La collection Magnitudes, par Yoann Laurent-Rouault.

La collection Magnitudes,

c’est d’abord une ambition. Une ambition éditoriale et littéraire. Quand, fin 2019, lors d’une énième rencontre en bretagne, nous en avons tracé les grandes lignes avec Jean David Haddad, assis à la table de notre pub favori dans la bonne ville de Saint-Nazaire, nous étions loin d’imaginer qu’elle prendrait autant de place dans la maison. Qu’elle serait source d’autant d’engouement des auteurs comme des lecteurs, ni qu’elle nous demanderait autant d’heures de travail…
Le cahier des charges était annuaire et nous avions prévu d’y passer l’après-midi : créer une collection de qualité, avant-gardiste, à la charte graphique impeccable, avec une mise en page faisant référence à ce qui se fait de mieux dans le domaine de l’édition et surtout, que cette collection puisse accueillir aussi bien de nouveaux auteurs que des auteurs confirmés. Sur un pied d’égalité. Avec la même promotion et avec les mêmes armes.
Enfin, qu’elle soit la mère de trois autres collections : une pamphlétaire, une autre dite « extraterrestre » et enfin, une collection plus généraliste, moins sélective sur les thèmes et l’ambiance.
Elles naitront rapidement, en moins de 9 mois, respectivement sous les noms de Uppercut, Drôles de pages et Nouvelles pages.
Et la famille s’agrandira, viendront ensuite Les Angéliques en new romance, Les collectifs Jdh, Les Intimistes JDH, Toques et plumes, F.files, Black Files, My feelgood, Hippocrate et cie(s), une collection sur l’éducation…

Mais revenons à nos moutons noirs. Au fil des pintes, les idées fusaient. Les dessous de verres étaient tous griffonnés. En quelques minutes, nous étions d’accord sur les grandes lignes. Restait à trouver un nom et un concept original à cette collection. Mais rien de ce que nous dénichions dans les méandres de nos cerveaux en surchauffe, pourtant refroidis par une excellente bière brune, ne convenait à l’ambition que nous avions pour cette princesse de papier.
Car princesse elle était.
La chose était entendue.
Alors, las, chacun de nous est reparti dans le tourbillon de la vie, son annuaire sous le bras, en espérant que demain, oui demain, viendrait l’idée…
Quelques jours se sont écoulés. Au téléphone, après moultes propositions, de l’un est de l’autre, en vocal, par mail, par plis, par pneumatiques, par Messenger, par estafettes, par pigeons, par coursiers assermentés, par facteurs diplômés, le mot « Magnitude » est tombé dans la bête conversation de l’instant.
Alors, le temps a suspendu son vol, mon chien a hurlé à la mort, inquiet du silence autour de nous, toute activité humaine a cessé jusqu’à l’Elysée, car, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, le nom était tombé : Magnitudes !
De 4 à 9.5 par exemple.
Séismes, tremblements de chaires, stupeurs, fissures, raz de marées, et j’en passe. Tout était là, tout était dit.
Le logo était tout trouvé.
La forme de la mise en page avait déjà été décidée.
Ne restait plus qu’à trouver l’essentiel : auteurs et manuscrits.
Les auteurs, ce fut chose aisée. A peine l’idée exposée, tous notre petit monde voulait participer. Mais les manuscrits, AVEC UN GRAND M, ce fut une autre paire de manches.
Et pas de bras, pas de chocolats…
Alors ?
Alors, facebook.
Alors communauté.
Recrutement massif avec cession de 10 jours ouvrables.
Appel à la population.
Battage, tapage, harcèlement et j’en passe.
Angoisse.
Marchera, marchera pas ?
Puis, les manuscrits tombèrent, dans les boites : le premier, puis 3, puis 34, puis 48, puis 112 et ça ne s’arrêtera pas jusqu’alors.
Tous les jours que Gallimard fait, tombent les manuscrits dans nos escarcelles.
Entre décembre 2019 et février 2020, en prévision du salon du livre parisien qui n’aura pas lieu, (merci à Garovirus et à son gouvernement remarquable d’incompétences réunies), 9 titres sont sortis, dont l’adaptation en français d’un prix international de littérature. Et personne, je crois, n’imagine la masse de travail insensée et le pari de fou que représente ceci. Le directeur littéraire que je suis à une chance incroyable de pouvoir travailler dans une maison qui tourne en 7/7…
Et Anne n’y est pour rien.
Là, remercions plutôt notre précieuse Cynthia.
Depuis, 4 autres titres sont sortis OU sortent ce mois-ci, (dont une trilogie programmée sur 2020 et 2021), et 3 autres sortiront sur les mois de septembre, octobre et novembre. Retrouvez donc ces titres sur le site Jdh. Je ne vais pas tout faire à votre place. La centième bonne réponse gagne un titre gratuit de la collection. Un livre dédicacé. Si !
Et depuis, toutes auteures et tous auteurs débarquant au petit matin frais dans le jardin de la maison, demandent Magnitudes…
Allo ? Oui, mon manuscrit est pour Magnitudes… Vous voyez ?
Non, je ne vois pas bien.
Les auteures et auteurs Magnitudes sont des plumes remarquables, au service d’histoires fortes. Alors, oui, c’est rare. Et non vous n’aurez pas forcement accès à cette collection. Maufinet, Gallau, Frottin, Cerqueira, Saint-Servan, Magnin, Pratt, Delarue, Vignolo, Michel, Degré, Cavagni, Antunes, sont élus parmi plusieurs centaines de demandes. Et donc de refus.
Renommée, renommée, qui es-tu renommée ?
Et on s’en moque.
Magnitudes, c’est d’abord une histoire d’amour !

Yoann Laurent-Rouault