Ô garage…

 

Et c’est effectivement un garage dans une petite rue du centre-ville du Pouliguen, mais quel garage ! Quand la porte de l’antre s’ouvre, on n’y voit pas trôner une vieille guimbarde de rêve, ou une vieille bécane qui aurait descendu un jour la route 66, il n’y a pas de pots de peinture, pas de bidons d’huile ou de matériel entreposé façon puzzle, mais des sculptures faites à partir d’objets reconditionnés.

Et il y en a beaucoup.

Partout.

Du sol au plafond.

Un univers cinématographique ou Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet aimeraient certainement baguenauder et le vieux Léonard aussi. Moi en tous les cas, je m’y suis plu immédiatement.

 

Anthony Guillaume, sculpteur et créateur de luminaires, en principale, œuvre sur le principe du ready-made. À la Marcel Duchamp. Quand il décide qu’un objet est « art », il le devient. Le concept devient alors assez simple, comme le parti pris de l’artiste. Et le rendu est terriblement efficace. Mais comme il le dit lui-même : « Certains objets me parlent et d’autres, non. » Donc, il est inutile de lui refiler vos encombrants, il fait de la récupération certes, mais pas n’importe comment. L’homme est inspiré et inspirant.

« Est art », dans la définition du mot, comme il est enseigné dans les écoles, « tout ce qui est produit et manufacturé par l’homme ». Et l’artiste a bien compris le principe et en a fait sa règle de création. En gros, pour mieux expliquer l’idée, ce que la nature n’a pas produit, c’est à dire livré comme produit fini, est art, puisque dès lors, à partir des matières premières, nous créons, transformons et détournons au gré des besoins, des envies et de l’esthétisme, tout ce qui nous inspire ou qui nous est utile. En clair, sans décodeurs et sans grands discours et belles théories : Art, artistes, artisans, artisanat d’art (formule avec pléonasme s’il vous plaît) : même combat. Même passion. Même créativité.

Pour Anthony, sympathique personnage à la bonhomie agréable, le champ d’investigation plastique est large. Du grille-pain en aluminium des années 60 à des éléments d’astronautique, en passant par de vieux outils, de vieilles mécaniques à l’aspect extra-terrestre, tout est bidouillé, démonté, reconstruit, déformé, additionné, mélangé, et surtout : lumineux.

Un panachage de matières incroyables : de l’aluminium brossé, du zinc, du bois, des couleurs rares, de la tôle, du plastique…

Dans le style industriel qui domine, malgré quelques échappées belles dans les arts décoratifs, vous trouverez, ou plutôt vous découvrirez comment de vieilles lampes d’architectes, des ventilateurs de bureaux, des pièces mécaniques automobiles, des machines à écrire, des vinyles, de vieilles publicités des marques phares des trente glorieuses, des casques divers et variés, deviennent pendules, vide-poche ou autres et surtout, lampes et sculptures.

Je crois que sans m’avancer, je peux mettre quiconque au défi, quelques soient ses goûts, de ne pas dénicher et découvrir un objet qui le ravira après avoir lui-même ravi l’artiste.

Le garage « Ô garage », c’est au numéro 6 du chemin Maurice, au Pouliguen, dans une petite rue adjacente de l’artère commerçante principale du centre-ville. Vous ne pouvez pas vous tromper, il y a un balcon de bois bleu au-dessus, avec des muses qui posent et un artiste en dessous qui œuvre dans la poésie consommatrice de nos belles années.

Yoann Laurent-Rouault, directeur littéraire et artistique des éditions JDH.