Aux origines de la violences, par Charlotte Ollivier, 2/3

La loi du plus fort
Dans ce monde, il y a ceux qui écrasent les autres pour grimper les échelons et
ceux qui se laissent écraser par ces grands seigneurs qui se croient tout permis et
qui n’ont aucun regret de leurs actions menées avec un but précis. Les faibles se
feront toujours marcher dessus, les puissants remporteront toutes les parties haut la
main et continueront leur route jusqu’à la gloire sans penser à ces personnes qu’ils
considèrent comme dérisoires et insignifiantes. Ils gardent leurs objectifs en tête et
tracent leur chemin en dégommant tous les obstacles sur leur passage. Ces gens-là
sont les chefs et gouvernent les plus petits restés en bas de l’échelle. La loi du plus
fort régie notre monde. Les plus forts gagnent. Sans sentiments ou presque, ils
avancent.
Pire, on ne voit qu’eux, ceux parvenus au sommet. Les autres de bas étage
existent à peine. Pourtant, chacun a son mot à dire, chacun a des talents, des
qualités, une valeur. Nous disposons tous des mêmes droits. La loi est la même pour
tous. Même un président de la République peut aller en prison après avoir été jugé
pour ses méfaits, ses illégalités. Hélas, grâce à leurs finances, leur punition n’est pas
aussi sévère qu’elle devrait être, ils s’en sortent bien.
L’argent résout beaucoup de choses. Les pauvres sont bien punis de leur triste
sort.
Leur apparence, souvent trompeuse, peut cacher un grand cœur et des qualités
inestimables qui ne demandent qu’à être exploitées.
L’apparence, oui. Faire bonne figure et dissimuler le reste.
Si le plus fort l’emporte, n’a-t-on pas des choses à se reprocher une fois en haut ?
Qu’a-t-on dû faire pour en arriver là ? Quels sacrifices ? Quelles erreurs ? Quels
oublis ? Quelles personnes a-t-on mis de côté pour la gloire et le succès et combien ?
Qu’a-t-on jeté et racheté en mieux ? En quoi ce qu’on avait avant n’était plus valable
et convenable à nos yeux ?
Pourquoi ce qui brille attire l’œil et ce qui est dans l’ombre demeure caché, un
mystère qu’on peut d’ailleurs chercher à découvrir ?
On souhaite toujours avoir ce qu’on n’a pas et on se contente difficilement de ce
qu’on a. On se fixe des objectifs pour donner du sens à sa vie en laissant derrière
nous ce qui était réellement important à la base : l’origine de tout.
Derrière chaque action se cache une raison. La décision prise et les moyens
mis en place, on se lance dans l’aventure. Quelques fois, on se retourne en se
demandant si on a bien fait et si on devrait continuer, on évalue aussi les progrès
obtenus jusqu’à présent et ce qu’il reste à faire. Certains pour éviter de faiblir et de
le regretter s’efforcent de ne pas se retourner. Certains aussi agissent sans penser
aux conséquences. Ils veulent cela alors ils le font sans se poser de questions.
Etre une femme
La femme est attentionnée, protective et bienveillante par nature. Chaque mois, son
corps se prépare à donner la vie. Plus l’attente est longue et plus ses qualités se
valorisent, elle devient plus douce, plus gentille, plus concernée par ceux dont elle
souhaite prendre soin. Telle une mère sans enfant, elle aide, rassure, fait don de sa
présence qu’on apprécie, toujours à l’écoute.
A contrario, le cœur brisé par cette absence, elle se concentre sur son travail et
oublie sa vie personnelle souhaitant faire croire qu’elle n’y pense pas et qu’elle va
bien alors qu’au fond, ce désir est ancré en elle.
Une femme s’occupe de la maison et des enfants. C’est à elle que revient la charge
des repas, du linge et du ménage. Dans la mentalité populaire, les deux sexes le
croient fermement. Certains le contestent. Lorsque quelque chose est installé dans
les mœurs communes, le changement est difficile et très long. Même dans cette
société moderne qu’est la nôtre !
Dans certains pays, c’est l’évidence ! La femme est responsable de tout. En
apparence, la femme semble libre. En pratique, c’est faux.
En réalité, elle travaille deux fois plus que les hommes et souffre beaucoup plus
qu’eux ! La vie n’est pas chose facile !
Après son emploi où elle gagnera souvent moins que les hommes, elle aura les
tâches ménagères à faire. Elle est enceinte, elle donne la vie, elle alète, elle éduque,
elle prend soin et rend heureux ses enfants. Elle sera jugée pour sa tenue
vestimentaire. Elle sera jugée pour son attitude, son comportement et ses propos.
