Interview de Alkéos Michaïl :

1) Bonjour Alkéos Michaïl, c’est un plaisir de vous interviewer, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Bonjour Vincent, je vous remercie pour votre invitation. Je suis docteur en mathématiques et expert en intelligence artificielle. Je suis cofondateur du think tank « 4ème Révolution », créé en 2020 avec Gilles Martin, fondateur de PMP Conseil et Jean-Marc Janaillac, administrateur de sociétés et ancien PDG d’Air France-KLM. Notre mission est de mieux anticiper et aborder la 4ème Révolution industrielle, en créant notamment un espace unique d’échange entre dirigeants de grands groupes, startupeurs et chercheurs académiques. Je suis également le CTO de l’entreprise de biotechnologies AgenT, où, grâce à une recherche de pointe combinant intelligence artificielle et neurosciences, nous développons le premier diagnostic sanguin précoce de la maladie d’Alzheimer. Ce travail a le potentiel de transformer la vie de millions de personnes en détectant la maladie avant les premières lésions cérébrales irréversibles. Par ailleurs, je suis un conférencier actif sur les sujets de l’IA et de la quatrième révolution industrielle, intervenant auprès de divers publics tels que des entreprises et des universités.

2) Pouvez-vous nous dire ce qui vous a poussé à effectuer un doctorat en mathématiques et comment cela a façonné vos opportunités professionnelles, notamment dans le domaine de la recherche et au-delà ?

Je suis passionné de mathématiques et de philosophie, deux domaines qui, bien que souvent considérés comme distincts, se rejoignent de manière fascinante lorsque l’on explore les mathématiques à un niveau avancé. Mon doctorat en mathématiques, centré sur les matrices aléatoires, en est une illustration parfaite. Ce domaine, initialement lié à la physique des noyaux atomiques, nous conduit à des questions philosophiques profondes, telles que celle de l’universalité. Ce concept d’universalité est également présent dans des théorèmes bien connus, comme le célèbre théorème central limite de Pierre-Simon de Laplace. L’universalité met en lumière la manière dont le chaos, composé de divers aléas, finit toujours par se canaliser vers une forme d’ordre, représenté par une loi mathématique unique. A la suite de mon doctorat, j’ai eu l’opportunité d’être attaché d’enseignement et de recherche pendant deux ans au sein d’un laboratoire parisien du CNRS. Cette expérience m’a permis d’approfondir ma recherche en mathématiques et de transmettre mes connaissances aux futures générations de mathématiciens. À la fin de ces deux années, j’ai cofondé le think tank 4ème Révolution tout en continuant mes recherches au sein d’AgenT, qui combine neurosciences et Intelligence artificielle.

3) Pouvez-vous nous parler de votre rôle au sein d’AgenT et du fonctionnement de l’entreprise, notamment de ces projets ?

AgenT est une startup de biotechnologies basée à Station F, à Paris, qui développe des technologies innovantes au croisement des neurosciences et de l’intelligence artificielle. Notre objectif est audacieux mais fondamental : révolutionner le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Nous travaillons à développer des tests sanguins innovants capables de détecter la maladie jusqu’à 20 ans avant l’apparition des premiers symptômes et des lésions cérébrales irréversibles. En tant que directeur de la technologie (CTO) chez AgenT, je supervise l’ensemble des sujets liés à l’intelligence artificielle au sein de la recherche de l’entreprise. Nous utilisons des algorithmes de machine learning avancés pour analyser des données biologiques complexes, ce qui nous permet de déceler des schémas qui sont invisibles à l’œil humain et inaccessibles par les méthodes de diagnostic traditionnelles. Je suis actuellement impliqué dans plusieurs projets de recherche et de développement, notamment ceux liés aux tests B-HEALED™ et B-AHEAD™. Ces tests sont alimentés par des panels de biomarqueurs multi-omiques propriétaires et interprétés par des algorithmes d’apprentissage machine avancés. Le test B HEALED™, par exemple, a atteint une spécificité de 92,0 dans la détection des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, réduisant ainsi par trois le taux de faux positifs par rapport aux diagnostics actuels, comme l’imagerie PET amyloïde et les analyses du liquide céphalo-rachidien. Ces études, maintenant validées cliniquement, ont été menées en partenariat avec des institutions et hôpitaux universitaires internationaux de renom, attestant de la fiabilité de notre modèle. Actuellement, nous concentrons nos efforts sur l’accélération de la mise sur le marché de ces tests sanguins, d’autant plus que les premières thérapies contre la maladie d’Alzheimer, actuellement disponibles uniquement aux États Unis, montrent une efficacité accrue chez les individus dont les troubles cognitifs sont encore à un stade précoce. La maladie d’Alzheimer est une épidémie silencieuse qui touche des millions de vies, et notre mission est de changer le paradigme du diagnostic et du traitement. C’est cette vision qui guide chaque décision que nous prenons chez AgenT, et c’est ce qui nous motive chaque jour à repousser les limites du « technologiquement possible ». Nos derniers résultats, présentés lors de la Alzheimer’s Association International Conference (AAIC) 2023 à Amsterdam, montrent notre capacité à être à l’avant-garde de cette évolution cruciale dans le domaine de la santé.

