Vends pot de moutarde seconde main.

Qui aurait cru, il y a encore quelques semaines, que cette purée jaune, odorante et piquante, qui neuf fois sur dix reste en quantité sur le bord de l’assiette, ou bien termine dans une sauce vinaigrette, annoncerait une révolution à venir ?

Et qu’elle serait aussi la preuve piquante que la planète ne tourne pas rond ?

Qu’elle deviendrait un cataplasme pour cataclysme politique !

Aujourd’hui, la moutarde fait grain dans les rouages d’un système menteur et  elle stigmatise  l’erreur et l’horreur humaine à la fois. Elle montre par son absence dans les rayons de nos magasins l’indolence des gouvernements régnants d’une part et la faiblesse du système commercial planétaire d’autre part, ceci pour l’erreur. Et pour l’horreur, regardez donc BFMTV, c’est évocateur, dramatique, téléguidé et sans appel.

Par son absence,  la moutarde dénonce  aussi les faux mariages et les vrais divorces des idéologies culinaires , et donc politiques, en ces temps de mixités excessives, dans  ce terne début de XXIe siècle. Et elle traduit l’horreur de la guerre,  jusqu’au barbecue de printemps d’une petite famille inconnue habitant en Lozère. Elle est aussi à elle seule, un camouflet climatique à des politiques absconses.

Pourquoi associer guerre et moutarde, me direz-vous, avec la raison du lecteur intelligent ? Puisque la raison principale de cette pénurie vient de l’Amérique du Nord et du Canada, et non de Russie, tabernacle ! Et bien parce que la mayonnaise médiatique prend, et sur l’air guerrier de la Marseillaise, à cause de ce conflit supposé Poutinesque de l’ours russe contre le coq nain de la Macronie. Les gens haïssent les Russes pour pénuries de moutarde et certains sont prêts à reprendre l’Ukraine aux Russes jaunes, baïonnettes aux canons.

L’Ukraine est-elle victime elle-même de la pénurie de moutarde, de même que la cantine de l’Élysée ? À ce jour nous ne le savons pas, mais avouez que ce serait affreux ! Même si je me doute que contrairement à nos baronets soi-disant républicains, les Ukrainiens n’ont pas spécialement la tête aux garden-parties.

Quoiqu’il en soit, l’huile, la moutarde, demain peut-être la farine ou le sucre et cet hiver, le gaz et le pétrole, manqueront très certainement et très cruellement. À cause de la guerre, du réchauffement climatique, de l’Europe, des dirigeants européens en mal de publicité électorale, des militaires, des oligarchies, des voyous et des combinards de tous poils.

Le monde pourrait-il monter en mayonnaise à cause de la moutarde ?

Yoann Laurent-Rouault.