Être élu.

Être élu.

 

Jeune, j’y pensais. Mes premiers pas pour représenter mes camarades de classe n’ont pas été couronnés de succès.

Plus tard, j’ai appris. J’ai appliqué quelques mécanismes simples, beaucoup d’engagement et de conviction. J’ai été élu. Grand moment s’il en est. Aujourd’hui, je dois l’admettre, le seul moment de grâce, c’est celui où votre nom l’emporte. Il faut en profiter, car il est unique. À cet instant, l’on sait que l’on a su convaincre, faire gagner ses idées, fédérer le plus grand nombre. Très vite, les divisions ressurgissent. Certains changent d’avis, d’autres se font exigeants. La majorité acquise ne dure jamais, car les déçus n’acceptent pas de l’être, car ceux qui comptaient devenir influents sont mortifiés. Alors, une deuxième aventure très compliquée s’ouvre à vous. Il faut rassembler une majorité, négocier et naviguer comme un capitaine au long cours qui affronte chaque jour des courants contraires, des vents changeants, des vagues destructrices. Tous vos interlocuteurs ne sont pas animés des meilleures intentions.

Revenons sur le grand jour, celui de l’élection. Les sourires s’alignent, ils ne sont pas tous sincères. Les accolades se multiplient, elles dissimulent des sentiments contraires. Très vite, on vous reprochera de vous entourer de vos plus fidèles soutiens. Ne pas le faire n’est pas naturel et ne calmera pas les dissentions naissantes. Alors, restez à l’écoute. Sachez, vous remettre en question. Restez ferme, sans être trop rigide. Ne donnez pas l’impression de mépriser qui que ce soit. Le plus compliqué est de trouver un accord avec certains de ses opposants, sans perdre la face et en évitant de la leur faire perdre…enfin, débrouillez-vous pour tenir la barre. Les conseilleurs seront nombreux…

On peut aimer et perdre son âme. On peut préférer rester libre et souvent désagréable…