4) Vous avez co-fondé le think tank « 4ème Révolution ». Pouvez-vous nous expliquer son fonctionnement ?

Le think tank « 4ème Révolution » est un espace unique d’échange et de réflexion qui rassemble des dirigeants de grands groupes, des startupeurs et des chercheurs académiques. Notre mission est de mieux anticiper et aborder les défis et les opportunités de la quatrième révolution industrielle. Pour ce faire, nous organisons régulièrement des tables rondes, des séminaires et des ateliers où des experts en divers domaines peuvent confronter leurs idées, s’inspirer mutuellement et collaborer.

L’objectif est de créer un écosystème d’idées et de solutions qui peuvent être déployées de manière pragmatique pour relever les défis complexes que nous impose la quatrième révolution industrielle. Ce faisant, nous espérons contribuer à une meilleure compréhension et à une meilleure gestion des transformations rapides et inéluctables que notre société est en train de vivre.

5) Qu’est-ce qui a été le catalyseur ou l’impulsion initiale qui vous a conduit à co-fonder le think tank « 4ème Révolution », et comment cette initiative s’inscrit-elle dans votre vision plus large des défis et des opportunités de la quatrième révolution industrielle ?

La genèse du think tank « 4ème Révolution » fait suite à une prise de conscience collective. En travaillant dans le domaine de la biotechnologie et de l’intelligence artificielle, il m’est apparu clairement que nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère technologique qui va redéfinir non seulement notre façon de vivre, mais aussi notre façon de penser. Cette quatrième révolution industrielle, caractérisée par la fusion de technologies physiques, numériques et biologiques, présente des opportunités immenses, mais aussi des défis éthiques et sociaux considérables. Le catalyseur a été une série de discussions avec mes co-fondateurs, Gilles Martin et Jean-Marc Janaillac, au cours desquelles nous avons constaté que, malgré les avancées technologiques, il y avait un défaut manifeste de dialogue interdisciplinaire. Les grandes entreprises, souvent dotées des ressources permettant de démocratiser les dernières innovations, les startups, généralement les premières à implémenter et tester les nouvelles technologies, et le monde académique, dans lequel ces technologies sont souvent découvertes ou améliorées, opèrent souvent en silos. Chacune des ces structures apporte une contribution singulière, et nous avons souhaité créer un espace où ces différentes perspectives pouvaient se rencontrer, se confronter, se compléter et permettre ainsi l’émergence d’une complémentarité et d’une synergie féconde. C’est dans cet esprit que le think tank « 4ème Révolution » a vu le jour, avec pour ambition de devenir une sorte de « Nouvelle Athènes » pour le 21ème siècle. Un espace de dialogue et de réflexion, au sein duquel différentes parties prenantes peuvent collaborer pour naviguer dans cette nouvelle ère. Notre mission est de bâtir des ponts entre ces mondes souvent isolés, pour favoriser une appropriation à la fois plus éthique et plus efficace des technologies émergentes. Cette initiative s’inscrit parfaitement dans ma vision plus large des défis et des opportunités de la quatrième révolution industrielle. Elle me permet de mettre en application mes compétences en mathématiques et en intelligence artificielle dans un contexte allant au-delà des applications médicales spécifiques que nous développons chez AgenT. En fin de compte, il s’agit de comprendre comment nous pouvons utiliser ces technologies, non seulement pour améliorer la santé et le bien-être, mais aussi pour créer une société plus juste, plus durable et plus inclusive.

