Aux origines de la violences, par Charlotte Ollivier, 3/3

En se rassemblant, on peut agir tous ensemble.
Seul, on subit, malheureusement.
Libérer la parole ? Comment faire ? Oser parler, s’exprimer. Qu’en est-il des
conséquences ? Que va-t-il se passer si on parle ?
C’est l’une des choses que l’agresseur interdit en priorité : le dire à qui que ce soit
sous peine de représailles, vengeance et autres sanctions.
Alors, la victime se tait et personne n’en sait rien. Tétanisée, elle est piégée, coincée.
Savoir une information et en garder le secret. Aussi capitale soit-elle, la dissimuler.
Demeurer dans la solitude, vivre dans la peur. Lui, a gagné.
Votre entourage ne soupçonne rien, n’a pas conscience de ce qui vous arrive et ne
peut donc vous aider et vous soutenir.
Il est libre, longtemps, il le reste. Il n’a rien à craindre. Il vous domine, il gagne. Il a
la main sur vous. Vous lui obéissez en gardant le silence. Vous lui donnez raison. Des
années s’écoulent. Vous souffrez. Il est heureux. Pour combien de temps encore ?
Jusqu’au jour où vous vous rendez compte que vous n’êtes pas seul. D’autres vivent
une situation similaire à la vôtre. Vous vous unissez, vous gagnez ensemble.
Dans les histoires pour enfants, le méchant ne perd-il pas toujours à la
fin ?
La différence effraie.
De nationalité différente, de couleur de peau différente, un statut différent, un
niveau de vie différent, une situation différente, des préférences différentes, une
mentalité, une manière de pensée, une personnalité, un caractère, un raisonnement
différent, un avis, une opinion différente.
Tout ce qui est différent de nous, tout ce que nous ne comprenons pas
nous est opposé. On ne connait pas alors on s’en défend comme si cela
représentait un danger pour nous.
La tolérance est un réel problème. L’étroitesse d’esprit.
Dans la religion musulmane, la plupart des femmes portent le voile.
Le mari refuse qu’elle soit vu par qui que ce soit. Elle n’a pas accès à l’éducation, à
un travail, au droit de vote et au permis de voiture. Battue par son mari, elle n’a pas
le droit au respect. Elle n’a pas le droit à l’admiration et à la reconnaissance, aucun
autre homme a le droit de la regarder. Elle ne dispose d’aucune liberté si ce n’est
s’occuper de ses enfants et de la maison sous conditions, le mari surveille et la
famille de son mari également.
Ainsi, privée d’éducation et donc de connaissance, privée du droit de vote et donc de
politique et du droit d’expression, privé d’argent et donc limitée dans son champ
d’action, privée de voiture et donc limitée dans son champ de circulation, elle ne peut
pas faire grand-chose et ne peut pas aller bien loin. De cette façon, il a tout le
pouvoir sur elle qui ne dispose d’aucun moyen de se défendre et de se protéger.
Tout ce qui diffère de leur monde est proscrit. Toute personne qui oserait se
rebeller, fuir, peut être tuée. Toute personne qui penserait différemment peut être
exécutée.
Dominer un individu par l’ignorance. En venir aux mains, en venir aux armes, en
venir à la guerre pour protéger ce système conservateur. Leur peur fondamentale
n’est-elle pas celle du changement ?
Depuis la nuit des temps, les homosexuels existent.
Récemment, la loi leur a accordé le droit de se marier (mais pas à l’église) et d’avoir
des enfants (plus antérieur ?). Pendant longtemps, on pensait que c’était une
maladie à guérir, une erreur à ne pas commettre, un péché à éviter, une honte.
Louis 2 de Bavière était homosexuel et en a souffert toute sa vie, il en est devenu
fou, à vivre dans une constante culpabilité. Il s’est fiancé à une femme, il ne l’a
jamais aimée. Ses lettres d’amour n’étaient que romance et théâtre, fantaisie. Il n’a
pas eu de descendance et a été écarté du trône puis retrouvé noyé avec son
médecin après qu’on ait voulu l’enfermer et le priver de liberté. Suicide, accident ? Il
voulait s’enfuir avec sa cousine, Sissi, l’impératrice d’Autriche et reine de Hongrie.
