Pasquale Paoli

Pasquale Paoli

Nous sommes  maintenant en avril 1755, au couvent San Francescu de Caccia, proche de Moltifau et Castifau. Une assemblée de députés convoque Pascal Paoli et les chefs Corse. Menée par Paoli, de retour d’exil, l’assemblée jette les bases de la Constitution de la future Corse indépendante. À la guerre d’indépendance de la Corse qui s’est déroulée entre l’an 1729 et l’an 1743 contre la république de Gênes, succédera la nouvelle République corse. Tel est le vœu de cette assemblée extraordinaire.

Paoli est une légende corse, un de ces leaders charismatiques dont la vie ressemble à un roman une aventure. Et une manne pour des historiens. À 15 ans, en 1739, il est contraint de suivre son père, Giacinto, en exil à Naples. Ce dernier menant politique dissidente. Il ne reviendra en Corse que vers 1753 pour être 2 ans plus tard, proclamé général en chef par l’assemblée des Corses, en juillet 1755, soit un peu plus trois mois après l’assemblée du couvent de San Francescu qui l’avait déjà fait général. Paoli et ses acolytes créeront la première constitution corse, au grand dam des nations européennes qui ont des vues, et pour certaines des intérêts politiques, financiers et militaires liés à l’île de beauté.

La Corse aura été de tout temps un territoire de passion. De batailles et de traditions. C’est ainsi. Pour qui la connaît, elle est à part. Indescriptible avec des lieux communs. La Corse est une autre poésie. Une autre réalité insulaire.

Et sur ce point, la nouvelle constitution écrite par Paoli est justement un mélange de ces traditions et de l’héritage de la colonisation génoise.  L’acte constitutionnel Corse y affirme la souveraineté populaire dans le préambule et, phénomène nouveau, reconnaît le droit de vote aux personnes de plus de 25 ans, dont : les femmes.  Cette constitution est la première constitution connue au monde à accorder le droit de vote aux femmes. La Corse apparaît lors, aux yeux de certain philosophes de l’époque, Rousseau et Voltaire en tête, comme le premier État démocratique de l’Europe des Lumières et le généralissime Paoli quant à lui, est décrit par l’élite intellectuelle française comme un « despote éclairé ».

La personnalité de Paoli et son action intéressent l‘histoire bien au-delà des seuls faits Corses. Son fort attachement à son île natale et à sa culture font de lui une figure inscrite dans son temps et un homme très représentatif du siècle des Lumières, qui aura su rependre ses idées et faire force de ses convictions à travers toute l’Europe. Ainsi, il fut à la fois un général corse, avant un autre qui sera encore plus célèbre, et il fut aussi le chef de la née prématurée République corse indépendante. Paoli perdra  au pont neuf (ponte novo) l’ultime bataille qui l’opposera à l’armée royale française. S’en suivra un exil de près de 20 ans.

Après la défaite, le chef de l’insurrection corse gagnera la côte et s’embarquera sur un navire à destination de Livourne, en Italie, avec 300  de ses fidèles. Parmi les partisans qui l’accompagneront jusqu’à la côte figure son aide de camp, un avocat d’Ajaccio du nom de Carlo Charles Bonaparte. Il est lui-même accompagné de sa jeune épouse, Laetitia, âgée de 18 ans, et qui est enceinte de sept mois. Elle donnera bientôt le jour à un héritier mâle, qu’elle prénommera Napoléon…

Extrait du Tome 1/3 de la Saga Napoléonienne rédigée pour L.J Calloc’h à partir de ses recherches.

Yoann Laurent-Rouault