Et moi et moi et moi…

Et moi et moi et moi…

Personne n’en sortira indemne de cette politique désastreuse appliquée par nos élites à la petite semaine. Il en ressort, parole de matelas, que la société française n’a jamais été aussi fracturée. Anti-masques contre pro masques, anti-vaccin contre provaccination, applaudisseurs sur balcons contre complotistes, observateurs pacifiques contre militants radicaux…

Et moi et moi et moi, avec mon passe sanitaire, j’y pense et puis j’oublie, c’est la vie, c’est la vie…

Au nom de la liberté d’agir et de penser, certains sont prêts à prendre tous les risques. Au nom de la sécurité et de l’ordre administratif souverain, certains gobent en grand tout ce qu’on leur dit. Les déjà vieux veulent vivre centenaires et se foutent de leurs engeances et de leurs vies comme de leurs premières cotisations sociales, les jeunes veulent vivre tout court et pensent que les vieux ont fait leurs temps, les entre deux âges finiront par choisir un camp qui sera forcément le leur et celui de leur banquier.

Et moi et moi et moi, avec mon petit chèque de fin de mois,  mon chômage en fin de droit, j’y pense et puis j’oublie, c’est la vie, c’est la vie…

Les intellectuels philosophent de comptoir en comptoir, les historiens comparent la situation avec les grands fléaux d’autrefois sans trouver de solutions, les chroniqueurs débitent vérités sur vérités et elles ne sont que les leurs, les artistes cautionnent ou se révoltent, les journalistes changent de camps comme de cravates, les politiques perdent toutes crédibilités dans cet état d’après travaux, l’opposition ne propose rien et fait naufrage avant même de monter dans le bateau et l’audimat s’enflamme ponctuellement quand un nouveau virus attaque un pangolin.

Et moi et moi et moi, avec ma vie, mon petit chez-moi, mon mal de tête, mon point au foie, j’y pense et puis j’oublie, c’est la vie, c’est la vie…

Sur les réseaux sociaux, les types censés ferment leurs comptes ou s’absentent pour cause d’écœurement, les haineux  y déversent de pleines brouettes de merdes et  les débiles leurs avis cons. Demain sur les tombes les blés seront plus beaux clament les poètes perchés sur la branche. Dans la rue, les masques pourtant plus obligatoires, refleurissent et repoussent jusque dans les voitures, comme pour un meilleur avril et moi et moi et moi, avec ma voiture et mon chien, son Canigou quand il aboie, j’y pense et puis j’oublie, c’est la vie, c’est la vie…

Pour l’ordre et la sécurité, on assassine la liberté avec la caution de la pensée unique,  on tremble dans les foyers quand papa est bourré, on pleure dans les chaumières quand maman prend des cachetons,  on s’inquiète du lendemain quand on regarde son relevé de compte, on se suicide quand on en peut plus de trop de conneries,  de solitudes et de tourments  et en attendant, on picole en solo sur canapé devant la télé le samedi soir, et moi et moi et moi, avec mon régime végétarien et tout le whisky que je m’envoie, j’y pense et puis j’oublie, c’est la vie, c’est la vie….

On ne remerciera jamais assez notre bon gouvernement, qui se veut le plus beau et se rêve immortel, qui se prend pour la solution, qui désinfecte façon Urgo, qui lave plus blanc que gris, qui cherche et qui ne trouve rien, qui pense mal et qui ne fait pas bien, qui opprime et ça ne sert à rien, qui bande mais qui reste mou, et moi et moi et moi, le dimanche à la chasse aux lapins, avec mon fusil, je suis le roi, j’y pense et puis j’oublie, c’est la vie, c’est la vie…

YLR