Une question de réseau ?

Privé et pro : une question de réseau ?

Dans une activité comme la mienne, ce n’est pas toujours évident de faire cohabiter sur ses pages de réseaux sociaux  ses opinions personnelles et le « politiquement correct » que demanderait la fonction. Comme  de cohabiter avec l’ensemble des gens avec qui vous travaillez. Les opinions pouvant varier fortement d’une personne à l’autre. Certaines sont plus proches de vous que d’autres et certaines ne le sont pas du tout. Donc la liberté d’expression n’est plus la même en toute circonstance.

En tant qu’auteur, il est plus facile de se laisser aller à des coups de gueules et des considérations diverses. Un auteur étant a priori un intellectuel libre, c’est même presque un devoir de donner ses opinions et de ruer dans les brancards. Encore que, cela dépende de son public…

Quand il y en a un.

En tant que plasticien, c’est différent.  La parole est encore plus libre, puisqu’on ne vous attend pas spécialement sur ce terrain de jeux. Et comme un dessinateur est quasi anonyme face à l’image, il y a moins de conséquences directes.

En tant que producteur et animateur d’émissions pour le web, je retrouve les contraintes évoquées au premier paragraphe. Les paramètres sont nombreux. En premier lieu,  il y a ceux de l’interviewé, ensuite viennent ceux du diffuseur. Liberté conditionnelle. L’image ne pardonne pas. Et surtout : attention aux conséquences légales d’une parole ou d’un geste. Pour résumer, plaisanter sur un nom, faire ce qui pourrait passer pour être de la promotion pour des drogues douces, pour l’alcool et j’en passe, pourrait avoir de funestes conséquences pour toute la chaîne de production et de diffusion.

En tant que rédacteur en chef, il faut avec l’audience croissante de la revue, mesurer chaque mot. Chaque idée. Ne citer personne et sortir de ses opinions pour « généraliser ». Il faut parfois refuser des articles pourtant porteurs de vérités, parce que trop orientés ou trop polémiques. Attention, le service juridique veille au grain.

Sur les réseaux, je n’ai pas de page pro à proprement parler, sauf sur LinkedIn et sur le site de la maison.  Sur Facebook, Instagram, etc. se sont de « vieilles pages », qui ont évolué avec le temps, mais qui reste globalement personnelles. Quelles que soient mes activités. Phénomène que j’observe beaucoup chez les « collègues » auteurs et d’autres catégories.

Aussi, depuis quelque temps déjà, j’essaie de ne pas confondre les deux tendances.  Être  « ami » avec quelqu’un ne veut pas dire pouvoir tout partager. Mes publications peuvent décevoir, énerver certains « amis », et ça marche aussi dans l’autre sens. Surtout en période électorale ou pandémique. De même que la promotion d’auteurs à auteurs a ses limites.  Nous l’avons tous expérimenté sur nos comptes personnels.

Alors, la solution est peut-être de ne garder en ami sur des pages  dites « personnelles » que des gens avec qui l’on partage une certaine intimité. Intimité et non amitié. Et d’ailleurs, peut-on décemment parler d’amitiés sincères virtuelles ?

Vaste débat.

Aussi je m’y emploie, pour que d’un point de vue professionnel, je ne  perde pas de temps avec cette futilité non contractuelle. Puisqu’entre moi et nombre d’entre eux, il y a un contrat, et que nous nous connaissons à cause de ce contrat.  Et la situation est la même pour les clients de mes entreprises diverses et variées.  Au final, dans ce beau et vaste monde des arts et de la littérature, mieux vaut ne pas tout mélanger, si l’on veut garder une opinion objective sur le travail de quelqu’un.