Connaissez-vous : « Cadavres écrits » Alain MAUFINET

 

Bonjour,

 

« Cadavres écrits », voilà un recueil de nouvelles à découvrir en bord d’océan, au cœur d’un chalet de montagne, au fond de votre lit, dans un train ou lors d’un vol.

Je vous offre le début de mon écrit, mais vous en avez d’autres à découvrir. Vous voulez savoir celui que je préfère ? Lisez-le donc d’abord.

 

Les volets rouges.

« Il y a bien longtemps, j’étais en vacances chez mes grands-parents. Leur maison était située en bordure de ville. Au fond du jardin, une porte en fer donnait l’accès à un chemin étroit, bordant une petite rivière aux accents chantants. C’était le passage vers la campagne, les aventures champêtres.

La fin des grandes vacances approchait. Les premières bougies de mes douze ans étaient sur le point d’éclairer mon adolescence. Je devais bientôt rentrer au Lycée.

Ce jour-là, le ciel affichait, après avoir chassé les voiles monotones des nuages gris, des nuances où dominait un rouge violent. Cette teinte vive nous agressait brutalement, sombre présage. Je cheminais avec mon grand-père au milieu des vignes où le rouge et l’or des feuilles éclaircissaient la terre brune. Je m’étais écarté du chemin, aspiré par une force invisible.

C’est à la lisière d’un bosquet bordant un pâturage que j’ai aperçu les volets rouges d’une ferme endormie. Aucune vie ne l’animait, pas un seul aboiement ne brisait le silence. Le portail d’entrée s’inclinait vers une cour encombrée de débris de meubles. Intrigué, j’avais pointé mon doigt d’adolescent vers les murs gris que les lierres emprisonnaient. J’avais cru distinguer une ombre derrière une charrette brisée. Un craquement sinistre et le vol puissant d’un rapace avaient augmenté mon trouble. J’interrogeai mon grand-père qui m’avait suivi. Tout indiquait que les lieux avaient été quittés à la hâte. Mon aïeul évoqua, en soulevant les épaules, une ferme abandonnée depuis de longues années. Toutefois, j’avais perçu son embarras et une longue hésitation avant de me répondre. En m’éloignant, je vis une porte d’étable pivoter. Les grincements de ses gongs ressemblaient à un appel. L’on pouvait penser que le vent l’animait. »