Bernard.

 

Bernard Tapie fut dirigeant d’un groupe d’entreprises variées (et à géométries variables), et il fut très connu notamment comme propriétaire d’Adidas et de l’Olympique de Marseille, comme gérant du Groupe Bernard Tapie et comme propriétaire du Groupe La Provence, qui édite le journal du même nom, ainsi que de Corse-Matin. Bref, c’était un type ambitieux et aux idées larges comme aux compétences multiples.

Dans les années 1990, engagé en politique en tant que radical de gauche, il sera deux fois ministre de la Ville au sein du gouvernement Bérégovoy, puis député des Bouches-du-Rhône à deux reprises, puis député européen et enfin conseiller général des Bouches-du-Rhône. Sa carrière politique s’arrêtera en raison de ses ennuis judiciaires, comme c’était souvent le cas avec l’ineffable « Nanard ». Force est de constater qu’il ne sera certainement pas le dernier affairiste ni le dernier politique du reste, à dîner en centrale.

Impliqué dans plusieurs scandales financiers, il sera condamné dans l’affaire VA-OM (qui lui vaut d’être emprisonné pendant près de six mois en 1997 et de faire l’ouverture du JT à plusieurs reprises par la même occasion, souvenez du titre « une nuit en prison avec Bernard Tapie dans le carré VIP de la Santé (sic)), puis dans l’affaire du Phocéa (un naufrage d’anthologie qui n’a rien à envier au Titanic, mais qui n’est pas loin de celui du Lusitania) et dans l’affaire Testut (ou la balance de la justice se substitua au produit). Dans les années 2010, à la suite d’un arbitrage condamnant l’État à lui payer 403 millions d’euros d’indemnités dans le cadre de l’affaire du Crédit lyonnais, il sera de nouveau poursuivi, et jusque sur son lit de mort. À titre personnel, j’ai retiré mes économies et cassé mon livret A suite à cette affaire. Voilà pour l’essentiel, en faisant abstraction de ses duels télévisés avec Jean Marie Le Pen, de son passé de chanteur, de son passé de présentateur télé, de ses livres ou de son parcours d’acteur, de la figure historique des guignols de l’info et j’en passe. Tapie faisait partie du paysage médiatique français et au stade vélodrome, à sa mort, une chapelle ardente fut dressée ou plusieurs milliers de personnes vinrent lui donner un dernier adieu.

À l’annonce de sa mort, qui n’était pas une surprise, Bernard Tapie allant jusqu’à médiatiser son cancer, assez généreusement et un avec un message porteur d’espoir, j’ai ressenti un petit coup de blues. Tapie, c’est les années 90/2000, c’est ma prime jeunesse et des souvenirs éditoriaux par paquet de 100. Comme bien d’autres, il était une figure incontournable de cette France aujourd’hui disparue, comme ses présidents et la plus grande partie de ses artistes et sportifs, et puis vous savez ce que c’est : on critique, on critique, mais on s’attache.

YLR