La crise qui arrive sera celle de l’étatisme

Il y a un siècle, les années folles, qui furent des années de dérégulation, de liberté, surtout aux Etats-Unis, ont conduit à une spirale spéculative sans précédent qui a mené à la crise de 1929, menant elle-même le monde à une paupérisation qui n’est pas étrangère à la deuxième guerre mondiale.

Depuis, les crises majeures se sont succédé, à des intervalles plus ou moins irréguliers. La dernière crise majeure en date étant celle des subprimes en 2008.

Aujourd’hui, tous les économistes s’accordent à dire que la prochaine crise est imminente. L’inflation galope, la croissance faiblit et devient même nulle. Nous sommes aujourd’hui en stagflation. La récession (baisse du PIB) est toute proche, et là on pourra clairement parler de crise.

Mais cette crise qui s’annonce ne sera pas la conséquence de libertés économiques trop importantes, d’une spéculation éffrénée. Non. Elle sera tout simplement la conséquence d’une main mise sans précédent depuis plus de deux siècle de l’État sur l’économie (pour ce qui concerne la France), des états sur les économies pour ce qui concerne l’Europe, et, dans une moindre mesure, les Etats-Unis.

Rembobinons un peu le film que nous vivons depuis l’avènement des « années 20 » (qui sont décidément l’inverse des années 20 du siècle précédent).

Il y a un peu plus de deux ans, une pandémie mondiale, dite COVID, s’est déclarée. Moins létale, à en croire toutes les statistiques que la grippe espagnole. Cette pandémie a pourtant déclenché, un peu partout dans le monde, sous l’impulsion de la Chine (d’où est partie la pandémie), des mesures autoritaires de fermeture des commerces, de restriction des mouvements de population. « Restez chez vous », nous disait-on bien autoritairement. Les états membres de l’Union Européenne se sont plus ou moins concertés sur ces mesures, et sur les aides à apporter aux entreprises. En France, le « quoi qu’il en coute » a couté très cher. La dette de notre pays, qui ne faisait que galoper depuis des années, mais ne dépassait pas le plafond de verre des 100% du PIB, a explosé. La voilà aujourd’hui à 115% du PIB environ. Un bond en avant comme jamais cela n’était arrivé. Il y eut donc une récession en 2020, qui, loin d’être naturelle, fut provoquée par les mesures autoritaires. Le PIB français chuta de 8% environ. Naturellement, en 2021, il rebondit de 7%, ce qui ne gomma pas totalement la perte subie en 2020. Il faut dire que cette année-là, les mesures restrictives se sont poursuivies. Aux Etats-Unis, où l’État intervint beaucoup moins qu’en France, la récession de 2020 ne fut que de 3.4% et le rebond de 2021 fut de 5.7%. Autrement dit, fin 2021, le PIB américain dépassait celui de la fin 2019 alors qu’en France il restait encore en-dessous. Le modèle libéral tant décrié a donc mieux fonctionné que ce modèle étatiste, ultra-autoritaire, mimant davantage celui de la Chine, un pays dont les moeurs et les habitudes sont pourtant très différents de chez nous.

Suite à toute cette monnaie qui a été créée par la Banque Centrale Européenne pour « aider » les entreprises que les états ont eux-mêmes mis en difficulté, l’inflation, qui n’existait quasiment plus depuis une trentaine d’années, ne pouvait plus être évitée. Elle commençait à galoper. Et là, l’Europe a décidé de mener une « guerre économique » (ce sont les propos du ministre français de l’économie) à la Russie, en raison de l’invasion de l’Ukraine. Les conséquences se font sentir : affaiblissement de la fourniture de gaz russe, hausse des prix du pétrole et des matières premières ainsi que des denrées alimentaires. L’inflation s’accélère alors, tandis que les entreprises sont invitées autoritairement à ne plus commercer avec la Russie. Du coup, l’état s’engouffre dans des mesures de plus en plus autoritaires, après avoir ouvert une sorte de boite de Pandore avec le COVID. Les conséquences se ressentent à la pompe, au supermarché, et de nouvelles mesures autoritaires sont décrétées comme une hausse brutale du SMIC afin que la population la plus modeste ne pâtisse pas trop d’une inflation qui s’accroit de mois en mois. Mais le mal est fait, et la paupérisation est en route. D’autant plus que les taux d’intérêt flambent, ce qui est logique avec l’inflation.

La récession est donc désormais inévitable, et cette fois il n’y aura pas de rebond fort et contrôlé comme en 2021. On parle aujourd’hui de restrictions de gaz et d’électricité pour le prochain hiver. En effet, selon « Les Echos » de ce premier juillet 2022, la loi «pouvoir d’achat», qui doit être présentée en Conseil des ministres dans les prochains jours, aura un volet intitulé «Souveraineté énergétique» qui offre potentiellement «des pouvoirs sans précédent à l’Etat» pour parer à une crise énergétique qui pourrait avoir lieu cet hiver. Ainsi, il y serait écrit que «Le ministre chargé de l’Energie peut décider temporairement de restreindre ou suspendre le fonctionnement de certaines installations de production d’électricité utilisant du gaz naturel» afin d’économiser cette énergie. Quant aux centrales électriques, l’Etat pourrait aussi «les réquisitionner afin qu’elles fonctionnent selon ses instructions». EDF, Engie et TotalEnergies, qui exploitent des centrales à gaz en France, seraient alors indemnisés. Le gouvernement pourrait par ailleurs forcer le remplissage des stockages souterrains français de gaz mais aussi fixer «une trajectoire de remplissage minimal».
L’État ne fait qu’accroitre ses pouvoirs sur l’économie et sur la population, comme je l’avais malheureusement prédit dans mon essai « Face au monde d’après » paru en juin 2020. Le monde d’après est bien celui de l’économie administrée. Hélas.

Jean-David Haddad