CENDRILLON DE TROTTOIR : les lecteurs en parlent.

CHRONIQUE DE LAETITIA CAVAGNI POUR CENDRILLON DU TROTTOIR SUR LE BLOG « A PLUME D ELLES » depuis overblog

Elle s’appelle Bianca. Elle est jeune, belle. Ses parents l’aiment.

Son amour pour lui sera plus fort que tout le reste.

Il s’appelle Lionel. Le beau gosse du lycée dans sa DS rouge, VIP en discothèque. Whisky et cigares. Il est né pour le luxe.

Lui, il a tout du mauvais garçon mais il l’aime. Enfin, c’est ce qu’il dit. Il la valorise. Il la façonne en femme. L’image qu’il a de la femme parfaite. Celle qu’il contrôle. Celle qu’il maîtrise. À travers elle, il obtiendra un statut. On le complimentera. On l’encensera.

Le travail, c’est elle qui le fait. Elle se contorsionne. Elle se « distorsionne ». Elle se dépendance.

On l’arrache. On l’attache. On la brûle. On la perce. On la pénètre. On la possède.

 

Au fil des pages, Bianca disparaît pour n’être qu’un seul corps. Son sang glacé traverse ce corps amaigri au fur et à mesure du temps qui la blesse. Les hommes passent aussi sur elle, en elle.

Elle est ce personnage de films pornographiques du monde BDSM.

 

Où est alors son libre-arbitre ?

Cachée derrière cette soumission subie, une seule force la gardera en vie : son fils.

De chantages en coups, de gestes tendres en punitions, Bianca Bastiani malgré des tentatives pour en finir avec la vie aura ce courage de ne jamais abandonner. Pour lui. Pour ce petit garçon.

Elle le préservera de la folie de son père. Ce père-là ne fera jamais aucun mal à cet enfant sauf celui de détruire sa maman. Imaginez n’avoir absolument rien qui vous légitime officiellement en tant que mère. Car, il est fort. Il est futé. Il sait comment la garder, sa femme soumise.

 

Et notre héroïne dans le livre et dans sa vie devra aussi affronter le diagnostic de sa maladie. La bipolarité. Il lui refusera même de se soigner.

Allez fume. Fume donc cette herbe magique et ferme-la. Baise et ferme-la.

Sois silencieuse alors que je te fais mal. Je sais que tu aimes ça, ma jolie petite pute.

Au fond, c’est ce que tu es. Tu es ma femme parfaite. Une bonne ménagère. Une bonne mère.

Une femme en porte-jarretelles et en mini-jupe une casserole à la main.

 

Et…

Et, elle travaille. Elle se prostitue à sa demande à lui. Son mec. Son mac. Elle rapporte de l’argent.

Elle devient célèbre dans le milieu du porno BDSM. Les vidéos. Les salons. Les parties privées.

Elle boit. Elle se drogue. Elle oublie. Elle se prostitue derrière l’écran. Elle se prostitue devant l’écran.

 

Mère exceptionnelle, les années passeront sans que jamais son fils ne manque ni de son amour ni de vêtements chauds ni d’une éducation équilibrée.

Au fil des pages, je me questionne. Comment a t-elle réussi ? Putain, de vie qui écorche. Pourtant, Bianca choisira toujours son fils.

 

Je ne dévoilerais pas tous ses sacrifices ni ses douleurs.

Si vous le pensez un livre choquant, vous auriez bien tort.

Si vous le pensez un livre impossible à lire, vous auriez tort aussi.

 

À présent, ouvrons les yeux en grand sur la réalité humaine. La prostitution existe dans de nombreux milieux.

La femme peut être tellement brisée et manipulée que la soumission n’est alors qu’un moyen de protection.

 

 

Je te remercie Bianca d’offrir cette douleur au monde.

Ce livre est beau. Ne vous en déplaise. Il est beau de réalisme cru.

Bianca Bastiani se met à nue. Elle se soumet une dernière fois pour raconter son histoire.

 

 

j’suis la môme kaléidoscope

celle qui faisait son numéro

tous les soirs devant le juke-box

pour les beaux dollars à gogos.

J’avais tous les macs à mes pieds

et tous les clients qui lorgnaient.

J’étais la reine du pavé

et l’oseille ça dégringolait.

Mais l’ombre des plaisirs s’enfuit

toujours plus loin vers l’inconnu.

On m’a relégué dans la nuit

au milieu des vieux tas d’invendus.

 

THIEFAINE « la môme kaléidoscope » 1979

 

retrouvez aussi la play-list de Cendrillon du trottoir dans le livre et la page facebook de Bianca Bastiani.

 

 

Laetitia CAVAGNI

écrivaine et poétesse