Affaire OM / Valenciennes

En juin 1993, alors que Bernard Tapie s’apprête à remporter avec son club de football, l’Olympique de Marseille, la prestigieuse Ligue des Champions, démarre l’affaire VA-OM. Le 22 mai, le club nordiste de l’US Valenciennes-Anzin, qui venait de recevoir l’Olympique de Marseille en championnat six jours avant la finale de Ligue des Champions OM-Milan AC, révèle l’existence d’une tentative de corruption. En juin, la Ligue nationale de football (LNF), porte plainte contre X, et le procureur de la République de Valenciennes ouvre une information judiciaire. Jean-Pierre Bernès, le directeur général de l’OM, et quatre autres personnes sont mises en examen après des aveux de ses collaborateurs et la découverte de 250 000 francs enterrés dans un jardin. C’est le directeur général de l’OM, qui sera désigné par les autres comme instigateur de la tentative de corruption.

Celui-ci nie d’abord les faits, et est placé en prison plusieurs semaines à titre préventif. Puis il déclare qu’il est bien à l’origine de la tentative de corruption, mais qu’il a agi sur ordre de Bernard Tapie, qui est mis en examen à son tour, d’abord au titre de la corruption, puis au titre de tentative de subornation de témoin, l’entraîneur de Valenciennes affirmant que Bernard Tapie l’a rencontré à son bureau et lui a demandé de déclarer une version le disculpant. Comme toujours avec Bernard Tapie, cette affaire divise profondément l’opinion publique. Les uns y voient la révélation de l’amoralité de Bernard Tapie et les autres voient dans les proportions prises par cette affaire, une chasse à l’homme avant tout politique et médiatique. Ah, les années Mitterrand, quelle régalade ! On ne savait plus où donner de la tête comme disait *Rocheteau.

En parallèle, l’affaire conduit le club à la faillite. Les instances françaises du football français conseillent à l’UEFA de ne pas valider la participation de l’OM aux coupes internationales. Ce qui entraîne une perte de près de 100 millions de francs dans son budget prévisionnel. Les salaires des joueurs ne pouvant pas légalement être baissés en proportion, Bernard Tapie décide de vendre les contrats de certains joueurs. C’est ainsi que la vente de trois joueurs en cours de saison (Alen Bokšić, Marcel Desailly et Paulo Futre) parvient à combler le déficit créé par la privation de compétitions internationales.

Par ailleurs, Tapie obtient d’un tribunal suisse (la Suisse étant le siège de l’UEFA) l’annulation de la sanction prise par l’UEFA de priver le club de Ligue des champions. Mais l’UEFA menace de suspendre toutes les équipes françaises de football, y compris l’Équipe de France, si l’OM ne retire pas son recours juridique. Ne souhaitant pas causer des sanctions sur tout le football français, et bien qu’ayant obtenu gain de cause devant la justice suisse, Bernard Tapie choisit de retirer son recours. Mais la Ligue nationale de football n’en aura pas moins de sévérité envers l’Olympique de Marseille : en sanction de l’affaire VA-OM, elle rétrograde le club en Ligue 2, et cela fait mal au portefeuille du club, car les recettes liées à la télévision sont le revenu essentiel des clubs, et celles de Ligue 2 était dix fois inférieures à celles de Ligue 1.

À la suite de cette affaire, Bernard Tapie déclarera en fin de parcours, après moult péripéties qu’il serait trop long d’évoquer ici : « Tant que je resterai président de l’OM, toutes les décisions relatives au club seront défavorables. Je dois donc partir ».

Interrogé par L’équipe en 2009 sur le fait que Bernard Tapie soit le seul des inculpés de l’affaire OM/Valenciennes à avoir purgé une peine de prison, le procureur alors en charge de l’affaire, Éric de Montgolfier déclarera :

« S’il ne s’était pas s’agit de Bernard Tapie, il ne serait pas allé en prison pour cette affaire. Les faits ne le méritaient pas. Il a payé pour d’autres raisons ».

Bernard Tapie va purger sa peine de prison, pendant près de six mois (sur huit fermes), les dernières semaines étant effectuées sous le régime de la semi-liberté. Il est d’abord placé à la prison de la Santé, où son entrée en prison, au sein d’un fourgon blindé, est diffusée en direct au journal télévisé. Il purgera le reste de sa détention à Luynes puis la semi-liberté aux Baumettes à Marseille.

YLR