Elle sera dominée et contrôlée par les hommes. Elle devra se battre plus durement
pour ses droits. Les hommes se croient tout permis à son égard. Elle devra s’affirmer
plus.
Plus réfléchie, elle a plus de sentiments, d’émotions et de réflexions. Elle voit plus
loin.
L’homme aux côtés de la femme
Montrer et prouver sa puissance, démontrer sa force et l’affirmer. En compétition
avec les autres, il faut remporter la victoire. Etre beau et fort et le demeurer dans le
temps, rappeler qui commande, qui domine, qui il faut écouter.
Avoir des idées bien arrêtées et ne pas en démordre, sans forcément avoir besoin
d’explications et de justifications, s’imposer avec brutalité. Moins sensible, dans la
tête, moins d’idées, l’information monte plus vite au cerveau sans détours, aller droit
au but.
La pression d’être le meilleur au travail, dans le couple, en famille mais être égaux
entre amis.
Qui met la petite graine qui permet une grossesse et donc des enfants et une famille
tant désirée par la femme ? L’homme. La femme fait le reste mais lui décide à quel
moment tout commence. La femme est contrainte d’attendre qu’il franchisse le pas
et accepte enfin. Cela peut prendre des mois, des années ou ne même jamais se
produire. Elle perd alors son temps et son énergie à attendre quelque chose qu’elle
désire plus que tout.
Elle est limitée dans le temps, lui non. Il est moins pressé. Elle dépend de son
horloge biologique et a les yeux rivés dessus. Sa nature est non pas de protéger
mais de dominer et d’éloigner les ennemis de son espace de vie. Il élimine les
obstacles qui se tiennent sur son passage. Elle veille sur les êtres qu’elle aime.
Elle peut décider de renoncer à lui s’il ne souhaite pas d’enfants. Pour lui, la femme
est une conquête, une victoire, une réussite, un succès. Il a réussi à lui prendre son
cœur et son âme. Elle recherche un homme qui l’aime et un futur père pour ses
enfants.
Il voit davantage la sexualité que l’affection et les sentiments.
Il est vrai qu’une femme insatisfaite peut aller voir ailleurs, une femme délaissée
parce qu’il ne voit que son travail et ses amis mais aussi l’argent.
Une femme use de son intelligence et de sa sagesse, elle préfère le dialogue et la
diplomatie. Un homme préférera régler un conflit en haussant le ton et pourra même
aller jusqu’à cogner son prochain pour gagner. La femme impressionnée par sa force
sera fière de lui. Le vaincu sera considéré comme minable, faible et moins désirable.
Il prendra sa revanche ou se montrera plus modeste.
D’autres hommes pourront utiliser les jeux d’argent ou la performance
professionnelle. La concurrence est rude.
Qui est le plus beau, le plus fort, le plus puissant, le plus brave, celui qui possède le
plus ? Voilà comment un homme appréhende une bataille.
La guerre froide, les Etats Unis et l’ancienne Russie, l’URSS, c’était tout à fait leur
manière de faire. Quel état est le plus développé, dispose du plus d’armes, a la
meilleure défense, les meilleures technologies, les meilleures avancées…
L’Allemagne a érigé un mur, celui de Berlin pour séparer deux clans opposés. La RDA
et la RFA, l’est et l’ouest.
Actuellement, l’Europe songe à la nouvelle construction d’un mur pour se protéger
des dangers ennemis.
La guerre concerne souvent deux hommes, deux puissances en compétition.
Le complexe phallique. Que ce soit deux puissances, deux états, deux entreprises,
deux hommes.
Bien entendu, les hommes savants existent.
Les hommes qui s’instruisent, se cultivent, se défendent avec intelligence et stratégie
sans violence ni agressivité. Les hommes de lettres.
Le siècle des Lumières, les grands penseurs. Ils sont nombreux. De Platon, Aristote
et Socrate à Rousseaux et Voltaire, La Fontaine et Marivaux, Montesquieu. Racine,
Molière et Marivaux, le théâtre. Plus récemment, Victor Hugo, Alfred de Musset,
Lamartine, Maupassant. Monet, Manet, le mouvement impressionniste. Jules Verne et
son idée du monde moderne, ses rêves. Freud, Nietzsche et la psychanalyse.
Vauban et ses forteresses imprenables. Le Nôtre et ses jardins. Mozart, Vivaldi,
Strauss et la musique.
Karl Lagerfeld et la mode. Albert Einstein et les mathématiques. Neil Armstrong et le
premier pas sur la lune, un exploit marquant. Pas de femme sur la lune ?
Et j’en passe.
