J’écris cet article en résonance à celui de Yoann Laurent-Rouault, mon Directeur littéraire.
Il est temps que je vous parle de moi. De mes expériences. Et pourquoi j’en suis là.
C’est entre moi et vous.
En toute sincérité.
J’ai toujours eu envie d’écrire. Mais quand on a un bac S, puis qu’on poursuit par des études d’économie, rien n’est fait pour vous inviter à écrire… Sauf à écrire des livres universitaires, mais à mon époque, et d’ailleurs même toujours aujourd’hui, un étudiant ne peut pas marcher sur les plate-bandes de ses profs.
C’est donc à l’aube de la trentaine, fin des années 90, que j’ai commencé à écrire. Et donc à fréquenter le milieu des éditeurs.
D’abord, le jeune professeur que j’étais, passionné par son métier d’enseignant, bien plus qu’aujourd’hui (merci rouleau compresseur de l’uniformité made in Education Nationale), a voulu écrire un livre parascolaire pour ses élèves. Mon concept était original et novateur; j’ai trouvé preneur chez Bordas! Un éditeur si renommé pour commencer, quel bonheur pour le jeune homme que j’étais!
Alors je me suis mis à voir grand… C’était l’époque où Jostein Garder publia en France « Le monde de Sophie », un livré déjà best-seller international. L’auteur norvégien avait réussi à vulgariser la philosophie au travers d’un roman! J’ai voulu faire pareil pour l’économie. Il a appelé son héroïne Sophie (PhiloSophie)… Qu’est-ce qui ressemblait à « économie »? Nomie… Noémie!!! Voilà, Noémie! J’ai donc écrit un roman avec une héroïne prénommée Noémie. Jeune et grande. Comme par hasard… Et le nom du roman : « Noémie au pays de l’Éco ». Ca sonnait bien, me disais-je… Lu par Grasset, s’il vous plait… Avec les conseils personnels de son directeur littéraire Yves Berger qui me suggérait des améliorations… Mais le livre ne fut pas publié par la maison aux livres jaunes. Je tentais alors des dizaines d’éditeurs : refus, refus, refus… L’on m’interrogeait sur mes capacités à faire connaitre le livre. Vu que je n’étais pas connu, je ne savais que répondre! On n’était qu’à la fin des années 90 pourtant. Obstiné que je fus, ce livre a fini à compte d’auteur. Je ne citerai pas cette société qui l’a édité, car aujourd’hui je n’en suis pas fier. Il a fallu payer 20.000 francs et acheter 500 livres… Par contre, ils ont fait la couverture comme je voulais, avec la police que je voulais… J’étais un client. Normal : je payais. Mais en face, ce n’est pas ce qu’on peut appeler une « maison d’édition ». Juste un prestataire qui fait son chiffre sur les rêves et l’égo des auteurs. Noémie a réussi à convaincre, avec mes efforts, une bonne centaine d’acheteurs, et le stock restant, je finissais par l’offrir à mes différents élèves. Aujourd’hui, plus aucune trace de ce livre et ce n’est pas plus mal.
Dès l’année suivante, alors que le nouveau siècle pointait le bout de son nez, je m’étais dit que « Noémie au pays de l’éco » était un coup d’essai; mais le coup d’envoi devait être un livre qui allait davantage me caractériser. Je voulais écrire un roman d’anticipation se déroulant sur l’ensemble du vingt-et-unième siècle. L’histoire d’un enfant né en 2000… Racontée en 2100 par cet enfant alors devenu vieillard. Je m’y suis mis. Des heures, des jours à créer mes personnages, à les faire évoluer, à imaginer les situations, et surtout à imaginer le déroulé du nouveau siècle. L’intrigue se déroulant sur une ville flottante : Pacifica. Bon, dans mes anticipations, je suis passé à côté du COVID, mais j’avais parlé d’un Président dont le nom de famille commencerait par un M! Pur hasard je l’admets… Comme pour « Noémie au pays de l’éco », j’ai envoyé mon texte aux grandes maisons d’édition, aux moyennes, et à quelques petites… Cette fois c’est Albin Michel qui le trouvait intéressant, mais pas assez long, et bien sur mon CV ne laissait pas augurer d’un très gros potentiel commercial car j’étais toujours, à une trentaine d’années, un illustre inconnu. J’ai finalement été sélectionné par un petit éditeur nantais, Sol’Air, qui m’a juste demandé d’acheter une centaine de livres, ce que j’ai fait, en me promettant qu’il allait m’aider à les vendre. Ce qu’il a fait. Les 100 livres achetés lui ont assuré son fonds de roulement; quant à moi, j’ai été invité sur divers salons que faisait ce petit éditeur. Mieux que ça : des flyers ont été réalisés par l’éditeur en question, ont été distribués, et mon livre s’est fait connaitre… Tant et si bien qu’un morceau du livre a été joué par un théâtre amateur à Nantes! Quel plaisir ce fut de voir ses personnages sur scène! Ses répliques prononcées… De fil en aiguille, de radios locales en journaux locaux, Pacifica s’est vendu à 2000 exemplaires environ, ce qui, à l’époque, était un beau score, et serait aujourd’hui un très beau score!
