à la place, sensée se passer « avant ». Une « préquelle » comme on dit aujourd’hui. Et c’est de là que tout est parti. J’en ai écrit une seconde, puis une troisième et ainsi de suite. Pour terminer quelques années plus tard par un véritable roman, intitulé Pasta Wars, que j’ai autoédité en 2017 grâce à une campagne de financement participatif. J’en ai vendu une centaine d’exemplaires, ce qui pour une autoédition n’est pas trop mal encore je crois. Récemment, je me suis mis à apprendre l’édition de musiques (remastering, montages audio). Je fais des versions longues de musiques de film et je les remasterise si nécessaire (les chansons et musiques des années ‘80 sont souvent victimes de la qualité du support de l’époque : souffle, son étouffé, craquements…). J’ai tout appris par moi-même. Ma chaîne Youtube où je publie mes travaux musicaux vient d’ailleurs de dépasser les 2 millions de vues en à peine 1 an dont le dernier million durant ces 2 derniers mois seulement.
JDH – Vous venez de préfacer, à ma demande je le précise, un très ancien classique français : «Discours de la servitude volontaire » de Etienne de La Boétie. Je vous en remercie. En fait j’avais vu votre commentaire sur Facebook concernant ce texte, et j’ai eu envie que vous puissiez associer à jamais votre nom à celui de La Boétie.
GN – Je vous remercie également de m’avoir fait confiance pour ce travail. Je suis honoré de pouvoir y associer mon nom ! Effectivement, le sujet m’intéressait beaucoup mais pas seulement à cause du contexte actuel. J’avais déjà effleuré le sujet dont parle Etienne de La Boétie bien avant dans les nouvelles que j’ai écrites et dont j’espère un jour publier un recueil. J’y décrivais des mondes « alternatifs » dystopiques avec une forme d’anticipation sur la société actuelle. Du surréalisme « à la belge » comme on dit parfois. D’ailleurs, certains éléments de ces nouvelles écrites il y a près de 6 ans maintenant sont en train de devenir notre quotidien actuel. Je suis halluciné et terrorisé. Pourtant lorsque je les ai écrites, c’était sensé être absurde et caricatural… Je vous recopie une citation qui pour moi résume en une phrase la pensée de La Boétie sur le sujet : « Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté qu’il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers, qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté mais bien gagné sa servitude ». Ce texte a près de 500 ans ! Le monde n’a vraiment pas évolué. Car je pense effectivement que le monde actuel est dans un état de servitude volontaire assumée. Les gens en sont même presque fiers. Je ne me reconnais plus dans ce monde, c’est de pire en pire. Le monde a toujours été dans une forme de servitude volontaire mais ces dernières années, ça a atteint des sommets. Quelle effroyable époque nous vivons ! Bien sûr, il y a eu pire par le passé mais ce n’est pas une raison pour se taire sur ce qu’il se passe maintenant. Qui plus est, à l’époque, on savait qui était « l’ennemi ». Aujourd’hui, les gens obéissent comme des automates sans nuance, sans réflexion car on nous le martèle depuis 1 an : « c’est pour le bien de tous ». Leur esprit critique est complètement anesthésié par ce discours médiatique unilatéral qu’on nous sert en boucle partout. Il suffit d’invoquer le mot magique « précaution sanitaire » pour qu’ils obéissent tous au doigt et à l’œil et se transforment en esclaves bien serviles et bien dociles. Je risque de me faire lyncher pour dire ce qui suit mais tant pis, j’assume pleinement car je me dois de faire le rappel : « Le travail vous rendra libre » disait un dictateur du 20ème siècle. Or aujourd’hui, on nous dit : « le vaccin vous rendra libre ». Cette phrase est même écrite en grand au dessus de certains centres de vaccination en Belgique. Ça laisse songeur… J’ai envie de vomir.
JDH – Vous avez écrit l’été dernier « Le meurtre du bon sens », publié chez JDH Editions dans la collection « Drôles de Pages ». En quelques lignes, de quoi traite ce livre ? Pour nos lecteurs qui ne le se seraient pas encore procuré.
