Que disait vraiment Keynes, aujourd’hui utilisé par les étatistes?

Tandis que plusieurs candidats à l’élection présidentielle se sont lancés dans des programmes couteux, qui nécessitent des dépenses importantes pour l’Etat, et donc, forcément, un interventionnisme toujours plus grand de ce dernier dans l’économie et par ricochet dans nos vies, on a entendu les médias parler de politiques keynesiennes. Aujourd’hui dès qu’on parle d’intervention de l’Etat dans l’économie, on pense keynesianisme. A une époque où Marx n’est plus à la mode, les étatistes de tous bords s’en réfèrent à Keynes.

Mais la pensée de cet économiste n’est-elle pas dévoyée?

Voici un point sur le sujet, tandis que je viens de préfacer et publier une version traduite par nos soins de « Perspectives pour nos petits-enfants, 1930-2030 » de Keynes, écrit forcément en 1930.

Non, Keynes n’est pas l’étatiste forcené auquel on se réfère aujourd’hui. La pensée keynesienne a de toutes façons été enfantée par la pensée néo-classique libérale. Seulement, à une époque (l’entre deux guerres) où le monde se complexifiait, où la démographie galopait, où les moyens de transport explosaient, il fallait adapter cette pensée séculaire, ce que Keynes a fait.

Keynes prétendait en résumé que la liberté était essentielle, que l’Homme devait se débarrasser de ses principes moraux, donc ses jugements de valeur qui le freinent… Il faut dire que ce grand monsieur de 2m03 était très libertaire dans sa propre vie du Londres des années folles. Il prétendait donc que pour arriver à cette libération de l’individu, il n’y avait rien de tel que l’accumulation du capital. Donc la croissance économique, la hausse de la création de richesse, qui permettrait cette accumulation. On est aux antipodes de Marx!

Mais, l’innovation de Keynes fut de considérer que pour pouvoir maintenir cette croissance sur le long terme, pour arriver à ce que seraient les 30 glorieuses (qu’il avait plus ou moins prévues), et à une croissance soutenue et régulière, il faudrait que l’État intervienne dans l’économie en période de crise pour soutenir les plus pauvres afin que ces derniers puissent consommer, car Keynes considérait, à l’inverse de ses prédécesseurs néo-classiques, que la demande était la condition de l’offre et non l’inverse. Pour lui, contrairement à Jean-Baptiste Say par exemple, l’offre ne créait pas la demande mais la demande était nécessaire pour qu’une offre puisse être absorbée. Aussi, l’État devait soutenir la demande en période de crise par différents moyens, les politiques budgétaires par exemple, mais cela dans le but de ne pas interrompre de cycle de croissance éternelle qui mènera l’humanité au bonheur. On est donc très loin des anti-capitalistes qui brandissent Keynes pour justifier leur idéologie…