Ce n’est qu’un en revoir.

Ce n’est qu’un en revoir.
Un léger blues ce soir, comme dirait Agathe. Avec mon amoureuse, mon fiston et mon toutou, nous sommes allé boire notre dernier verre avant on-sait-pas-quand, à l’Atelier, notre bar-tabac du village. Il est à quelques centaines de mètres de la maison, et c’est souvent l’occasion de faire un tour en poussette. De donner un but récréatif à la ballade. La patronne et sa fille, celles dont on voit le sourire à travers le masque, on fait de l’endroit (l’ancien comme le nouveau), un bar convivial, heureux de vivre et de servir. Pour moi, c’est aussi le lieu où j’écoute beaucoup de messages des auteurs de la maison le matin, où je réfléchis cafés-clope aux articles que je vais écrire, où je réponds aux messages nocturnes de notre éditeur, de mon ami Jean-David. Si vous saviez, partenaires JDH, le nombre de décisions qui ont été prises depuis là ! Pour beaucoup de livres. Et pour nos médias.
J’ai, comme l’équipe éditoriale dans son ensemble, besoin de sortir de mon bureau pour « sortir du métier et faire fonctionner le sentiment et l’instinct» plus que chiffre. Et aussi de m’abstraire des contraintes du métier.
Je sais que la patronne est la première malheureuse de ces directives sanitaires. Que ce n’est pas facile ! Qu’elle est tiraillée entre la réalité d’un commerce et son humanisme ! Qu’elle est de nature, respectueuse des choix de chacun ! Qu’elle est coincée, comme tout le monde. Alors, nous n’irons plus boire le café et la petite bière. Pour ne pas l’emmerder. Pour ne pas nuire à son activité. Parce que, mêmes « équipés sanitaires », nous ne présenterions pas de toute façon cet ausweis que les élyséens nous imposent. Il ne s’agit pas d’être anti-vaccin ou pas, il s’agit de liberté.
J’en profite, pour remercier sincèrement ce gouvernement de s’introduire à ce point dans nos vies et de mettre les habitants du moindre village en difficulté. Mais, si l’histoire nous a appris une chose, c’est que la vie reprend toujours ses droits. Et que notre pays et nos régions n’ont jamais attendu la permission de vivre.
YLR, directeur littéraire et artistique et associé de JDH éditions, rédacteur en chef de la revue littéraire l’Édredon et client fidèle de l’Atelier.