GN – L’idée a germé dans ma tête le jour de l’annonce du « premier » confinement, le 17 mars 2020, jour de mon anniversaire. J’étais tellement en colère contre le monde et contre mes « amis » qui venaient me menacer, me faire des leçons de morale, m’insulter, me lyncher et me souhaiter les pires malheurs du monde que j’ai décidé de mettre par écrit mon ressenti de la situation. Juste parce que j’avais exprimé ce que je ressentais face à cette folie et mon désaccord total avec les mesures du gouvernement, j’étais devenu un paria. Dans ce livre je dénonce l’absurdité de cette situation telle que je la vivais à ce moment. J’avais l’impression que le monde entier basculait dans une idiocratie aux relents fascistes, que les gens perdaient totalement la tête et le contrôle. Je ressentais cette surenchère médiatique suffocante en train de faire basculer le monde dans la folie pure. À l’origine, ce ne devait être qu’un billet d’humeur à envoyer aux principaux médias. N’ayant jamais eu aucune réponse ni retour, j’ai donc décidé d’en faire un livre à part entière. J’y ai aussi rajouté une petite nouvelle d’anticipation dans la même veine que les nouvelles que j’avais écrites auparavant. J’en ai d’ailleurs réutilisé certains éléments. Je me demande parfois si quelque part je n’aurais pas des dons de visionnaire puisque j’y annonçais déjà au mois d’avril des choses comme les multiples confinements et surtout cette fameuse « loi pandémie » qui est en train d’être votée en ce moment même en Belgique… soit quasi 1 an après en avoir parlé dans mon livre. Je l’avais appelée à l’époque « Loi Confinement », mais l’idée est identique.
JDH – Quel parallèle pouvez-vous faire entre votre œuvre publiée en 2020 et celle de La Boétie, publiée 5 siècles plus tôt ?
GN – La préface que j’ai écrite pour ce livre est un petit peu la continuité logique de mon livre « Le meurtre du bon sens ». Merci de cette opportunité d’avoir pu y développer encore un peu plus le sujet. Les parallèles entre la situation actuelle et le thème développé par la Boétie sont violents et flagrants. La seule différence est que La Boétie parle de servitude envers un tyran alors qu’aujourd’hui, cette servitude est à placer plus du côté d’une forme d’inconscient collectif induit par l’addiction aux médias et principalement aux médias dits « sociaux ». Tout y est décuplé : une goutte d’eau devient un océan, une photo prise hors contexte devient virale, une phrase innocente est interprétée et amplifiée selon le fantasme aléatoire de chacun. On fait dire aux mots et aux chiffres ce qu’on veut selon l’angle d’interprétation. Les mots et les chiffres ne mentent pas mais selon la façon dont ils sont présentés, on peut leur faire dire tout et leur contraire. Or la population est complètement sous l’emprise médiatique, l’esprit critique a été réduit à sa plus simple expression. Les gens sont en état de servitude volontaire face aux médias. Ils sont hypnotisés. Et l’addition est salée puisque ces médias tous ensembles ont en quelque sorte créé cette catastrophe mondiale que nous vivons actuellement. Pas volontairement évidemment, mais dans sa course effrénée pour le buzz, la surenchère médiatique a causé des ravages indélébiles et irréversibles dans la société. Je pense que nous avons atteint un point de non retour. La situation actuelle n’en est que le fruit. Un fruit dont les prémisses étaient déjà présent depuis de très nombreuses années. On en avait eu un avant goût avec le H1N1 en 2009. Mais les réseaux sociaux ne faisaient alors qu’émerger doucement à cette époque. La soumission à l’autorité est aujourd’hui induite grâce à la peur disséminée partout à chaque instant. Ce matraquage est digne d’une véritable propagande inspirée de régimes totalitaires comme la Chine. Au plus on fait peur aux gens, au plus ils réclament des mesures, comme un âne à qui on brandit une carotte attachée à un fil. Ils ont tellement peur qu’ils en redemandent même. Depuis des décennies, nos droits nous sont ainsi insidieusement retirés goutte à goutte, tellement discrètement que les gens n’y font même plus attention. Ils poussent une gueulante et c’est terminé, ils passent à autre chose. Retirer une pierre d’une montagne ne se verra pas mais après un certain temps, si vous en retirez une chaque jour, elle finira par se rétrécir sans que vous ne vous en aperceviez. Avec nos droits, c’est exactement pareil. Retirez un gros bloc de la montagne et remettez en un plus petit et les gens applaudiront l’installation du plus petit bloc. Retirez les droits fondamentaux des gens puis rendez leur une partie de ceux-ci et ils applaudiront. Mais qu’applaudissent-ils ? Ils applaudissent la PERTE de leurs droits, ils applaudissent leur servitude gagnée.