L’année suivante, mon goût pour l’anticipation, ainsi que ma carrière naissante d’économiste, m’ont naturellement orienté vers la bourse, qui est devenue d’un coup une vraie passion. Une époque où les particuliers ne juraient que par la bourse, bulle internet oblige. Puis explosion de cette bulle : autant de fortune virtuelles déconstruites en quelques semaines. De rêves évaporés. Et d’un coup, les attentats du 11 septembre 2001… le krach boursier qui a suivi… des particuliers démunis, ne sachant que faire, et face à eux, une presse financière d’un autre temps. Passionné de bourse que j’étais devenu, tentant de comprendre les mécanismes du marché à l’aune de mes réflexions d’économiste, je me suis décidé à me lancer dans l’information boursière. Il y avait une vraie demande d’un éclairage nouveau, plus intuitif, plus économiste, moins technique, moins financier. Avec des associés, j’ai créé Francebourse.com, qui, en très peu de temps, est devenu un média de référence pour les particuliers qui investissent en bourse. De l’info, des interviews, des recommandations… Je me suis fait connaitre dans ce milieu. Emissions radio, TV, passage dans la presse (pas très tendre vu que j’étais un concurrent)… Restant passionné par le livre, j’ai voulu écrire un ouvrage sur la bourse. J’ai pris mon téléphone, j’ai appelé les éditions Gualino (désormais intégrées au groupe Lextenso, spécialiste des domaines juridique et financier), et suis carrément tombé sur Monsieur Gualino, qui m’a déroulé, à ma grande surprise, le tapis rouge, alors que je n’avais même pas de texte en mains! Juste quelques projets. Mais c’est normal : Francebourse.com, dont j’étais rédacteur en chef, était la valeur montante de son secteur, avec une très belle audience… Donc j’étais un auteur intéressant, voire très intéressant! Un éditeur est un chef d’entreprise qui doit faire tourner cette dernière : des salariés à payer, car c’est un métier très consommateur de ressources humaines, des locaux à financer, des déplacements, des restaurants, de la publicité, des outils internet à entretenir… Tout cela a un coût. Il m’a paru normal, étant moi-même devenu chef d’entreprise, que mon éditeur devait s’appuyer sur moi pour faire des ventes… Tandis qu’il ferait la couverture, la mise en page, aiderait de son côté à parler du livre, etc. En un an, je n’ai pas écrit un mais deux livres sur la bourse! Le premier « Quand j’ai commencé à gagner en bourse, personne ne m’a cru », s’est vendu à 2000 exemplaires, et le deuxième, « Le penny-stock trading » a véritablement fait un carton plein. Une bonne quinzaine d’années après, je n’ai plus les chiffres en tête mais il me semble que j’ai dépassé les 6.000 ventes. Ce qui classe le livre dans les best-sellers de sa catégorie. Mes lecteurs se sont rués sur ce livre, et j’avais à cette époque une des plus belles communautés dans le milieu des « boursicoteurs »… Mais le livre m’a aussi amené de nouveaux abonnés à Francebourse! Beaucoup de gens m’ont connu grâce au succès du livre, car un succès, cela fait boule de neige, et même si vos premiers lecteurs sont ceux qui vous connaissent, le succès amène le succès… Par le bouche-à-oreille, mais aussi par la notoriété tout simplement! Les bons classements sur Amazon attirent le monde, comme c’est le cas pour une boutique pleine par rapport à une boutique vide. Vous choisissez sans même vous poser de questions, la boutique pleine. Sauf peut-être en période de Covid, et encore!
