Interview d’Alain Maufinet par Nadine Doyelle

Interview de Nadine Doyelle.

Auteur des livres (je cite les principaux) :

Sous le nom de plume Alain BADIRAC, en 2010 :

— Passion clair-obscur

— La pluie soleil

— Les griffes de la vie

— Souffles de vies (Nouvelles)

Avec son nom, Alain Maufinet, JDH Éditions :

— Le chant des brisants, 2020. J’inaugure la nouvelle collection littéraire : Magnitudes

— Je préface : Le colonel Chabert de Balzac, puis Aziyadé de Pierre Loti

— Cadavres écrits « Les volets rouges » (collection Black files), avec plusieurs complices.

— L’ombre de Marrakech, 2021.

— Les larmes du désert 2023 (nouvelle version)

— Quand resonne le glas 2023.

 

Nadine : Alain Maufinet, aujourd’hui, te voilà sous les feux des projecteurs. Es-tu prêt à satisfaire la légitime curiosité de tes lectrices et lecteurs ?

Alain Maufinet : Bien sûr et je vous remercie de m’avoir proposé vos questions.

Nadine : Tout d’abord, à toi de te présenter d’une façon originale. Âge, passions, rêves, etc.

Alain Maufinet : Pour l’âge, je ne compte plus depuis longtemps, mais en faisant un effort, 74 sans doute. Les passions et les rêves m’habitent depuis longtemps. Il y a celles et ceux que j’ai pu réaliser, et les autres. Mais je n’aime pas perdre mon temps à regretter. Après avoir suivi les écrits des auteurs anciens (Chateaubriand, Victor Hugo, Balzac, Stendhal…), je sillonne plus de trente ans, sous l’uniforme, l’Est de la France. Séduit par d’autres lectures, d’autres cultures, j’écris de temps à autre. À l’aube de l’an 2000, je choisis une nouvelle carrière : directeur d’une agence immobilière depuis plus de 15 ans.

J’aime les mots de la vie réelle, et ceux de la fiction. Écrire c’est travailler avec passion, ne pas contempler les difficultés, mais les vaincre. Je rajoute en songeant à d’Alembert : « Deux choses charment l’oreille dans la langue française : le son et le nombre. Le son consiste dans la qualité des mots, le nombre dans leur arrangement. »

Nadine : Quelle est la raison pour laquelle tu t’es lancé dans l’écriture ?… Attention, pas de clichés.

Alain Maufinet : J’ai toujours écrit, depuis que je sais tenir un stylo et depuis que je sais lire. Dans un premier temps, j’ai peut-être tenté d’imiter, de réécrire un passage qui m’avait marqué. « Il n’y a qu’une méthode pour inventer qui est d’imiter » Alain.

Puis, moniteur de colonie de vacances (16/17 ans), j’ai animé des ateliers style « histoires au coin du feu ». Pour répondre aux demandes de mon jeune public, j’ai laissé libre cours à mon imagination pour raconter des histoires. Soir après soir, les rangs de mes spectateurs se sont étoffés.

Penser, concevoir un écrit est une occupation exquise.

Nadine : Si tu n’avais pas écrit, qu’aurais-tu aimé faire ?

Alain Maufinet : Dessiner, j’ai toujours aimé les croquis, donc les bandes dessinées. L’écriture me rapproche de la peinture, de la musique. On écrit, on peint, on joue pour les autres. D’ailleurs, je travaille mes phrases en pensant à des tableaux, à des mélodies. J’imagine souvent ceux qui découvrent mon écrit. Je les sens déshabiller mes phrases, mes pages.

Nadine : Quel est le livre que tu aurais plus que tout aimé écrire toi-même ?

Alain Maufinet : Très jeune : « Le dernier des Mohicans » de James Fenimore Cooper. « Le Grand Meaulnes » d’Alain-Fournier. Aujourd’hui : Le colonel Chabert de Balzac, d’ailleurs j’ai fait la préface de la nouvelle édition de mon éditeur : JDHéditions.

J’ai toujours adoré les bibliothèques. Les plus belles sont celles qui connaissent désordres, et abondance. On les réveille accidentellement derrière une porte ancienne. De véritables écrins de bois, d’encre et de papier se dévoilent peu à peu. Elles diffusent des ombres mystérieuses. Elles laissent filtrer les clartés du savoir pour le lecteur avide de recherches et de connaissances. Des manuscrits, des revues et des brochures, parfois annotées par des mains inconnues, entourent soudainement l’aventurier que j’apprécie d’être. Elles me capturent, pareilles aux sirènes qui séduisent le navigateur aventureux qui sillonne des flots peu fréquentés. Elles me font miroiter un univers mystérieux où règne l’imaginaire. Le songeur, un peu artiste, un peu poète, apprend à comprendre, à frémir intensément. J’espère toujours découvrir une œuvre originale tout entière, nourrie aux premiers frémissements des valeurs de nos civilisations. Imaginons un instant, derrière une toile d’araignée, un tiroir est caché. Il chute, et un livre surgit. Les plus précieuses expressions artistiques du Moyen-âge peuvent sommeiller de la sorte. Pour celui qui foule de tels lieux, le temps suspend son cours. Il ne peut que demeurer des heures, bercé par des mots et des croquis.

