Tout est parti, au printemps dernier, d’une commande de l’éditeur JD Haddad pour JDH éditions. Il voulait que je réalise un documentaire historique illustré sur le « J’accuse » de Zola et sur la dramatique, ambitieuse et folklorique IIIe République française. Puis, petit à petit, en déroulant le fil, je me suis penché sur les tenants et surtouts les aboutissants de l’antisémitisme en France. La commande initiale de l’éditeur portait sur 50 pages et 4 illustrations. À la fin de l’été, j’avais près de 300 pages et j’avais réalisé plus de 30 illustrations. J’aurais d’ailleurs la matière contemporaine pour produire un deuxième tome sans difficulté, tant j’ai trouvé de documentation. J’ai donc invité l’éditeur à la fin de l’été pour un dîner. Je lui ai présenté l’hydre. À la fois par le menu et par le menu. Lui même érudit sur le sujet, il fut pourtant estomaqué par ce que contenait mon texte. Notamment sur la période alsacienne avant Dreyfus, sur la période de l’état français de Pétain, et sur les ramifications parisiennes des réseaux antisémites nés sous la IIIe république et pour certains encore existant aujourd’hui. J’ai abordé aussi des décrets napoléoniens sur le « statut » juif, et bien sûr, la littérature de Maurras, Daudet, Céline, Drumont, Barrès et consorts, la presse et la « grande » édition française. La trame principale, de ce livre en trois parties reste l’affaire Dreyfus et l’assassinat de Zola conséquent. Mais, pas seulement.
L’actualité française et internationale rattrape malheureusement ce livre à sa parution. Il n’est pas prévu pour ça, ni pour faire « le buzz » ni pour surfer sur le moment. Il est publié chez Memoria Books, et cette édition n’a pas pour soucis d’établir des contemporanéités entre ses publications et l’actualité. Sauf peut-être pour mon livre sur les « mémoires » de Pierre de Coubertin. Alors, oui certains me disent : c’est bien tombé cette parution ! Mais ce n’était pas le but. Et à vrai dire, je préférais que les évènements récents n’aient pas eu lieu. Et que ce livre sorte uniquement pour le public à qui il était destiné : les amateurs d’histoire et de sociologie et les intervenants comme les associations qui mènent depuis longtemps le combat contre la bêtise, l’ignorance et le fascisme.
Yoann Laurent-Rouault.