Les livres : de mieux en mieux, me suis-je dit! Et j’ai continué d’écrire sur le domaine financier. Mais avec la crise de 2008, mes livres se vendaient de moins en moins. Quand j’étais à 500 ventes, je finissais par être content. Alors, j’ai voulu me repenser, me réinventer. Et avec mon éditeur, j’ai créé la collection « 100 pages pour comprendre », toujours chez Gualino/Lextenso. Me voilà donc, au début des années 2010, directeur de collection. Des livres plus modernes, avec une certaine interactivité, un certain dynamisme et des thèmes dépassant le cadre de la bourse. La collection commençait à prendre de l’ampleur mais des divergences de points de vue naissaient entre mon éditeur et moi. Des divergences telles qu’à un moment, nous décidions d’un commun accord d’arrêter de collaborer…
Et voilà… En 2015 je me retrouvais sans éditeur. L’auto-édition était la mode montante, promettant aux auteurs monts et merveilles. Ne souhaitant pas chercher un nouvel éditeur, et ne souhaitant surtout pas arrêter d’écrire faute d’éditeur, je me suis lancé dans l’auto-édition… Quelle horreur! Pas pour moi… Il faut tout faire, la mise en page, la couverture, la promotion… et en plus il faut payer (pas des sommes très importantes mais quand même…). Aucun regard d’un professionnel… Et finalement votre livre n’est pas beau, et il est perdu au milieu de nulle part. Ayant tenté cette expérience, je me suis dit : plus jamais!
Puis j’en ai eu marre! Pas d’éditeur, pas d’auto-édition… je fais quoi? On n’est jamais mieux servi que par soi-même n’est-ce pas? J’ai appris à connaitre le métier d’éditeur, c’est un métier passionnant… J’ai alors voulu l’imaginer complètement différemment de toutes les normes en vigueur… Eh bien j’ai décidé d’investir mes deniers, d’utiliser mon carnet d’adresses et mon immense expérience du monde financier pour lever des fonds… Et je suis dit que j’allais créer MA maison d’édition… Et qui m’aime me suive !
Janvier 2017 : Oui, je lui donnerai mon nom… Mais il est trop long, et sa consonance ne plaira pas à tous (il faut être franc avec soi-même)… Mes… Mes initiales sont top! Déjà connues dans le milieu boursier, il ne restait qu’à les faire connaitre dans le monde éditorial. Est née JDH EDITIONS! Plusieurs personnes de mon réseau ont publié dans cette toute nouvelle maison, dont le célèbre journaliste des années 80 Jean-Claude Bourret… L’aventure était née. Et tout ou presque était réinvesti pour le développement.
Ca va faire 4 ans! Et Francebourse est toujours là. Et bien là. Et pour longtemps encore. Et rendra toujours service à ses lecteurs.
A à ceux qui me demandent comment je peux faire plusieurs métiers, je réponds :
-Premièrement je n’en fais qu’un seul : LES MEDIAS. Car le livre EST un média. C’est grâce au livre de Soljenitsyne que le Goulag a été découvert… Quel média plus puissant? Je suis un homme de médias : livres, sites internet, émission TV, lettres de presse, etc etc. C’est ma passion. Même être prof (je le suis encore à mi-temps) c’est être soi-même un média… Transmettre…
-Deuxièmement, heureusement pour moi je m’entoure. Je ne suis pas un homme-orchestre mais un chef d’orchestre. Et un chef d’orchestre n’est rien sans son orchestre. Je suis un entrepreneur et non un auto-entrepreneur. Je m’entoure car je ne suis pas obsédé par l’idée d’être seul à tout penser, tout décider et tout se mettre dans la poche. Non, tout se partage. Je préside, c’est tout.
Jean-David HADDAD