Dans la démesure, il voulait seulement rêver, les caisses de l’état s’en sont
retrouvées vidées. Il n’était pas fait pour régner et on lui a violemment fait
comprendre.
Socrate, pour faire bonne figure s’est marié et a eu un fils. En parallèle, il a eu des
amants et sa femme l’a découvert et su dès les premiers jours de leur vie en tant
que couple marié.
Il voulait révolutionner sa société et ses contemporains, il a payé de sa vie ses idées
novatrices. Un mode de pensée différent qui ne faisait pas l’unanimité bien que ses
disciples l’écoutaient et que certains le soutenaient, son génie était reconnu.
La peur du changement.
La monarchie de droit divin, le souverain élu de Dieu, il ne fallait pas le
contredire ! Il fallait flatter le roi soleil et aller dans son sens. On pouvait lui
soumettre des projets, des idées et il a fait beaucoup pour son époque, on lui doit de
nombreuses avancées et progrès mais remettre en cause, remettre en doute sa
légitimité ? Jamais !
La république a fait du bruit ! Au lieu d’être héritier de ses aïeux, au lieu d’être roi,
c’était un président qui allait désormais être élu par suffrage universel. Les gens
allaient désormais voter pour élire un individu qui allait les représenter et gouverner
le pays selon des lois votées par tous. Enfin, le peuple avait le droit d’exprimer son
opinion dans la vie publique et pouvoir espérer changer son quotidien et son destin.
Une sacré révolution ! Révolution qu’ils ont d’ailleurs mené le 14 juillet 1789 puis
déclaré les droits de l’homme et du citoyen. Combien de siècles de combats d’idées
pour en arriver à ce résultat ?
Combien de grands penseurs jetés temporairement en prison ou exilés pour leurs
idées ? Combien ont dû quitter le pays pour publier leurs ouvrages et les faire
connaître sans risquer d’être puni pour cela ? L’ouverture d’esprit n’était pas la même
partout !
Se lancer dans l’inconnu n’est pas chose aisée !
Pourtant quand une situation semble dans une impasse, il faut essayer de la
résoudre autrement, expérimenter la nouveauté.
Sortir de la routine a également du bon ! Sortir des automatismes et se réinventer.
Il est malade, c’est un pestiféré. Il refuse, il est fou. Il est gros, il est obèse,
boulimique. Il est mince, il est anorexique. Il est seul, il n’a pas d’amis. Il vit
modestement, il n’a pas d’argent. Il vit opulemment, il a de l’argent. Il sourit, il est
heureux. Il pleure, il a la vie dure. Il travaille beaucoup, il ne s’amuse jamais. Il n’a
pas d’enfants, il n’en aura jamais. Il s’amuse, il ne travaille pas. Il est occupé, il n’a
pas le temps.
Dans la vie, on fait souvent des raccourcis.
Les gens jugent souvent trop vite et que le regard des autres est difficile à affronter !
S’empêcher de vivre par crainte d’être moqué, d’être insulté, d’être critiqué.
S’interdire d’agir librement, se fermer des portes parce que des gens malsains font
pression. Hélas, ils n’ont pas honte de leur comportement !
La race arienne selon Hitler. Les veines bleues, couleur de la royauté, le sang bleu, le
sang noble. La peau hâlée par le soleil, les paysans, les pauvres. Les blancs, race
supérieure aux noirs venus d’Afrique, continent sous-développé bon à être colonisé
et dominé, leur apporter la religion et les éduquer bien qu’ils ont leur propre culture
et traditions, ils possèdent des connaissances et des savoir-faire. Des tribus ont ainsi
été exterminées, éliminées, interdites d’exister comme telles.
Réduites à l’esclavage, ces populations ont longtemps été méprisées de tous.
Finalement, au 19e siècle, Chocolat, un homme de couleur, a fait fureur dans le
monde du spectacle en France.
