Jojo Rabbit

Jojo Rabbit.

Film de  et avec Taika Waititi, comédie dramatique. Sortie en janvier 2020. Avec Roman Griffin Davis, Scarlett Johansson, Sam Rockwell, et Thomasin McKensie.

Jojo est un petit allemand solitaire. Gamin des jeunesses hitlérienne, emboucané, embrigadé et bercé des illusions propagandistes du troisième Reich. Il voudrait être ce « super soldat allemand » impitoyable et fort, mais il n’est pas un guerrier dans l’âme. Plutôt tendre et généreux, il refusera de tuer un lapin dans une des épreuves débiles de ses moniteurs de colonie de guerres.  Pris d’un excès de zèle, sur le lancer de grenade, il se blessera grièvement. Sorti de sa convalescence, il va réintégrer les services du Reich tant comme facteur que comme grouillot.

Sa vision du monde est mise à l’épreuve quand il découvre que sa mère cache une jeune fille juive dans leur grenier. Avec la seule aide de son ami aussi grotesque qu’imaginaire, Adolf Hitler, Jojo va devoir faire face à son nationalisme aveugle. Et à sa mère, campée par la redoutable et plus que jolie Scarlett Johansson. Résistante, libertaire et épicurienne, qui doit, envers et contre tout, cacher nombre de vérités à son fils, car le petit bonhomme est totalement « nazifié ». Jojo, tombera amoureux de la jeune fille du grenier. Et, dans la débâcle de 1945, il rejoindra le bon camp, si dans une guerre, on peut imaginer qu’il y a simplement d’un côté les bons et de l’autre les gentils.

Dés les premières images, avec les Beatles en bande son sur les foules nazifiées  de 1940 levant le bras bien haut qui acclament Hitler comme une super star, on comprend que le décalage  de ce film va être grandiose. Et ça ne loupe pas. Entre burlesque, comédie,  drame et avec une galerie de personnages incroyables, à commencer par le prodigieux Taika Waititi, incroyable dans sa parodie d’Adolf Hitler (digne pour moi d’un Chaplin des temps modernes, sans jeux de mots),  un petit garçon évolue à la découverte  de lui-même, de la vie, de l’amour et de la vérité dans un monde chaotique.  Il découvre  une jeune fille juive cachée dans son grenier, tombe amoureux d’elle, en précisant qu’un nazi ne pas tomber amoureux d’une juive, et il sert à cette jeune fille le menu complet des immondices fascistes qu’on lui a enfoncées dans le crâne à coups de botte. Petit à petit, et sans lui faire de cadeau, elle l’amène à réfléchir par lui-même et à comprendre que son héros, Adolf, n’est qu’un fou dangereux criminel.

Taika Waititi ne loupe rien, ne passe sur rien, ne nous épargne rien (il y a une scène strictement horrible avec la belle Rosa et Jojo) et il démonte la machinerie nazie pièce par pièce, aidé par un  Sam Rockwell tout aussi prodigieux dans son rôle de capitaine loufdingue homosexuel. Il y a du Tarantino, du Coppola et du Robert Lamoureux dans la réalisation de ce film. Et vous y trouverez bien d’autres références.

J’aurais aimé le regarder dans un cinéma, avec une section de fasciste et d’antisémite assise dans les fauteuils à côté de moi. J’aurais aimé voir leurs réactions. Et mettre des beignes par paquets de douze en sortant. Ce film, si j’étais juif, serait montré à tous les gamins de la famille. Il est un pansement contre la connerie. Il est aussi un avertissement sur les dérives politiques d’un pays. Et, si on se reporte à notre époque, un avertissement aux « moutonnants bien-pensants de tout poil. »

On n’a pas encore tout fait tout écrit ni tout filmé sur le réservoir incroyable d’absurdités, d’abus, de chaos qu’est cette seconde guerre mondiale, qui conditionne encore nos vies, bien malgré nous.  Scarlett campe une mère qui tente de sauver l’âme de son fils, qui tente de le faire réagir, qui tente de lui apprendre à aimer la vie et surtout, qui essaye par tous les moyens de la convaincre de vivre la vie que devrait vivre un garçon de 10 ans. Ce qui donnera de magnifiques scènes. Mais attention jamais larmoyante.  On pourrait penser que c’est un énième film qui ridiculise le nazisme, mais non, le propos serait plutôt de se servir du ridicule du nazisme pour mettre le bon sens en relief.   Ce film est à voir de toute urgence. Bonne séance.

YLR.