Derrière chaque grand homme, il y a une femme. Personne n’en parle.
Françoise Xenakis a écrit un ouvrage pour y remédier intitulé zut, on a encore oublié
madame Freud ! qui leur rend hommage.
Bien qu’hommes de talent, cela ne change en rien leurs pensées pour les femmes.
Sur le devant de la scène, ils sont peut-être des génies mais cachés de l’œil du
public, une femme bien qu’admirative, souffre de son influence et de son
comportement. Il se dédie tout à son art.
Un homme peut battre sa femme, un homme peut mener une double vie comme
Emile Zola, la tromper à tout bout de champs comme Victor Hugo.
Mais que retient-on ? Leur œuvre.
« Une femme doit obéissance à son mari. » dictait la loi sous Napoléon.
La femme a obtenu le droit de vote et donc son mot à dire en matière de politique
seulement en 1945. Dans la foulée, l’accès à un emploi. Il fallait bien remplacer les
maris partis au front pendant la guerre. Les munitionnettes pour en citer
quelques-unes.
Mai 68, une autre révolution pour les femmes.
Une femme battue et/ou violée, la maltraitance envers les enfants.
Lorsque dans une entreprise ou une famille, l’entourage a connaissance de ces
maltraitantes et agressions, qui les défend et les protège ? Qui a le courage d’agir
pour leur cause ? Pendant combien de temps les choses sont laissées en l’état ?
Quand la victime aura-t-elle le courage et la force de s’enfuir sans craindre les
représailles ? Agir seule après avoir subi seule des années.
Qui continue d’écouter une personne qui se plaint des années de la même chose ? La
plupart ignore et n’y prête plus attention. Après tout, ce n’est pas leur problème, ils
ont d’autres chats à fouetter. Qui a envie d’entendre parler de soucis alors que
chacun a les siens ? Personne. Chacun a envie de sourire et de rire, de s’amuser et
de se divertir, se détendre et mettre ses préoccupations de côté l’espace d’un temps.
Tout le monde a sa vie. Tout le monde n’a pas forcément le temps.
Si dans les transports en commun, vous voyez une femme se faire agresser,
attoucher sexuellement, auriez-vous le courage de vous mettre au travers du chemin
de l’agresseur et de lui faire face ? Auriez-vous peur pour votre propre vie ? La
crainte d’être attaqué et blessé à votre tour. Oser risquer sa vie pour l’autre. Se
sacrifier pour le bien d’autrui.
Quand quelque chose est trop souvent répété, on ne fait plus attention. Cela est
devenu normal, trop vu, trop entendu, trop écouté, trop aperçu, cela ne choque plus
vraiment. On se dit seulement, « Mais que se passe-t-il encore ? ».
Que de malheur dans le monde ! Mais pourquoi ne pas agir ? Si chacun apporte sa
contribution, grâce aux initiatives de chacun, on pourrait rendre notre monde
meilleur. Il suffit d’avoir l’idée et de se lancer !
Des élèves se suicident, des élèves sont harcelés, des élèves sont agressés. Au sein
de l’école aussi, la loi du plus fort l’emporte. Que font les autres ? Ils rigolent, se
moquent puis recommencent. Ceux qui restent assistent à la scène, impuissants. Eux
aussi en sont parfois victimes. Ils ne les défendent pas pour autant. Il s’agit pourtant
d’une réalité. Des leçons d’empathie ont récemment été mises en place pour
remédier à cette situation de violence.
Si même des professeurs agressent voire violent ou battent les enfants, où va le
monde ! Ils sont adultes, eux, enfants. Ils ont autorité sur eux. Les plus jeunes
doivent obéissance aux aînés. C’est ce que l’éducation leur enseigne. « Vous avez
tout à apprendre, écoutez les anciens ! » leur dit-on. Que dire si les aînés s’en
prennent aux plus petits ? Ce sont des proies faciles, quelle lâcheté ! Les parents ne
sont pas là pour surveiller. Qui vont-ils croire ? Les professeurs ou leurs enfants ? Les
adultes, évidemment. Devenus grands à leur tour, de nombreuses années plus tard,
les enfants raconteront leur récit s’ils ont suffisamment de courage alors on les croira
enfin. A moins qu’à ce moment-là, ils n’ont rien osé dire… A moins que leurs propos
ont été interprétés autrement, faussement… A moins qu’une telle histoire soit
impossible à croire alors les parents ont préféré, choqués, fermer les yeux et ne plus
en parler, comme si rien ne s’était passé. La vie continue et le ou les coupables
restent impunis. Un problème de crédibilité dû à la personne et son âge, à son
statut, ses droits à cette période-là.