Lettre à Lionel
Lionel, j’aurais voulu t’écrire le plus beau des poèmes.
J’aurais voulu te dire le plus merveilleux des « je t’aime ».
Cependant, tu ne m’as donné que haine.
Tu m’as offert la violence et les coups.
Fallait-il que tu sois fou ?
Pourtant je t’ai aimé jusqu’au bout.
Alors, je t’ai écrit « Cendrillon du trottoir ».
Lionel, je t’ai vomi dans le noir.
Je t’ai haï du fond de mon désespoir.
Je fus ta Cendrillon, ton objet, ton jouet.
Lionel, tu m’as prostituée.
Pauvre poupée, tu m’as désarticulée.
De t’avoir trop aimée, je fus coupable
De tant d’actions inavouables.
« Cendrillon du trottoir » n’est pas une fable.
C’est la réalité, notre vérité scandaleuse,
Mon existence entre tes mains scabreuses.
Je fus ta putain, ta salope, ta gagneuse.
J’ai ravalé mes larmes.
Entre tes mains, j’ai vécu trop de drames
Pour avoir succombé à ton charme.
Lionel, je ne te dirai plus « je t’aime ».
Plus jamais je ne t’écrirai de poèmes.
Sache cependant que je n’ai plus de haine.
Bianca Bastiani, auteure de « Cendrillon du trottoir »
Le destin d’une Cendrillon dans l’enfer du sadomasochisme Ce texte de Magnitudes 8, étrange et envoûtant, poétique et réaliste à la fois, ne donne pas dans le voyeurisme, ni dans le reportage, mais témoigne du parcours de l’auteure. Sans filtres. Sans masques. Sans excès. À lire avec respect. Respect et recul.
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