EXTRAIT DE LA CENDRILLON DU TROTTOIR.

MA DESILLUSION FUT D’AUTANT PLUS INTENSE QUE J’Y CROYAIS. J’avais cru que nous pourrions vivre honnêtement, mais les bonnes choses ont toujours une fin, surtout en ce qui me concerne.

Retour donc à la case départ, le Christina ! Je pris une décision radicale, tellement radicale qu’elle m’effraya moi-même. Puisque j’avais perdu Vincent, puisque j’étais condamnée à me prostituer, autant y aller carrément, sans aucun état d’âme, sans la moindre morale, autant toucher le fond, tout accepter, ne rechigner sur rien, devenir la meilleure ou la pire (c’est selon)… Je décidai donc d’être ce que l’on fait d’extrême en matière de vice et de dépravation. Ce serait ma façon de me détruire, de m’anéantir. Le vice deviendrait ma religion ! Lionel n’en reviendrait pas. Je devancerais ses attentes.

Je commence donc par m’étourdir de travail, prenant rendez-vous sur rendez-vous. Je n’ai plus le loisir de m’écouter penser ni réfléchir. Je ne suis plus qu’un gouffre, un gouffre sans fond dédié au plaisir des hommes. Je ne refuse plus rien, aucun fantasme, aucune pratique. Rien ne me rebute, rien ne m’écœure. Je suis devenue une salope ! Je ne déprime plus. Au contraire, je suis hyper active. Je sens que cela ne durera pas, la dépression reviendra.

Copyright Bianca Bastiani.