JDH – En quoi votre hypersensibilité est-elle mise à l’épreuve avec le contexte que nous vivons ?
GN – En ce moment mon hypersensibilité est comme un volcan prêt à entrer en éruption à chaque instant. L’hypersensibilité n’est pas du tout un phénomène de mode ou une lubie, c’est un fonctionnement spécifique du cerveau. C’est vraiment biologique et neurologique contrairement à ce que beaucoup s’imaginent. On en parle beaucoup en ce moment simplement parce que ça a été découvert il n’y a pas si longtemps (même si Jung en avait déjà déposé les bases il y a un siècle) et avec les réseaux sociaux, vous savez, tout prend toujours des proportions dramatiques. L’hypersensibilité, c’est en fait un ensemble de facteurs qui engendrent tout un tas de réactions psychiques et physiologiques très mal comprises et interprétées par la société en général. L’hypersensibilité c’est une sensibilité puissante des neurotransmetteurs du cerveau chez la personne hypersensible. Le cerveau d’une personne hypersensible fonctionne différemment de celui de la plupart des gens : il a une activité neuronale beaucoup plus intense que la moyenne et ses neurones sont mieux connectés entre eux, ce qui lui permet de capter plus d’informations en moins de temps qu’un cerveau « ordinaire ». Le cerveau fonctionne donc plus et plus vite et ce, de façon permanente. Voilà un aperçu en bref de ce qu’est techniquement l’hypersensibilité. D’ailleurs, je vous prépare quelque chose à ce sujet, à découvrir bientôt chez JDH Editions. La sensibilité à l’injustice est également un élément très important. Alors pour vous dire, avec la situation actuelle, tous mes « capteurs » sont au rouge quasi en permanence, c’est extrêmement dur à gérer. Je ne regarde plus les infos tellement ça me rend dingue. Je suis prêt à éclater à tout moment. J’ai souvent envie de crier, de hurler et de tout casser. Parfois, j’ai même envie de prendre ma voiture et de foncer à du 200 à l’heure dans un mur pour que ça s’arrête. Je ne fréquente plus les magasins car je suis devenu une persona non grata, même si je détiens un certificat médical parfaitement en règle me permettant de ne pas porter la « muselière » obligatoire. Le secret médical est d’ailleurs très versatile en ce moment… À chaque fois que j’ai tenté le coup, c’était les crises de nerfs, l’hystérie, les insultes, les menaces. L’être humain est vraiment abject. C’est très difficile à gérer et j’ai peur de péter les plombs et de ne plus pouvoir me contrôler. J’ai vraiment peur de ce qui pourrait arriver, de mes propres réactions car me soumettre est juste impensable, ce n’est pas une option, c’est viscéral : je ne me soumettrai JAMAIS. J’ai peur que ma colère prenne le dessus et que ça finisse par un véritable drame. Rien que d’imaginer la situation et je me sens déjà bouillonner à l’intérieur. Je suis comme une bombe à retardement, un petit peu comme si j’étais l’incroyable Hulk (sans tous muscles et les effets spéciaux) : à la moindre contrariété, il pète les plombs et devient incontrôlable. Donc, il est préférable que je m’éloigne de tout ça. Pour le bien de tout le monde.
JDH – Les restrictions, à Bruxelles, sont-elles globalement dures à supporter ?
