Parisianisme à la noix.

Parisianisme à la noix.

Comme pour vous, la mort de Jean Paul Belmondo a été aussi pour moi l’occasion de revoir certains de ses films. Et aussi de regarder quelques reportages qui lui étaient consacrés. Et de m’énerver.

La filmographie de l’acteur est  riche. Elle s’étale sur plus de 50 ans. Et certains commentaires « analytiques »  sur sa carrière, venant de pseudo-intellectuels de gauche sur canapé avec persil dans le pif et caviar dans les oreilles, m’ont prodigieusement agacé…

Pour résumer, selon eux, Belmondo est un grand acteur qui s’est compromis dans la cascade et la comédie populaire, le polar facile et le Oury affligeant.

Alors oui, « À bout de Souffle », c’est du Godard, et ce n’est pas du Oury. Ce n’est pas « L’as des as ». Flic ou voyou, Le marginal, L’animal, qui sont des comédies populaires, comme le Guignolo ou Le Magnifique. Ce ne sont pas des films « d’auteur » comme l’entendent ces messieurs, détenteurs, selon eux, de la vérité suprême, ultime et canonique sur le cinéma français…

Pourtant, c’est le Belmondo  de ces comédies  qui remporte les suffrages des spectateurs. Bien plus que celui de « Léon Morin, prêtre » ou que celui de « Week-end à zuydcoote » ou encore « de l’Héritier » ou de « Stavisky ». Même si oui, Belmondo est parfait dans ces rôles.

Comment l’expliquer ?

Simplement.

En ce qui me concerne, les Godard, les Truffaut & Cie. m’emmerdent rapidement, à quelques exceptions près. Et même parfois les Lelouch. Exception faite aussi « D’itinéraires d’un enfant gâté » qui est un chef-d’œuvre du 7e art.

Si la masturbation intellectuelle sur pellicule en bouleverse quelques-uns puissamment,  je le répète, moi, elle m’emmerde. Les cris et les chuchotements de Bergman pourraient assez vite me rendre agressif, voire con, si je suis enfermé dans le cinéma. Voir sourd aussi à toute notion d’esthétisme ou  de philosophies, tant les tractations intellectuelles sont perchées.  Les films « d’auteurs » sans budgets qui reposent sur une conception toute personnelle du cinéma et qui ne plaisent qu’à leur réalisateur, en général me rendent agressif. C’est mon droit. Et c’est celui de millions de personnes qui le prouvent chaque année en termes d’audience et de fréquentation des cinémas.

Cependant, une poignée de petits nantis mal peignés, décideurs et scribouillards, se permettent, en alternance, avec un doigt dans le cul et l’autre dans la bouche, de juger le cinéma populaire et de l’interdire de trophées et de reconnaissances. Donc, de nous prendre pour des butors, mal élevés et sans éducations. Pour des gens sans goût qui préfèrent rire, pleurer et aimer ce qu’ils comprennent plutôt que de s’astiquer le cortex dans le noir total des complexes et névroses psychologiques de quelques tarés. Et par-dessus ça, ces caniches nient les scores faramineux de ces films au box-office par leurs mépris précieux  et perruqué.

Les exemples de grands succès populaires massacrés par la critique  élitiste sont nombreux, de « Bienvenu chez les chtis » à « La grande Vadrouille », en passant par la moitié des films de  Gabin, de Bourvil, de Fernandel, de De Funès, de Belmondo, de Depardieu, de Girardot, de Dujardin, de Coluche, de Poelvoord, de Lanvin, de Cornillac, de Clavier et j’en passe.

Même l’inégalable Jacques Brel a été massacré en son temps par les avis de ces culs de bulots au cinémascope plat. Que dire, sinon, que lors des hommages à une star comme Jean Paul Belmondo, je vous invite à ne pas nous gâcher le plaisir et à fermer vos mouilles bien correctement. Car comme dirait Alain Badiou : « La philosophie, à contre-courant, c’est tenir l’inapparence du vrai et du différend contre l’universelle présentation en portrait. »

Yoann Laurent-Rouault.