Atchoum et simplet.

Avertissement : les propos tenus dans cet article n’engagent que son auteur. (NDLR)

L’infantilisation, c’est le mal français politique. Un mal qui galope depuis 2017. Et la date n’est pas anodine. Cette date est celle d’un tournant politique, non pas novateur, mais en bis repita, quelques décennies après des faits remontant aux années 40. La trame de fond de ces régimes, c’est l’éducation prémâchée, massive et répétitive,  de la population. Aujourd’hui, et si les termes changent, on reste sur le même concept,  on parle de  « nudge », une théorie marketing qui vise à infléchir les comportements quotidiens de la population par l’incitation et le renseignement collecté. Il est désormais de notoriété public, et pour une fois la presse est unanime, que le gouvernement s’appuie sur des spécialistes en sciences comportementales pour inciter les Français à de « bonnes » décisions. Décisions qui vont bien sûr dans le sens de la politique et des visées à plus ou moins court terme de « l’élu » et de son cortège de suivants. Ce court extrait du Point paru récemment pour vous rafraîchir la page : « Si vous faites partie des 600 000 Français qui ont déjà téléchargé l’application StopCovid, vous l’aurez peut-être remarqué : aucune mention du terme « traçage », qui est pourtant sa fonction première, n’apparaît. La page d’accueil porte une invite : « Protégeons nos proches, protégeons-nous et protégeons les autres. Participez à la lutte contre l’épidémie en limitant les risques de transmission ! » Et si votre doigt hésitait encore, l’engageant « Je veux participer », inscrit en lieu et place du classique « Télécharger », vous aura peut-être convaincu ? Rien d’étonnant : vous avez été « nudgé !

Ce qui est nouveau, c’est que pour la première fois de notre histoire politique contemporaine, un gouvernement ne cache plus ses erreurs, que ce soit en gestion de crise ou en politique extérieure, mais trouve « un loup » à chaque fois. Un loup qui hurle plus fort que le public. Le loup Covid, le loup Poutine, le loup énergie, pour ne citer que ça. Le tout entraînant dissidences et belles engueulades dans la population comme à l’assemblée. La crise, c’est la crise.

Pour le COVID, la fracture française engendrée de la politique macroniste est loin d’être soignée. Un arrière-goût de la soupe  pétainiste servie froide en 2020 et 2021 perdure encore dans les gamelles. La France est loin d’être réconciliée avec elle-même et le fossé générationnel s’est creusé  de plusieurs dizaines de mètres en deux petites années. À en faire pâlir les géologues. Le problème, c’est que loin de vouloir combler le fossé, les instances politiques refusent de louer des pelleteuses pour boucher le trou. Car ce trou béant les arrange. Ô combien. Nous l’avons vu lors des dernières élections présidentielles. Même des résultats de votes douteux sont passés à l’as. Un score. Inédit celui-ci. Du moins, dans la moribonde Ve république.

Nous pourrions disserter longtemps sur l’abrutissement de la population par la masse média sous contrôles politique et sur le Nudge gouvernemental, mais c’est le sujet de l’infantilisation de masse,  et de son grand retour, qui me préoccupe. Il tourne autour de ce simple constat : « Tu as froid ? Ben, mets un pull ! »

Mets ta cagoule. Pète un coup, t’es tout rouge. Orgiaque, dantesque, phénoménale. La réflexion est puissante et la solution proposée imparable. Tout ça pour se mêler d’un conflit qui n’est pas d’ordre européen. Tout ça pour se faire gendarme sur une route qui n’existe pas. Bravo. Fantastique. C’est tellement puissant que je m’en trouverai mal, tant j’aime cette intelligence politique.

Mais il y a environ 20% de la population (principalement parisienne)  qui appuie ce gouvernement et son leader, et je ne voudrais pas me fâcher avec eux. Aussi, j’écris que je suis d’accord avec eux : si j’ai froid, je n’ai qu’à mettre un pull.

 

Yoann Laurent-Rouault, éditorialiste.