GN – Extrêmement dures et inhumaines. Mais autant vous le dire, je ne les respecte pas. Je ne les ai jamais respectées et ne les respecterai jamais. Cette nouvelle autorité n’a pour moi aucune légitimité, ce sont des terroristes. L’étymologie du mot terrorisme, c’est « répandre la terreur » et c’est exactement ce qu’ils font, ils ne s’en cachent même pas. Un ministre belge l’a d’ailleurs même avoué, je n’invente rien : les mesures sanitaires sont là pour maintenir la population dans la peur afin que les gens respectent les injonctions du gouvernement. Ils ont fermé les restos et les salons de coiffure dans le seul but de créer la peur car selon eux, la population se relâchait. Pour moi, une autorité qui agit de la sorte devrait être démise de ses fonctions sur le champ. Et pas seulement, ils devraient être traduits en justice. Des gens se sont suicidés à cause de ça. Ils ont du sang sur leurs mains. J’espère qu’un jour, ils seront jugés pour leurs crimes. Quant aux médias, je leur impute l’entière responsabilité de la surenchère de la peur qui est selon moi à l’origine de cette hystérie collective. Lorsqu’on utilise la mort d’une fillette de 3 ans pour faire de la propagande et terroriser la population, j’estime que des sanctions pénales doivent être prises. Les médias ont leur responsabilité dans cette catastrophe (le mot « crise » n’est plus d’application depuis longtemps) et ils refusent pourtant toujours de l’assumer et de l’admettre. Ces restrictions sont d’autant plus dures à supporter car si nous nous y opposons, nous sommes traités comme des parias, des sous humains, des criminels, nous sommes mis au ban de la société. On nous refuse l’accès à de nombreux établissements, ceux encore ouverts bien entendu. Il n’existe plus qu’un seul discours toléré, un discours unilatéral et si vous n’êtes pas d’accord avec ça, vous êtes catalogués dans la section « complotiste ». Le Point Godwin moderne en quelque sorte. À la radio, si vous n’allez pas dans le sens de la ligne dite éditoriale ou de l’angle journalistique imposé, on vous coupe la parole. Ce mot magique « complotiste » clôt tout débat. Pourtant les gens restent spectateurs de ce drame qui se joue devant leurs yeux, de leur propre servitude gagnée. La Boétie le disait déjà à l’époque : la seule solution pour faire perdre tout pouvoir à un tyran est de ne plus lui obéir. Tout seul, il n’est rien. Tous seuls, ces gouvernements renégats ne sont rien. Avec son texte, La Boétie était le précurseur du mouvement de désobéissance civile. Et moi, j’exhorte les gens à la désobéissance civile en masse.
JDH – J’ai toujours connu la Grand Place, une des plus belles places du monde, bondée et polyglotte ; un concentré d’humanité qui fusionne avec cette merveille architecturale. Quelle est l’ambiance aujourd’hui sur cette place ?
GN – Le centre ville de Bruxelles est devenu d’une tristesse effroyable. Mais les choses avaient déjà changé bien avant le « CONvid ». Le Bruxelles que vous avez connu n’existe plus. Ce que j’appelle le « démantèlement » du centre ville de Bruxelles a commencé en 2015 lorsque le bourgmestre (maire) d’alors a décidé, dans sa mégalomanie démesurée, d’en faire le plus grand piétonnier d’Europe. Le résultat fut que d’un centre ville très animé, c’est devenu un ghetto austère pour bobos à trottinettes… Ils cultivent presque des légumes sur le Boulevard Anspach qui était l’une des artères les plus fréquentées de la ville. Visuellement, c’est immonde. Les dernières fois où j’y suis allé, j’ai eu l’impression d’être en Corée du Nord version écolo. Les commerces ont fait faillite les uns après les autres. Ce pseudo écologisme de forcenés est une catastrophe. Pourtant, je suis écolo dans l’âme mais je ne me retrouve pas dans cet écologisme populiste poussé par cette gamine arrogante. Quelle tristesse. Ils ont détruit ma ville. Alors vous pensez bien que si en plus on y rajoute la dictature sanitaire, les distances, les muselières… c’est une vision d’horreur. C’est sinistre. Le monde a pété les plombs.
JDH – Je vous remercie !
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