6) Quelle est la singularité de la quatrième révolution industrielle et quelle trajectoire pensez-vous qu’elle dessine pour notre futur ?

La quatrième révolution industrielle est une bascule sans précédent qui se distingue par la convergence et l’interaction de domaines technologiques autrefois séparés : le numérique, le physique et le biologique. Pour bien comprendre sa singularité, il est utile de se rappeler brièvement des trois premières révolutions industrielles. La première a été marquée par la mécanisation et l’utilisation de la vapeur, la deuxième par l’électrification et la production de masse, et la troisième par l’informatisation et l’automatisation. Ces trois premières révolutions ont principalement modifié notre environnement externe. Elles ont transformé la manière dont nous produisons des biens, communiquons et interagissons avec le monde qui nous entoure. La quatrième révolution industrielle, quant à elle, va plus loin : elle a le pouvoir de modifier à la fois notre environnement externe et l’humain lui-même, de l’intérieur. Par exemple, les avancées en génomique et en édition génique comme CRISPR permettent désormais des interventions au niveau même de notre ADN. Que ce soit par la biotechnologie, la neurotechnologie ou l’intelligence artificielle, nous sommes en train de redéfinir ce qu’est l’être humain. Le fait nouveau dans la quatrième révolution est qu’elle est beaucoup plus rapide que les précédentes, avec des cycles d’innovation de plus en plus courts. Elle est également plus globale, touchant presque tous les aspects de notre existence, de notre santé à notre économie, en passant par notre environnement et nos interactions sociales. Où nous mène cette révolution ? Je pense que nous sommes à la croisée des chemins. D’un côté, elle représente une opportunité extraordinaire pour résoudre de nombreux problèmes tels que les maladies incurables, la pauvreté, le changement climatique, etc. D’un autre côté, elle soulève des questions éthiques et morales complexes, notamment en ce qui concerne la protection de la vie privée, le risque de désinformation (fake news, deepfake), la sécurité et les inégalités sociales. Des études récentes ont mis en évidence, par exemple, les risques potentiels liés à l’utilisation abusive de la reconnaissance faciale et des algorithmes de décision automatisés dans des contextes tels que la justice pénale. La trajectoire que prendra cette révolution dépendra en grande partie de la manière dont nous, en tant que société, choisirons de la construire. C’est précisément pour cette raison que des espaces de dialogue et de réflexion comme notre think tank « 4ème Révolution » sont si cruciaux. Ils nous permettent de prendre du recul, de comprendre les implications à long terme de nos choix technologiques et de guider notre trajectoire de manière éthique et durable. C’est un voyage vers un avenir incertain, il ne tient qu’à nous de le rendre radieux.

7) Comment l’IA transforme-t-elle la médecine et quels sont les principaux défis éthiques et
techniques associés ?

L’intelligence artificielle est en train de révolutionner la médecine de manière significative. En cardiologie, des algorithmes d’IA comme ceux développés par la startup Cardiologs permettent d’analyser des électrocardiogrammes et de diagnostiquer en quelques minutes seulement diverses pathologies cardiaques. En radiologie, l’IA excelle dans la détection précoce de tumeurs sur des radiographies, surpassant souvent les radiologues humains. Cependant, les machines et les humains ne commettent pas les mêmes types d’erreurs, ce qui suggère que l’approche optimale pourrait être une collaboration entre les deux. En ophtalmologie, comme le montre le travail de Google Deepmind, des algorithmes d’IA peuvent diagnostiquer jusqu’à cinquante maladies oculaires à partir d’une simple image de l’iris.

Cependant, l’application de l’IA à la médecine n’est pas sans poser un nombre de difficultés. Les données biologiques, complexes, nécessitent des algorithmes sophistiqués pour leur analyse. De plus, il y a le problème crucial de l’explicabilité. Contrairement à d’autres domaines, en médecine, il est impératif que les décisions prises par les algorithmes d’IA soient explicables, tant pour des raisons éthiques que pour faire progresser la recherche. C’est pourquoi des algorithmes plus transparents sont souvent privilégiés par rapport aux « boîtes noires » du deep learning. L’usage de « boîtes noires » en intelligence artificielle n’est pas nécessairement à éviter en médecine, mais plutôt à utiliser avec prudence. Il est vrai que ces algorithmes peuvent être extrêmement puissants et efficaces. Le défi réside dans l’équilibre entre leur puissance prédictive et la nécessité de comprendre leurs mécanismes de décision, surtout dans un contexte médical où chaque décision peut avoir des conséquences graves.