Un traumatisme peut se transmettre de génération en génération et conditionner
tout un peuple. On n’oublie pas les souvenirs marquants.
La vitesse de communication de l’information
En l’absence des technologies actuelles, la communication était limitée. Le courrier
était d’usage, les lettres étaient acheminées grâce à un service de poste assez
ingénieux. Un système de relais et des chevaux changés pour d’autres, c’était plutôt
efficace pour l’époque. Les nouvelles circulaient moins vite. Le peuple n’était pas au
courant de tout, tout de suite. Il fallait du temps.
L’autre moyen de communication était évidemment de venir en personne et
d’adresser son message au destinataire de vive voix.
Aujourd’hui, nous avons le choix, courrier acheminé par voie terrestre, fluviale,
maritime ou aérienne, les emails par ordinateur et applications, le téléphone fixe et le
téléphone portable. Bien sûr, toujours la solution de s’entretenir avec la personne
concernée directement.
Les dangers de la technologie et du numérique
Derrière un écran, l’information peut être transmise de manière anonyme, des
éléments peuvent être volés via le piratage et l’arnaque, des pièges peuvent être
tendus sans être vu. Il devient possible de causer du tort à autrui à distance sans
dévoiler son identité. Le nombre de victimes touchées s’accroit considérablement.
De cette façon-là aussi, le harcèlement est possible et tout aussi cruel. La victime
dispose d’encore moins de moyens pour se défendre puisqu’elle peut difficilement
connaître l’identité de son agresseur et ne peut donc le dénoncer.
Elle n’est pas la seule en position de faiblesse. Pourquoi agir à distance ? Par
lâcheté ? Pourquoi choisir la facilité pour s’en prendre à quelqu’un ? Pourquoi faire du
mal ? Quel intérêt ?
Par ennui ? Pour s’occuper ?
S’entraîner à soi-même se défendre si on subit le même sort ? Par vengeance ? Par
jalousie ?
Derrière un écran, les contacts physiques se font plus rares. Rencontrer les gens sur
le net loin de la réalité. Peut-être même que ces gens-là ont oublié la réalité ?
Peut-être qu’ils sont sous l’influence d’un individu qui font pression sur eux et qui les
menace ? S’en prendre à quelqu’un pour éviter que quelqu’un s’en prenne à nous.
Un phénomène de groupe
Tout le monde le fait alors on le fait aussi. Comme c’est stupide ! C’est pourtant
une règle appliquée par beaucoup d’entre nous.
Là encore la peur de se différencier.
Se sentir plus fort à plusieurs et plus faible tout seul, livré à soi-même.
La peur d’affronter la vie sans personne, vivre de ses propres dépens. Quelle
tristesse ! Mais, ne dit-on pas qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné ?
La solitude pèse, le vide, le silence, le néant. On décide alors de faire comme tout le
monde afin d’appartenir à un groupe et de se sentir entouré.
On dit aussi que le meilleur moyen de se différencier est la simplicité.
Tout le monde pense cela sauf toi, c’est quoi ton problème ? Penser différemment
semble être une erreur pour certain et une révélation pour d’autres qui se rangent
soudain à son avis.
Il faut faire comme tout le monde, une norme mais pourquoi ne pas s’affranchir des
règles et suivre son instinct, écouter son cœur ?
Pourquoi ne pas faire fi de l’opinion des autres ? S’en libérer ! A trop vouloir écouter
tout le monde, on ne fait jamais rien. A contrario, parfois quand on n’écoute pas, on
finit par découvrir que les autres avaient raison et voyaient juste.
On dit aussi que la seule limite est soi-même.
Pourquoi ne pas vivre, tout simplement ? On n’a qu’une vie, autant ne pas la gâcher !
L’éducation, une directive
A trop vouloir ranger tous dans des cases, des catégories, à suivre des règles, des
exigences… Que fait-on de sa vie ?
Dès l’enfance conditionné à faire comme ceci comme cela, à ne pas dériver de la
ligne de conduite.
