Le résumé, ….
14 jours. Pas une minute, pas une seconde de battement. 14 jours, … Une angoisse impressionnante me serre le ventre. Je relis le message à deux fois. Un bond dans mon passé me renvoie à mes années lycée où une prof de français distribuait deux tonnes de textes à faire tenir sur vingt lignes, Mon pire cauchemar, ma phobie, est inscrit en gros, gras, grand sur l’écran de mon smartphone.
14 jours pour résumer mon livre.
900 pages. Un an et demi de travail acharné. Lectures, relectures, des heures de corrections pour traquer des fautes d’orthographe qui ont une fâcheuse tendance à virevolter devant mes yeux et se cacher. Des heures de recherche de synonymes, de recherche sur le web, dans des livres pour mieux décrire les lieux choisis, donner de l’épaisseur à mes personnages, des heures à revoir des règles simples d’orthographe, de grammaire, de conjugaison (mais pourquoi le français est-il aussi alambiqué ?) oubliées au fil des années,
14 jours.
Mon écran d’ordinateur scintille, une fenêtre Word, une page blanche, …
L’angoisse, …
Un résumé, en huit lignes maximum.
Quelques mots posés, des bouts de phrases et pas l’ombre d’une inspiration. Bloquée par huit petites lignes. Elles doivent susciter l’envie, éclairer le lecteur, le pousser à lire la 4ème de couverture, dans l’espoir que ce liseur addict dévore mon écrit.
Huit toutes petites lignes.
Je noterai bien que lire mon livre, « Doutes », cela fait du bien par où ça passe, … Par sûre, que ce brin d’humour plaise.
Je suis une lectrice acharnée. Qu’est ce qui me plait ? Incapable d’expliquer ce qui me fait kiffer. Pourtant, je pourrais passer des heures à conter des livres, à décrire l’intrigue, la romance, les phrases d’accroche, des détails qui m’ont plu, touchées , bouleversées. Je me vois sortir d’une librairie ou d’une bibliothèque, un sourire mutin, avec mon butin sous le bras et entamer les premières pages à peine assise dans ma voiture. Je me vois crier à mes enfants, « attends, je finis mon paragraphe », à soulever mine de rien un page d’un livre, en cuisinant pour mater un petit bout de phrase,… Je sèche. Le vide, le doute. Je souffle. Et je m’interroge.
Les lecteurs, les autres, ceux qui comme moi, dévorent, s’enflamment ? … Qu’est-ce qu’ils en pensent ? Comment capter leur attention ? Attiser leur curiosité ?
Un post en direct sur Facebook pour demander aux lecteurs, aux auteurs : « c’est quoi un bon résumé ?
24 heures, … une centaine de retours. Cash, pro, plein de bon sens.
Et beaucoup de solidarité des autres auteurs : un exercice compliqué.
Comprendre les personnages et l’intrigue sans dévoiler la moitié du livre. Pour ma part, je n’ai pas envie de donner leur prénom, j’ai lu que cela pouvait être rédhibitoire si les prénoms vous rappellent vos enfants, votre ex, votre belle-mère, … C’est sûr, je pourrai en faire des cauchemars.
Un résumé doit se lire en trente secondes. Trente secondes ? Chrono en main, mon pauvre essai fait quarante cinq secondes. Je suis loin du compte, il est trop long.
Être simple, compréhensif. J’ai le sentiment de me noyer avec mes phrases alambiquées.
Une trilogie ? L’annoncer dès le départ car cela plait une suite, …
Ne pas tout dévoiler, intolérable pour une majorité des retours., mais des phrases chocs, courtes qui aguichent.
Choix du vocabulaire, ….
« Si, c’est chaud, tant mieux ! » Ah oui ??
Mon dieu, les quinze lignes de mon premier jet sont compliquées. Elles ne reflètent pas mon écrit, ne le traduisent pas. Je ne m’en sors pas. Je tente un partage de ce premier jet sur un groupe Facebook . Les retours ne se font pas attendre. Constructifs, certes,… mais ils ne comprennent pas ce que je souhaite expliquer. Je suis dans mon monde, dans mon histoire. Je complique l’affaire en voulant faire simple. Je ne suis pas sortie de l’auberge. Il n’existe pas de professionnel du résumé ?
Retour devant ma page blanche.
Après beaucoup d’échanges, j’ai trouvé mes huit lignes, pas une syllabe de plus. En tout cas, au-delà de partager des extraits, des photos, … les réseaux sociaux sont une mine de conseils.
Il parait que le choix d’une couverture est compliqué, …. Mon ventre se tort déjà.