Nadine : Quel est le film qui t’a marqué à vie ?

Alain Maufinet : Danse avec les loups.

Nadine : As-tu déjà eu envie d’arrêter d’écrire ? Et si oui, pour quelle raison ?

Alain Maufinet : Non, j’ignore le phénomène de la page blanche. Par contre, être édité, oui. En premier lieu, le monde de l’édition n’est pas simple. Ensuite, il faut rencontrer un public.

Nadine : Quand sais-tu que tu peux écrire le mot FIN ?

Alain Maufinet : Souvent, je commence un roman, et peu à peu le souffle me manque, l’écriture devient laborieuse. Quand je ne suis plus vraiment porté par mes personnages, alors j’abandonne pour une période plus ou moins longue. Certains ne verront jamais le jour. Je les ai sans doute oubliés.

Nadine : Dans ton dernier livre, quel personnage pourrait se plaindre de la vie que tu lui as inventée ? Et à l’inverse, lequel pourrait te remercier ?

Alain Maufinet : Je ne me suis jamais posé la question. Tous, sans doute. En fait, au fur et à mesure, mes personnages m’échappent, leurs actions s’imposent, ils s’affrontent, s’associent… Si nous prenons Les Larmes du Désert qui renait aujourd’hui, j’ai offert à Ronan un espoir à la fin de son aventure.

Fousseni Togola, détenteur d’un Master de philosophie qu’il enseigne, très connu dans les milieux intellectuels de son pays m’a fait l’honneur de préfacer ce roman. Un extrait de sa préface : « Les larmes du désert, écrit dans un style particulier, m’a donné l’impression qu’il s’agissait d’un ouvrage autobiographique… J’avoue que la description est largement réussie et colle parfaitement à l’état d’hostilité qui secoue la majeure partie des pays du Sahel. Ronan est bien le reflet de ces voyageurs victimes de ces situations dramatiques pour notre pays. »

Nadine : Comment choisis-tu le lieu où se déroule l’histoire de ton roman ?

Alain Maufinet : Un peu par hasard, j’ai beaucoup voyagé, donc l’ile Maurice s’est imposée à moi dans deux de mes romans, la pluie Soleil et le chant des Brisants. Et aussi la Somalie, le Mali, la Mauritanie, etc.

Barbey d’Aurevilly disait : « Il n’y a pas de romancier dans le monde qui ne se soit jamais inspiré de ce qu’il a vu et qui n’ait jeté ses inventions à travers ses souvenirs. »

Nadine : Dans tes romans, est-ce que tu penses que les dialogues sont indispensables ? Et si non, peux-tu développer ?

Alain Maufinet : J’ai plutôt tendance à en placer peu. Quelques échanges me permettent de rendre le récit plus vivant, ou plus compréhensible, accessible, cohérent.

Nadine : Es-tu satisfait et serein lorsque tu poses le mot FIN ? Ou bien est-ce que tu trembles de peur ?

Alain Maufinet : Quand je conduis mon projet à terme, le mot FIN vient naturellement. Je l’avoue, il m’arrive de modifier le final en retravaillant mes textes. Ce que je fais régulièrement.

Nadine : Comment écris-tu une dédicace ? Toujours personnelle ou bien basique ? Ou avec un petit dessin ?…

Alain Maufinet : Je dédicace parfois en fonction de la personne qui a choisi un de mes livres. Je ne fais pas de dessin. Je souhaite souvent une bonne aventure, une bonne lecture…

Nadine : Merci pour tes réponses pleines de sincérité. Je te souhaite un très beau succès pour ton dernier roman : Quand resonne le glas.

« Avec ce titre que n’aurait pas renié Hemingway, Alain Maufinet nous entraine dans une série de meurtres (1, 2, combien ?) dont le coupable devient l’Auguste (c’est le nom de notre protagoniste et de ce clown blanc digne et sérieux pendant que l’agitation tourne autour à ses dépens).
Ce livre rouge qui nous regarde à tout du polar où se mêle des thèmes primordiaux, comme la rédemption, le devoir de mémoire, ou comment être à la hauteur de l’amour. »

Franck Antunes écrivain