Historiquement, la médecine a été principalement curative, se concentrant sur le traitement des maladies lors de l’apparition des symptômes. Avec l’avènement de technologies plus avancées et de l’IA, nous nous dirigeons vers une médecine plus préventive. Des algorithmes peuvent maintenant analyser des données de santé en temps réel et prédire des risques avant même que les symptômes ne se manifestent, permettant ainsi une prise en charge plus précoce avec une amélioration du pronostic. La prochaine étape sera certainement la médecine corrective. Imaginez des algorithmes qui non seulement détectent une maladie en cours mais aussi recommandent des modifications génétiques ou moléculaires pour éliminer la maladie à la source, comme le permettent des techniques CRISPR en modifiant le génome.

Ces trois approches de la médecine pourront, grâce à l’IA, coexister et se compléter pour améliorer et transformer le système de santé. Cela passera par un changement radical des méthodes de travail incluant une collaboration étroite entre médecins et mathématiciens. L’objectif, certes utopique, est qu’un jour l’humanité soit débarrassée de la maladie et de la souffrance.

8) Quelles autres innovations technologiques, au-delà de l’IA et des biotechnologies, considérez-vous comme ayant le potentiel d’influencer ou de transformer profondément la société et l’industrie ?

Dans le panorama technologique contemporain, quatre innovations, en particulier, semblent porter en elle une promesse de transformation de la société de demain. Les technologies de l’énergie propre et durable, telles que la fusion nucléaire, qui promet une source quasi-illimitée d’énergie propre, ou les batteries au lithium-soufre, qui rendront les véhicules plus efficaces et abordables, modifierons potentiellement notre manière de consommer de l’énergie et la rendront probablement accessible à tous, même dans les régions défavorisées.

Parallèlement, la blockchain et les technologies de registres distribués redéfinissent notre conception de la confiance dans le monde numérique. Ces technologies s’érigent en tant que piliers révolutionnaires avec des applications allant de la logistique à la propriété intellectuelle. Leur système de registre décentralisé et immuable pourrait, par exemple, automatiser et sécuriser les chaînes d’approvisionnement alimentaire, offrant une traçabilité totale, ou même éliminer la nécessité d’intermédiaires dans le secteur financier, réduisant les coûts et augmentant la sécurité. S’ajoute à cela l’hyperconnectivité qui résultera de l’internet des objets, et nous amènera à optimiser la gestion urbaine, améliorer les diagnostics médicaux ou encore contribuer à une utilisation plus efficace des ressources naturelles.

Enfin, les technologies de réalité augmentée et de réalité virtuelle se diversifient dans des secteurs comme l’éducation, la santé et le divertissement. Tandis que la réalité augmentée pourrait contribuer au développement de méthodologies pédagogiques novatrices et assister les professionnels de la santé dans des procédures complexes, la réalité virtuelle ouvre la voie à des environnements immersifs utilisables dans des formations professionnelles avancées ou des thérapies psychologiques.

Nous ne sommes qu’aux phases initiales de la quatrième révolution industrielle, et les technologies que nous considérons aujourd’hui comme novatrices pourraient bien être que le prélude à d’autres innovations bien plus interessantes. À titre d’exemple, la blockchain, née de travaux tels que ceux de Bayer, Haber et Stornetta dans les années 1990, a évolué pour devenir l’ossature du Bitcoin en 2008. Aujourd’hui, cette technologie commence déjà à impacter des domaines tels que ceux de la finance, de la logistique ou de la gouvernance, illustrant par là même la manière dont une innovation peut mûrir pendant plusieurs décennies avant d’exercer son impact maximal. L’horizon de l’innovation est peuplé d’éléments imprévisibles, et la technologie qui façonnera le monde de demain pourrait bien être encore totalement inconnue.

