À la rencontre d’un public.
Bonjour,
Voilà, le jour de la dédicace vient d’arriver. Me voici derrière mes romans que je tente de placer le plus harmonieusement possible. Je compte les livres et je tente de définir un plan d’action.
Parfois, les lecteurs et les lectrices se succèdent. J’échange, je capte les attentions. Je me fais connaitre. Les heures passent. Me voici satisfait du nombre d’exemplaires vendus quand la pause du déjeuner arrive.
Alors j’imagine faire mieux, voire aussi bien cet après-midi. L’horloge tourne, aucun passant ne jette un regard à mes écrits. J’engage des conversations, en vain.
Voici le temps de la grande solitude, du désert de la dédicace. Je sens sonner le glas de mes espérances du matin. Trois heures s’écoulent. Personne ne souhaite s’attarder, ne désire marquer une pause. Le doute s’installe. La responsable de l’espace culture m’explique qu’il fait un temps splendide, que les clients vont être rare. Je refuse de chercher des excuses. Pleurer, mendier, gémir est également lâche (Alfred de Vigny m’inspire un peu).
Alors je feuillette quelques livres situés en bonne place pour attirer le passant. Je l’avoue, lire me rassure car beaucoup de romans bien visibles ne me paraissent pas mériter leur place. Parfois, pourtant je m’émerveille.
Reprenant ma place, je me motive, désireux de briser l’instant qui tend à s’éterniser. Je propose sans élever la voix, je persiste en décrivant les grandes lignes de mon écrit. Peu à peu, la magie opère et les échanges se multiplient. Mon but premier n’est pas de vendre envers et contre tout. Je cherche l’échange et les achats naissent dans un sourire.
Un de mes anciens acheteurs m’avoue ne pas m’avoir encore lu. Un autre me félicite car il a découvert « Le Chant des Brisants » à la médiathèque de la ville. Une femme arrive pour me faire dédicacer mes trois derniers livres achetés dans une librairie.
« Le Chant des Brisants », « l’Ombre de Marrakech » et « Otage au Mali ». Evidemment j’accepte.
