Sur le papier, par Carlo Sibille Lumia depuis le Mexique.

Sur le papier, par Carlo Sibille Lumia

Tests PCR négatif datant de moins de 72 heures, attestation sur l’honneur de n’avoir pas été en contact avec une personne positive au Covid-19 et de ne présenter aucun symptôme, attestation de l’employeur tamponnée et motif impérieux professionnel ne pouvant être différé… Sortir de l’Union européenne pour se rendre à l’autre bout du monde semble relever du véritable exploit…sur le papier.
Mais qu’en est-il dans la réalité des faits ? C’est ce que je vais vous raconter, confortablement installé sur un transat ombragé de l’auberge de jeunesse de Tulum (dans la région du Yucatan au Mexique) où je séjourne durant deux semaines. Il est 10:50 du matin (7 heures de moins qu’en France) lorsque je vous écris ces quelques lignes… Je rentre d’une visite des ruines mayas de Tulum, donnant sur la mer turquoise des Caraïbes. La température est harassante. 32 degrés, avec un taux d’humidité de l’ordre de 65 %. Ventilos et bombonnes d’eau sont de rigueur dans la chambre et mon organisme, si l’on en croit l’allure à laquelle je crapahutais au milieu des temples, semble avoir du mal à se faire au changement climatique avec Paris.

Paris, c’est justement de là que je suis parti, muni d’un sac à dos, ainsi que d’une petite valise contenant mes affaires pro, et d’un épais dossier constitué par les différentes attestations et justificatifs… Arrivé à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle, je pensais devoir montrer patte blanche. Pourtant, ni le service de sécurité d’Air France, ni la police aux frontières ne m’a posé la moindre question sur mon périple. Mieux, je n’ai même pas eu à ouvrir mon dossier et montrer le moindre papier. Un simple passeport et une carte d’embarcation ont suffi. Un contraste avec les nombreux articles de grands médias nationaux décrivant de nombreux « refoulages » dans les aéroports. Un parfum de fin de crise sanitaire flottait dans l’air de l’aéroport, où allaient et venaient voyageurs, hommes d’affaires, familles, couples en tous genres.  Comme avant.

D’aucuns diront : « Tu as eu de la chance et tu es tombé sur le bon type au bon moment… » Pourtant, quatre personnes sont parties en même temps que moi ce jour-là, et ont passé la sécurité à différents horaires, sans encombre. Le constat fut le même du côté des collaborateurs qui ont fait le déplacement il y a quelques semaines de cela…

Voyager hors UE semble donc de nouveau possible, sans devoir justifier d’un quelconque motif impérieux… Le gouvernement joue peut-être la carte d’une politique de la peur pour limiter les flux, bien aidés par les articles de certains médias nationaux lors des «  opération contrôle coup de poing » de début d’année…