9) Vous avez effectué un nombre important de conférences, selon vous, quelles sont les clés pour captiver son auditoire ?

Captiver son auditoire pendant une conférence est un art subtil qui va bien au-delà du simple partage d’informations. A mes yeux, l’interaction est au cœur de toute bonne présentation. Interagir avec son public en posant des questions ou en sollicitant des commentaires crée une sorte de conversation dynamique, qui va bien au-delà d’une simple transmission unidirectionnelle d’informations. Cette approche engagée rompt la monotonie et aide à maintenir l’attention des participants.

Les anecdotes et l’humour sont également des outils puissants pour créer une connexion émotionnelle. Ces éléments ajoutent une touche humaine qui rend la présentation plus mémorable. Ils engagent le public sur un plan émotionnel, ouvrant ainsi la porte à une meilleure réception des idées plus abstraites ou complexes.

Aussi, les nombres et les statistiques, surtout quand ils sont surprenants ou choquent les préjugés communs, ajoutent une couche d’intrigue et d’intérêt à votre message. Ils parlent à la raison et fournissent un solide appui factuel à vos propos, ce qui est particulièrement important quand il s’agit de persuader un auditoire sceptique. Pour les sujets techniques ou complexes, les analogies et les métaphores sont des aides précieuses. Elles fonctionnent comme des ponts cognitifs, aidant l’auditoire à traverser la rivière d’un concept difficile en s’appuyant sur une idée plus familière. Comparer, par exemples, les particules subatomiques à une partie de billard cosmique peut démystifier des concepts autrement intimidants.

Enfin, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de l’authenticité. Un orateur passionné et sincère est souvent bien plus convaincant qu’un expert déconnecté, indépendamment de la qualité de ses diapositives. Une conférence réussie est moins une performance qu’une forme de dialogue enrichissant, une expérience partagée qui informe, inspire, et au mieux, transforme votre auditoire.

10) Si vous aviez un conseil à donner à nos lecteurs, quel serait-il ?

Si je pouvais offrir un conseil à nos lecteurs, ce serait d’aborder l’avenir technologique non pas avec crainte, mais avec une curiosité engagée. L’incertitude qui accompagne l’innovation technologique peut souvent générer de l’anxiété. En effet, chaque percée majeure nous fait naviguer en eaux inconnues, et il est naturel de se demander si le navire de la civilisation est en train de s’écarter de son cap moral ou éthique.

Ces craintes sont exacerbées quand des figures influentes tirent la sonnette d’alarme. Prenez par exemple la lettre ouverte du 29 mars dernier, signée par des sommités de l’intelligence artificielle comme Yoshua Bengio et Elon Musk, qui a mis en ébullition tout le paysage de l’innovation. La lettre mettait en avant les « graves risques pour la société et l’humanité » liés au développement non contrôlé de l’intelligence artificielle. Des moments comme celui-ci peuvent sembler donner du poids à ceux qui plaident pour un arrêt ou un ralentissement de l’innovation, souvent sous le couvert de préoccupations éthiques ou morales.

Néanmoins, il est crucial de distinguer la technologie elle même de l’usage que nous en faisons. Ce n’est pas l’outil, mais la main qui le tient, qui peut faire le bien ou le mal. De plus, nous devrions être prudents avant de céder à des appels pour mettre des freins à l’innovation scientifique. L’histoire nous rappelle des exemples, comme le cas de Galilée, où la peur et l’incompréhension ont entravé le progrès et fait retarder des découvertes qui étaient finalement bénéfiques pour l’humanité.

Il est vital de se souvenir que nous sommes les bâtisseurs de notre futur. Plutôt que de se tenir à distance par peur de l’inconnu, engageons-nous à être des acteurs conscients dans la création d’un avenir qui reflète nos valeurs et aspirations communes. La frontière entre le présent et le futur n’est rien de plus qu’une ligne imaginaire, un seuil que nous franchissons à chaque instant. En traversant cette frontière avec intention et espoir, nous métamorphosons l’inconnu en une aventure pleine de promesses. Continuons à repousser les limites de la science, de la technologie et de la créativité, et gardons à l’esprit que chaque moment présent est une opportunité d’initier un changement positif qui perdurera dans le temps, car comme nous le rappelle un proverbe chinois :

« Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment, c’est maintenant. »