Quand l’océan part à la mer. Yoann Laurent-Rouault.

 

Quand l’océan part à la mer.

J’ai la vague impression, en échangeant avec différentes personnes, de tous âges, tous bords et toutes conditions et en observant le paysage politique français, que jamais sa cote n’a été aussi basse. Il y a là, en ce mois de juin 2021, un grand coefficient d’usure et une grande marée permanente à en faire bronzer les bulots jusqu’à travers le string. On pourrait presque aller à pied et en tong de Saint-Nazaire à New York…  Bref, tout ça pour dire que si la politique française était un océan, il partirait de lui-même à la mer !

Mélenchon fait les choux gras de Charlie, madame La Peine cultive ses chrysanthèmes, Zemmour est une morne plaine à lui tout seul sans avoir besoin d’aller jusqu’à Waterloo, Garovirus et son tube de pâte à joints premier sont en faillite complète, les verts font peur, les bleus énervent, les blancs sont à la messe et les socialos au cimetière… Sans parler de ceux qui se masturbent en public, qui détournent les fonds, qui sont accusés de viols, qui sont en redressement pour des délits d’initiés, sans citer ceux qui demandent aux députés de l’opposition de sortir de l’assemblée, ceux qui accrochent la Francisque à leurs vestons et ceux qui sont fanatiquement nostalgiques des grands dictateurs du XXe  siècle…

Les Français ne voient plus en leurs politiciens qu’avis de dépressions, expressions de leurs lassitudes, incompétences reconnues et exaspérations dangereuses. Et moi le premier. Même mon chien tourne le dos à l’écran et pourtant il est bon public et plutôt fan de Ségolène. Quand il la voit il remue la queue, je ne sais pas pourquoi.

Personne n’y croit plus, tout le monde leur en veut ou tout le monde s’en fout, au choix. Le ballon rond fera cette fois encore plus de scores que les urnes et les terrasses de cafés auront plus de sièges que les élus… Les Français n’ont pas de mémoires politiques et on le leur reproche assez souvent, mais au fond ils ont raison de ne pas en avoir, car avec le roulement continu de conneries de nos élus, ce n’est pas utile. Un con chasse l’autre, et pierres qui roulent font de la mousse. Et ne parlons pas de la situation calamiteuse que nous vivons depuis 2017, de réformes en  promesses ridicules en parades républicaines hors d’âge et jusqu’à la guerre civile jaune et masque. Mais il y aussi des responsables à la catastrophe industrielle et nationale : les médias.

Le problème des médias français c’est qu’ils essaient toujours de choisir justement à la place de l’opinion publique, son opinion. Pour tous les sujets. Sans même l’assentiment de la majorité. Là, en l’occurrence,  la politique, c’est comme pour le covid, personne ne veut plus en entendre parler, car n’en jetez plus : la benne est pleine, la déchetterie sature et les éboueurs menacent de grève. Pour le salut des âmes complexes  des politiques, ils devraient donc s’abstenir. D’en parler. Ou de les montrer. Ou de leur donner la parole. Et faire gagner des abonnements au journal officiel pour que le français de la rue se tienne au courant des nouveautés au catalogue. Ou des abonnements en terrasse. Ou les deux. Bref, ils pourraient se rendre utile.

Je devrais m’intéresser à eux. A nos politicards. M’informer. Écouter. Comprendre. Choisir mon camp. Voter. Être un bon citoyen. Mais non. Rien à faire. Sois je procrastine, soit je me ferme comme un oursin corse par marée noire. Rien à faire. En voir un seul me donne des nausées, en entendre une seule me vrille les oreilles… C’est comme pour le covid, j’ai envie de foutre le feu partout quand j’entends le mot. C’est dangereux.

Bon sinon, depuis ma table de terrasse de brasserie bretonne, j’attends mon café allongé qui ne vient pas… bloqué en quarantaine au brésil sans doute.

Bonne journée et n’oubliez pas de voter contre.

 

            YLR, rédacteur en chef.