Pourquoi ne pas être soi-même ? Fidèle à sa personnalité et à ses convictions sans se
préoccuper de ce que pensent les autres. Le courage d’être soi.
L’éducation nous pousse à bien nous tenir, à garder tous nos ressentiments pour
nous, à faire comme si de rien n’était, à tout cacher pour éviter de mettre mal à l’aise
ou de blesser l’autre, à dire des formules de politesse même quand le cœur nous en
dit pas. Etre correct, respectueux même envers ceux qui ne le méritent pas
forcément. Quoiqu’il arrive, se vêtir correctement, se tenir droit la tête haute et
affronter l’autre.
Alors qu’au fond, on voudrait s’éloigner, se mettre à l’écart mais par faute de choix,
on y fait face. Passer devant quelqu’un sans rien dire est impoli. Mal se vêtir devant
quelqu’un est malpoli. Il faut toujours faire un effort même lorsqu’on n’en a pas
envie. S’efforcer d’être correct envers tous, n’importe qui.
Certains s’en affranchissent et disent ce qu’ils veulent, se vêtissent comme ils veulent
et se comporte comme bon leur semble. Ils ne se préoccupent pas de ce que les
autres pensent et ressentent. Courageux, ils agissent. Il faut soit manquer de
sentiments soit en avoir ras-le-bol. Toujours faire plaisir à tout le monde et se
sacrifier, s’oublier.
Certains peuvent aller jusqu’à laisser éclater leur colère puis claquer la porte en
sortant. Les autres leur reprocheront leur attitude. L’incompréhension et l’indignation.
Que diraient-ils s’ils connaissaient leurs motifs ?
On a tous nos raisons d’agir.
Il y a l’art et la manière de s’exprimer. On ne peut pas tout se permettre, il y a
des limites. A force de trop penser aux autres, on se retrouve blessé et personne ne
prend notre défense, c’est injuste. La gentillesse et la bienveillance se retournent
parfois contre nous. Les autres n’ont pas les mêmes qualités que nous, on est tous
différent.
***
L’éducation change, le mode de vie aussi, les mœurs évoluent. Les personnalités
nocives et les relations toxiques toujours nombreuses. L’injustice toujours présente.
La drogue rend violent, l’alcool n’est pas toujours bien toléré par tous, certains
peuvent commettre des actes qu’ils regrettent s’ils en abusent.
Les trafics se multiplient. Les règlements de compte éclatent un peu partout sur les
différents territoires du monde.
La bêtise humaine est déplorable. La peur du changement engendre des
manifestations très fréquentes. Personne n’est d’accord, tous contestent.
L’utilisation des écrans aggrave la situation. Ce qu’on appelle geek, des personnes
asociales accrocs aux technologies et au numérique. Ils ne vivent plus dans notre
monde mais dans une réalité augmentée.
L’intelligence artificielle remplacera probablement notre société humaine un jour. En
tout cas, on en prend le chemin. Tout du moins, les robots, les humanoïdes
côtoieront les humains. Voilà les dangers possibles du futur.
Toutefois, certaines avancées rendent service et résoudent des problèmes,
améliorent des performances et des résultats. Les progrès sont démontrés.
Revenir aux valeurs anciennes, redevenir plus humain. Revenir au naturel. Protéger
la nature, la biodiversité. Préserver le climat et les saisons. Ne pas oublier que les
animaux, les insectes, les poissons, sont au même titre que nous citoyens de notre
planète. Les respecter, apprendre à les connaître et les comprendre. Réparer nos
erreurs, se rattraper.
Nous avons toutes les cartes en main pour agir et changer le cours des choses.
Ecouter et suivre notre cœur et notre instinct. Avoir des sentiments et des émotions.
La sensibilité, la générosité, la bienveillance, la gentillesse et le respect, des valeurs
oubliées de beaucoup. L’entraide, la compassion, la compréhension, la tolérance. Se
tourner vers autrui.
Faire preuve de calme et être tranquille. Lâcher prise. Eviter de se fâcher trop vite.
Réfléchir. Ayons des qualités humaines aussi humains que nous sommes.