L’humanité régresse-t-elle? ou… Bienvenue à Aseptiland!

J’ai déjà entendu certaines théories selon lesquelles le pic de l’humanité aurait été atteint dans les années 70. Foutaise, me suis-je dit. Mais c’était il y a une vingtaine d’années. Aujourd’hui j’ai tendance à me poser très sérieusement la question, m’inquiétant pour l’avenir de nos enfants en ce monde.

Depuis les années 70, la technologie a progressé.

La science a fait des bonds.

Mais… l’Homme a-t-il progressé? D’ailleurs ai-je le droit d’écrire « l’Homme » puisque la pensée unique, la bien-pensance nous oblige à ne plus genrer ce type de grands mots. La pensée unique aseptise tout, comme on aseptise les surfaces, les manières de se saluer, sous prétexte d’un terrible virus qui fait quelque 3 millions de morts dans le monde en un an contre 18 millions pour le cancer.

Mais revenons 40 ans en arrière. Au début des années 80. En pleine crise économique, pourtant. Avec une inflation galopante et au lendemain d’un choc pétrolier, sans oublier que nous étions en pleine guerre froide et que chaque jour nul ne savait si un doigt allait, depuis la Maison Blanche ou le Kremlin, appuyer sur le bouton rouge. Une période bourrée d’incertitudes, mais une période  heureuse, où les gens s’amusaient, s’éclataient. Imaginons un court instant que le Covid eut 40 ans d’avance sur le calendrier. Aurions-nous pu imaginer une seule seconde voire le Président Giscard d’Estaing ou son successeur le Président Mitterrand nous dire derrière le petit écran comment nous laver les mains, comment nous saluer, quelle distance observer pour nous parler? Aurions-nous pu les imaginer décréter sans concertation parlementaire de fermer les restaurants, les bars, les musées, les cinémas, les théâtres, nous interdire de nous déplacer d’une région à l’autre? Paix ait leur âme.

Ce qui se passe sous nos yeux aurait été un mauvais film d’anticipation, peut-être drôle parfois… Mais mauvais.

Le Covid existe, il faut s’en protéger dans la mesure du possible, protéger ses proches, éviter de se retrouver en réanimation avec un tube enfoncé dans la gorge. Comme il faut se protéger de tous ces virus qui circulent dans les transports en commun et qui n’ont pourtant jamais inquiété personne, surtout à Paris où j’ai pu constater avec stupéfaction que la plupart de mes hôtes ou convives ne se lavaient jamais les mains en sortant de ce nauséabond métro. Mais de là à tout fermer, cela n’obéit-il pas à une phobie collective de la mort, de la maladie, qui est montée en puissance ces 20 ou 30 dernières années? L’Homme (désolé mesdames, mais la majuscule mise à ce mot permet de vous inclure dans le genre humain, au grand dam de la pensée unique) est centré sur lui-même, sur sa consommation, ses vacances, faisant mine de penser à son prochain. S’il pensait à son prochain, pourquoi personne ne pleure ni ne s’émeut devant le sort de ces pauvres petits commerçants, asphyxiés, à travers l’Europe et même à travers une partie du monde?

De « Bienvenue à Gattaca » à « Cloud Atlas », en passant par des films russes de troisième zone comme « Abigail », le cinéma nous a pourtant interpellé à moult reprises sur ces mondes aseptisés qui nous attendaient. Eh bien nous y sommes! Bienvenue à Aseptiland! Le monde de la lente régression…

Jean-David HADDAD, Éditeur

Auteur de « FACE AU MONDE D’APRES », livre sélectionné pour le prix TV FINANCE 2021, dans lequel j’ai aussi donné la parole à des jeunes qui s’inquiètent de cet avenir…