Le retour du concombre masqué

1965, « Le concombre masqué » est un personnage et titre de bande dessinée dans laquelle l’absurde domine à souhait.

2020, la fiction a définitivement rejoint la réalité, les concombres masqués sont partout…

Fabuleuse expression que je vous invite à répandre et pleinement consacrer, le « concombre masqué » a été repris à son compte farceur par un médecin éclairé. Car figurez-vous qu’il en reste (des médecins éclairés)… Celui-ci s’est indigné en l’occurrence avec humour, entre deux publications étayées par la science éthique et ses dernières données, de l’obligation verbalisable en plein air, du port d’un masque de papier. Toujours très intrigué par la sociologie de comptoir, nous avons observé 3 grands types de concombres. Gageons qu’une peur irrationnelle et démesurée, peut tous un mauvais jour nous faire basculer dans un trou noir et sombrer dans la croyance en nos propres conneries.

Commençons donc par le champion des concombres, le « concombre de l’espace ». Perdu dans l’immensité d’une infinie sottise, il reste persuadé que la probabilité d’être contaminé seul au beau milieu d’un champ, nécessite un masque et une tête de gland. L’air hagard et difficilement accessible au niveau cognitif, la violence d’un cri ou la gifle appuyée semblent les seules alternatives à une communication fonctionnelle, susceptibles de faire redescendre le « concombre de l’espace ». Il déambule incognito et ne craint pas le monde sans visages, il n’arbore déjà plus lui-même aucune expression. Le concombre de l’espace ne sait pas que la grippe tue des milliers de personnes âgées chaque année. Lorsqu’il accède par on ne sait quel miracle à ce genre de données, elles sont automatiquement supprimées de son disque dur, pour éviter le bug psychiatrique définitif. Coupé de ses sensations et abruti par l’information télévisée, le « concombre de l’espace » ne saura probablement jamais qui il est, surplombant hébété, la chaîne alimentaire des invertébrés.

Vient ensuite le « concombre troufion », il ne se pose aucune question. « C’est la loi » dit-il, ce con. En bon p’tit soldat dont la dilatation anale rejoint la démesure de la sottise du précédent concombre, il se délecte et jouit de son comportement exemplaire, n’hésitant pas à reprendre son voisin déviant et son masque sous le nez. Le « concombre troufion » a failli apprendre en 2020 que la grippe tuait et saturait les urgences chaque année. Il ne peut toutefois se résoudre à y croire, ça ne fait pas partie du programme éducatif de sa secte majoritaire, cette masse informe qu’il doit absolument défendre bec et ongle sans même savoir pourquoi. Le « concombre troufion » est toujours prêt à passer à l’action contre la dangereuse sphère complotiste, en guerre déclarée contre tous ces terroristes qui vantent les vertus d’un simple lavage des mains. Grand délateur s’il en est, il dénonce les rares rebelles qui s’attaquent aux confinements et autres couvre-feux iniques, avec son auto-attestation de champion des gros cons.

Le troisième et dernier concombre est probablement le pire de notre petite catégorisation, incluant des leaders d’opinion conscients de l’évidente mascarade ; il reste particulièrement attaché à son image sociale. A voile et à vapeur, capable de surfer sur les deux autres tendances en fonction du vent, nous l’appellerons « concombre nucléaire ». C’est finalement lui qui atomise actuellement nos sociétés par son écœurante fourberie, évoluant entre position clandestine libertaire et peur du stigmate « de complotiste » rejetant la nouvelle religion « enfermiste ». Ses discours en « off » dénoncent une « dictature sanitaire » sans précédent, dont les mesures politiques sont bien plus destructrices que le monstre duquel elles sont censées nous protéger. Mais en public, selon les personnes en présence, en fonction de l’aura sociale de ses interlocuteurs, « le concombre nucléaire » se débine systématiquement, validant ces délires institutionnelles liberticides. Il est assez facile à identifier, il suffit de comparer son discours en coulisse et son profil Facebook… Ce dernier restant lisse et convenu, sans rien qui dépasse, sans le moindre signe qui pourrait laisser transparaître un discours anti-confinement manifesté par ailleurs, alors qu’on étouffe et qu’on crève par centaines de millions de cet obscur autoritarisme mondialisé. En pervers éhonté, « le concombre nucléaire » peut parfois devenir le pire troufion, lorsque lui-même sans masque, il vous intime dans une attitude spécialement dégueulasse, à mettre correctement celui que vous portez négligemment sur le menton.

Au final, celles et ceux qui s’en tiennent aux experts éloignés de toute cette propagande, savent bien que le masque chirurgical en milieu ordinaire, ne sert en général à rien. Toute personne symptomatique fait naturellement attention à son prochain, c’est d’usage depuis belle lurette. En glorifiant quotidiennement le meurtre du bon sens, le concombre n’en finit plus d’insulter la Science, la Vie et ceux qui les défendent au risque de devenir des parias. Par ses gesticulations grotesques entre « checks coude » et autres simagrées simiesques, il se tranquillise faussement par le maintien de sa bonne intégration, détruisant sans vergogne nos sociétés déjà bien fragmentées. Ainsi le concombre masqué choisit de privilégier un conformisme affligeant au détriment de ses propres enfants, dorénavant cornichons suffocants, à têtes de gland.

2021, les concombres génétiquement modifiés se multiplient, ils restent néanmoins encore et toujours, des concombres masqués.