Vincent Kaiser : Bonjour M. Janaillac, vous avez été le PDG du Groupe Air France KLM, pouvez-vous nous dire comment cela a débuté ?
Jean-Marc Janaillac : Cela a commencé avec un chasseur de tête qui m’avait repéré en vue du poste de PDG chez Air France KLM, le précédent PDG avait décidé de démissionner pour être PDG d’IATA (transport aérien international). Au début, j’avais hésité pour la prise de ce poste, mais au final, je l’ai accepté, car je me disais que ce serait intéressant et enrichissant. Il faut savoir qu’avant mon arrivée, la situation économique était complexe, les objectifs financiers n’étaient pas atteints. La situation sociale était également complexe, due à certains conflits sociaux au sein de l’entreprise, tels que des manifestations. Je fus nommé PDG en mai, je fis mon arrivée en juillet. Au début, je me suis chargé de rencontrer les salariés manifestants afin de leur parler, dans le but de lever les grèves. Par la suite, j’ai visité les installations, rencontré les différentes équipes, j’ai commencé à travailler avec les consultants et le reste de l’équipe pour mettre en place différents plans stratégiques.
Vincent Kaiser : Air France KLM est une entreprise multinationale, étant donné que vous avez été son PDG, pouvez-vous nous dire quelles sont les qualités d’un bon dirigeant ?
Jean-Marc Janaillac : Un bon dirigeant doit savoir anticiper, avoir une vision à la fois sur le moyen et le long terme afin de prendre les décisions les plus justes. Bien sûr on ne peut pas tout anticiper, mais il faut faire en sorte d’essayer. Je dirai également que l’exigence et la bienveillance sont capitales. Un bon dirigeant doit savoir faire preuve d’exigence car les résultats sont importants, il faut savoir générer du profit et accomplir ses objectifs, c’est primordial. Mais il faut également faire preuve de bienveillance quotidienne, échanger un maximum avec ses salariés, faire en sorte de les comprendre, de savoir cerner leurs objectifs. Tout cela, dans l’objectif de créer un état d’esprit de communauté, de solidarité, d’entraide et de performance.
Vincent Kaiser : Pouvez-vous nous parler de votre carrière à la compagnie « Transdev » ?
Jean-Marc Janaillac : Ma carrière en tant que PDG chez Transdev était intéressante et enrichissante mentalement parlant, cependant l’ambiance était mauvaise, le comité de direction complexe, mais le challenge le plus important était de redonner confiance aux gens. Quand je suis arrivé chez Transdev, au siège comprenant 700 personnes, j’ai pris le temps de dire bonjour à chaque personne, de me présenter et cela a véritablement changé l’atmosphère de travail. La situation de remboursement de subventions des dettes à Bruxelles était complexe et demandait une réelle implication. D’ailleurs, une des raisons qui fait que j’ai été choisi pour ce poste était mon sens du management efficace et ma capacité à résoudre des conflits sociaux, capacités que j’ai d’ailleurs pleinement utilisées.
Vincent Kaiser : Anciennement, vous avez eu une carrière importante au sein de la RATP, en huit ans, vous avez fait passer le chiffre d’affaires de 40 millions à 800 millions, pouvez-vous nous expliquer les éléments qui vous ont permis d’y arriver ?
Jean-Marc Janaillac : C’est en gagnant des contrats, ayant une portée autant nationale qu’internationale, en faisant en sorte de développer davantage la société d’un point de vue commercial et stratégique, mais c’est également la fusion entre Veolia et la Ratp, qui a accéléré les choses.
Vincent Kaiser : Vous avez travaillé pour le groupe Maeva, quel était votre rôle au sein de ce groupe et vos objectifs ?
Jean-Marc Janaillac : Mon rôle était de remettre l’entreprise d’équerre, de la redresser en vue qu’elle atteigne ses objectifs et qu’elle continue de croître.
Vincent Kaiser : Avez-vous regretté d’avoir mis en jeu votre démission chez Air France KLM ?
Jean-Marc Janaillac : Je n’ai pas du tout hésité, j’ai pris ce choix en toute conscience, je n’ai aucun regret.
Vincent Kaiser : Après votre carrière chez Air France KLM, comment occupez-vous votre temps actuellement ?
Jean-Marc Janaillac : Je partage mon temps, de différentes façons, un tiers consacré aux activités professionnelles quotidiennes, un tiers consacré au secteur du bénévolat et un tiers consacré au temps libre afin de profiter de la présence de mes proches et de ma famille.
Vincent Kaiser : Pour nos lecteurs qui sont ambitieux et qui souhaitent se diriger vers un parcours similaire, quels conseils leur donneriez-vous ?
Jean-Marc Janaillac : Il ne faut pas avoir de plan de carrière, il faut être à l’écoute des opportunités. Il faut avoir des objectifs et faire en sorte de les atteindre, il n’y a pas toujours besoin d’avoir un business plan, mais plus d’un processus d’action à effectuer pour arriver à l’atteinte d’un résultat. Le principe de l’effectuation est intéressant, cela permet d’avancer non pas en espérant un ROI proportionnel au risque encouru, mais en décidant d’une perte qui est acceptable, de quelque chose que l’on accepte de perdre pour faire le prochain pas et avancer. Ce principe s’active si l’on peut avoir confiance en sa mise et en sa capacité à rebondir en cas de perte.