Gamiani ou deux nuits d’excès Alfred de Musset (collection les atemporels JDH éditions)

Gamiani ou deux nuits d’excès

La liberté sexuelle racontée par Alfred de Musset

Voilà plusieurs mois, mon directeur d’édition me propose d’écrire la préface d’un classique de la littérature française.

Je poursuivais l’histoire de Arythmies, ce premier roman qui est de mon fait. Je l’avoue.

Gamiani en était une référence. Porté par la main innocente d’une jeune fille, ce livre acheté sur un coup de tête à un libraire aux mains immenses, fut la porte d’entrée d’un amour entre cette jeune fille et ce libraire.

Je vous laisse alors découvrir ces quelques extraits de ma préface. Gamiani est un classique décalé. Érotique, sensuel dans ses émois et une encre de sueurs mélangées à travers une écriture poétique. Celle d’Alfred De Musset.

« J’avais une amie aux longs cheveux bruns. Elle était réellement magnifique. Une bouche pulpeuse. Des formes généreuses. Un certain mal-être qu’elle nourrissait par ses comportements extrêmes.

Nous avions à peine, ou déjà, 17 ans. Elle avait un esprit libre et des envies qu’elle assumait malgré un environnement parental rigide. À son âge, elle savait ce qu’elle voulait des hommes, mais aussi des femmes. (…)

Je pourrais choisir d’analyser ce livre et me questionner sur la véracité de son auteur. Était-ce vraiment Alfred de Musset qui osa écrire Gamiani et Georges Sand, son amour, son amante, avait-elle écrit la deuxième partie « Deux nuits d’excès » ?

Alfred de Musset, considéré comme l’un des plus grands auteurs de la période romantique, se triturant l’esprit sur la pureté des sentiments, la débauche des corps. Malgré ce statut d’écrivain romantique, il fut aussi un homme vautré dans ses excès, noyé par l’alcool, le sexe et une oisiveté certaine.

Georges Sand révélera les phénomènes autoscopiques dont souffrait Alfred de Musset dans son livre autobiographique « Elle et lui » écrit en 1859. Ces phénomènes hallucinatoires qui donnent la sensation de quitter son corps et de se voir.

Mon amie, si magnifique me disait vivre de tels moments. L’une de ses compagnes, en plus de l’alcool, se nommait Marie-Jeanne. (…)

Mais, cette amie possédait une bibliothèque que je n’aurais jamais pu envisager chez moi. J’y avais lu le marquis de Sade, Pauline Réage, Anaïs Nin et Guillaume Apollinaire.

Mon amie était-elle la réincarnation de Gamiani ?

Aujourd’hui, en me replongeant dans ces dialogues, ce partage des corps, ces scènes lubriques, je vois Gamiani comme une jeune fille abusée et dont la pureté, la naïveté ont servi les desseins d’une personne de confiance. Elle fut soumise aux impuretés des autres. Elle fut salie.

De cela, elle en fit une force et décida de rendre siennes toutes les déviances du monde.

Elle a aimé. Mon amie a aimé. Mon amie a vécu intensément. Elle s’est détruite comme elle a vécu. Avec force et courage.

À la quarantaine passée, je perçois Gamiani comme une femme refusant le statut de victime et montrant à la société, à ses bourreaux qu’elle seule décide ou non de sa vie.

Elles auraient pu, mon amie et Gamiani, transcender cette douleur des abus subis en un art magnifique comme la chanteuse caribéenne, Calypso Rose choisissant de refuser son corps et son amour à tout homme après avoir été violée. à l’âge de 13 ans. De ce refus, elle crée et elle donne au monde des rythmes dansants, ensoleillés.

Leur histoire, à chacune, leur appartient. Leur avènement dans le monde des adultes leur a été volée. Alors, laissons-leur avoir le choix de leurs souffrances. (…) »

Gamiani ou deux nuits d’excès Alfred de Musset

Préface Laetitia Cavagni

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