L’article 2
« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. » L’article deux est très important, car il proclame 4 « droits naturels et imprescriptibles de l’homme », à savoir la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. Les pensées de Saint Augustin, et de John Locke (traité du gouvernement civil, 1690) sont vraisemblablement fondatrice de cet article, de même que les écrits de Denis Diderot sur quelques articles de son « encyclopédie ». Pour jouir pleinement de trois de ces droits sacrés indispensables à la vie civile d’un individu intégré, il faut cependant faire montre d’un certain courage, même si la résistance à l’oppression est un droit, l’exprimer peut coûter cher. Le confort de vie de notre époque, la longévité de l’existence humaine et les pensées prémâchées livrées en barquettes lyophilisées par le mondialisme latent, nous éloigne de ce quatrième droit. Pire, de récents sondages d’opinion montreraient qu’une partie non négligeable de la population souhaiterait que l’état dirige encore davantage leurs vies. Les libertés individuelles s’effaçant peu à peu du paysage civil, je ne peux, comme d’autres heureusement, que m’en alarmer. De la ceinture de sécurité obligatoire, de la prévention tapageuse à la notion persistante de « vie à tout prix », en passant par les obligations légales constantes et verbalisables, je me réclame de ce droit de résistance à l’oppression de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Ce n’est pas que j’encourage ici la désobéissance civile ou l’anarchie, mais je ne suis pas né à une époque où le « plus le droit de rien » régnait. La censure est aujourd’hui redevenue ministre de l’information et l’information elle-même ressemble davantage à de la propagande qu’à de l’information. La France est à la trente-huitième place au classement de la liberté de la presse au jour où j’écris ces lignes. N’oublions pas que tout auteur est aujourd’hui soumis à des dictats et se doit de choisir finement son vocabulaire pour ne pas avoir à subir les foudres juridiques ou bien être frappé d’interdiction de publication. Il est de plus en plus difficile de dénoncer et de citer. Pourtant, c’est là deux bases et deux droits fondamentaux du métier d’auteur et d’éditorialiste. Ensuite, du point de vue d’un simple citoyen, je constate que nos pouvoirs politiques successifs ont petit à petit placé leurs communications avec le peuple, comme leurs décisions, sous le signe de l’infantilisation, avec pour ascendant la pensée unique et pour décan l’arrogance du pouvoir. La pensée unique est le mal du siècle, et ce mal engendre une régression des savoirs et de la valeur du libre arbitre et entraîne donc en conséquence un phénomène de servilité imbécile de la population. La dictature sanitaire récemment vécue est le meilleur exemple pour tous les critères évoqués précédemment. Un ministre demandera à l’opposition de sortir de l’assemblée, un gouvernement fera établir des autorisations de sorties à ses citoyens, un président de la République française se verra « en père de la nation’ et il argumentera sur le sacrifice de sa personne et sur son potentiel suicide politique dans chacun de ses discours. Ce qui n’est pas sans rappeler une certaine époque, pourtant décrite comme noire dans tous les manuels scolaires. Ce test républicain « de la résistance du peuple à l’autorité » que nous avons récemment vécu n’est pas sans contrarier deux des fondamentaux de l’article 2 de la déclaration, à savoir la liberté et la résistance à l’oppression. Au principe de la sûreté évoqué dans cet article 2, le gouvernement a empêché de vivre ses citoyens. C’est là un paradoxe sans précédent. À tous les partisans de la vie à tout prix, je ferai cependant remarquer humblement que le fait de vivre tue irrémédiablement. Que donner la vie à un enfant, c’est aussi fatalement lui donner la mort. La tendance politique observable dans notre pays est la fabrication de périls dont l’état cherche ensuite à nous protéger tout en s’assurant la propagande nécessaire. Ce qui est aussi une forme d’oppression.
Yoan Laurent-Rouault, extrait du dossier documentaire sur les 6 déclarations qui ont changé le monde, Atemporel Hors série à paraitre.