Prologue du Pentacle de Vénus

Dans toute l’Europe, les tribunaux de l’Inquisition allumaient ces sinistres bûchers où se consumaient vives des innocentes. L’obscurantisme du Moyen-âge réclamait des boucs émissaires aux catastrophes climatiques, aux mauvaises récoltes, aux épidémies et autres famines. En réponse à tous ces maux, les inquisiteurs accusaient de sorcellerie les guérisseuses de campagne, les rebouteuses et les sages femmes. Ces dernières pratiquaient le crime d’avortement. Les paysans tenaient pour responsables de maintes calamités ces femmes étranges. Qu’une sorcière fut brûlée en place publique suffisait à calmer la vindicte populaire.

La population européenne connut un véritable « gynécide ». Des villages entiers furent dépeuplés de leurs femmes, particulièrement en Germanie où le zèle des inquisiteurs atteignit un apogée funeste. Le traité de démonologie « Le marteau des sorcières » (Malleus Maleficarum) constituait le bréviaire de ces bourreaux. L’auteur de cet ouvrage misogyne, Henri Institoris, était le plus acharné d’entre eux. Son livre ciblait les femmes et leur sexualité jugée malsaine. Par exemple, la masturbation ne pouvait être qu’inspirée par le Diable. Les veuves, les « filles-mères », les prostituées, les lesbiennes étaient considérées comme suspectes. Une femme célibataire ou faisant commerce de ses charmes ne pouvait être que la maîtresse du Démon. Les paysannes difformes (bossues, pied bot, doigt surnuméraire, etc.) étaient suspectées de sorcellerie. Acheter un philtre ou un onguent à une « sorcière » était aussi très mal vu par l’Inquisition. Il va sans dire que les dénonciations allaient bon train. Se débarrasser d’une personne gênante en l’accusant de sorcellerie était monnaie courante en ces temps de superstition.

Au Moyen-âge, cent mille femmes environ furent brûlées vives en Europe. Ces persécutions massives prirent fin dans le courant du XVI siècle sous l’influence des humanistes. Les sorcières moyenâgeuses, détentrices de remèdes ancestraux se transmettaient leur savoir de génération en génération. Elles concoctaient des tisanes et potions à base de plantes (les simples) et soulageaient les maux des hommes comme des bêtes. Cependant, les paysans craignaient ces guérisseuses. Superstitieux, ils croyaient qu’elles faisaient tarir le lait des vaches ou des femmes allaitantes, qu’elles empoisonnaient l’eau des puits, qu’elles provoquaient la mort des nourrissons… Il était de notoriété publique que les sorcières se nourrissaient de bébés durant les sabbats où elles se rendaient chevauchant leurs balais afin de s’accoupler avec Belzébuth. La belladone associée au pavot et à l’opium constitue un antispasmodique soulageant efficacement la fièvre. Revers de la médaille, ce remède provoque des hallucinations érotiques. La fameuse « potion des sorcières » est un puissant narcotique. Les effets secondaires de « l’onguent populéum », un classique du genre, sont des contractions utérines agréables et des rêves enivrants. Avec de telles drogues, il n’est pas étonnant que les paysans du Moyen-Age imaginèrent avoir vu des sorcières se rendre à des messes noires pour copuler avec un démon cornu. Les paysannes elles-mêmes furent persuadées d’avoir vécu ces relations charnelles condamnables puisqu’elles avaient bu ces potions « magiques ». La farine était souvent coupée avec des graines de pavot et parfois contaminée par l’ergot du seigle. Ce champignon toxique provoque une maladie, l’ergotisme, entraînant des problèmes mentaux. Les fous furent aussi accusés de sorcellerie. Ils se prenaient pour des loups-garous…

Sorciers et « loups-garous » périrent dans les autodafés, mais en proportion plus faible que leurs consœurs. On estime à 75 % le nombre de victimes féminines contre 25 % d’hommes. Les tribunaux de l’Inquisition, en tant que juridiction ecclésiastique, considéraient la femme comme une pécheresse.

L’Église de Rome et toute la chrétienté sont misogynes. Seuls les hommes sont ordonnés prêtres. La femme est jugée inférieure. Dans la Bible, Ève croque la pomme que lui présente le serpent. Par sa faute Adam est chassé du jardin d’Éden.

En Gaule et en Pays celte, avant l’avènement du christianisme, le peuple pratiquait le culte de la Déesse-Mère. Cette croyance remonte à l’Antiquité. Religion proche et respectueuse de la nature, le Féminin est considéré comme sacré puisqu’il représente la terre nourricière. Les Égyptiens vénéraient Isis, les anciens de Rome, Vénus et pour les Babyloniens et les Assyriens, Ishtar, Déesse de la fécondité. On la nommait Ashtar chez les Phéniciens et Astarté chez les Grecs (plus connu sous le patronyme d’Aphrodite). En des temps immémoriaux, l’humanité célébrait un Dieu aux bois de cerf, Cermunnos. Il représentait l’équilibre masculin au culte de la Déesse-Mère. Au fil du temps, les chrétiens firent de cette idole cornue un diable à queue fourchue, Belzébuth. Ils accusèrent les prêtresses de la Déesse de sorcellerie. Les fidèles des anciens rites furent persécutés et traités d’hérétiques et les symboles liés à la pratique de leur religion, diabolisés par l’Église. Ainsi, le chapeau pointu des sages devint celui des sorciers et le Pentacle un symbole satanique. L’ancienne croyance faisait l’apologie de l’amour physique, acte sacré à l’origine de la vie. Pour les chrétiens, la sexualité était sale et impure. L’ancien culte fut donc qualifié de païen et éradiqué par l’Église. Cependant, les dates des fêtes chrétiennes sont calquées sur le calendrier des célébrations anciennes. Ainsi, la Chandeleur (Festa candelarum) signifiant fête des chandelles et célébrant la présentation de Jésus au Temple et la purification de Marie, s’est substituée aux Lupercales, fêtes de la fécondité, le deux février. De même, de nombreuses basiliques, églises et cathédrales furent bâties sur les anciens sanctuaires ésotériques. Des paysans dont beaucoup de campagnardes restèrent fidèles aux coutumes de la religion pré-chrétienne et furent donc victimes de l’Inquisition. Ces ruraux que l’on nommait « vilains » issus du latin « villanus » signifiant campagne n’adhérèrent pas d’emblée au catholicisme. Ils furent contraints à se convertir pour ne pas périr dans les flammes. Le christianisme devint donc la religion officielle.

Malgré les tortures et les persécutions, certains persistèrent à vénérer la Déesse-Mère. Ils survécurent et fondèrent des sociétés secrètes. La légende prétend qu’une de ces organisations perdure de nos jours. Ses membres se montreraient fort discrets, car ils auraient échappé à de nombreux complots et périls à travers les siècles. On aurait cherché à les exterminer afin de s’approprier leur savoir et surtout le « Grand Secret » dont ils sont dépositaires depuis la nuit des temps. Leur grande prêtresse porterait autour du cou un médaillon d’or et d’ambre, le Pentacle de Vénus.

Je vais donc m’efforcer de vous conter leur véritable histoire telle qu’elle m’a été relatée. Tout commence dans la France médiévale durant l’Inquisition par la naissance d’une enfant dotée de pouvoirs exceptionnels.

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Bianca Bastiani Autrice alias Brigitte Bianco.