Vincent Kaiser : Bonjour Madame de Gaulle, pouvez-vous vous présenter de manière globale à nos lecteurs ?
Nathalie de Gaulle : Bonjour Vincent Kaiser, merci de m’accorder cet entretien. Je suis entrepreneure et cheffe d’entreprise à l’étranger depuis maintenant plus de dix ans, ayant récemment développé des activités d’investissement dans des sociétés de technologies. J’ai compris très jeune que je souhaitais devenir entrepreneure. Je tenais beaucoup à ma liberté, étais passionnée par les voyages et ne pouvais m’imaginer passer quinze ans dans la même ville au sein de la même société. A l’âge de onze ans, mes parents m’ont fait déménager en Espagne et ce fut pour moi une révélation : il faudrait m’établir à l’étranger une fois adulte. J’ai par la suite effectué une partie de mes études et de mes stages entre les Etats-Unis, le Liban et le Royaume-Uni, ce qui ne fit que confirmer mon souhait d’expatriation. A vingt-neuf ans, après deux emplois en salle de marché et au sein de la Direction financière d’un grand groupe, je décidais de me lancer dans l’entrepreneuriat et de créer ma première entreprise à Abou Dhabi, en joint-venture avec un groupe émirien. Ce fut le début d’une grande aventure qui dure maintenant depuis 2012 et m’a permis de rencontrer des personnalités exceptionnelles tout en donnant un sens à ma vie professionnelle. Être entrepreneure exige souvent des sacrifices, de la ténacité et une capacité de travail particulière : adieu les weekends et les vacances au début de chaque entreprise, mais quel bonheur lorsque les activités prennent et que vos produits sont lancés !
Vincent Kaiser : Vous avez exercé un poste de conseiller consulaire aux Émirats arabe unis, pouvez-vous nous expliquer comment cela s’est déroulé et les choses que vous avez mise en place ?
Nathalie de Gaulle : Installée à Abou Dhabi, je fus contactée par des membres de la communauté française des Emirats arabes unis afin de constituer une liste pour briguer des fonctions de conseiller des Français de l’étranger (ex. conseiller consulaire). Notre liste récolta les suffrages et je devins ainsi impliquée dans la vie de nos concitoyens des Emirats arabes unis et du Sultanat d’Oman. Le rôle de conseiller consulaire, à l’époque non rémunéré et effectué en parallèle des activités professionnelles de chacun, consistait à représenter les Français auprès des ambassades et des consulats, à participer aux Commissions consulaires relatives à l’enseignement, aux aides sociales et à l’emploi ainsi qu’à élire les Sénateurs des Français de l’étranger. Je fus un moment impliquée dans la campagne présidentielle de 2017 sur des sujets ayant trait au commerce extérieur et à la vie des Français expatriés. J’aurais ainsi passé quatre années comme conseillère consulaire jusqu’à ma démission en 2018, et en garde des souvenirs incroyables de cohésion et de rencontres riches avec des concitoyens issus de tous horizons.
Vincent Kaiser : Vous avez un parcours très complet, vous avez fait Science-Po, Hec, pensez-vous brider un jour des fonctions politiques en France ?
Nathalie de Gaulle : Cela n’est pas d’actualité. Mon expérience de conseillère consulaire m’a appris qu’il était parfois délicat de concilier entrepreneuriat et fonctions électives ; les deux rôles demandent en effet une implication entière et poursuivent des intérêts qui ne sont pas forcément convergents ni compatibles. J’ai décidé pour le moment de me consacrer entièrement au développement de mes activités dans le secteur privé et de servir mon pays par d’autre canaux.
Vincent Kaiser : Pouvez-vous dire à nos lecteurs souhaitant avoir une carrière politique, ce qui constitue un bon politicien ?
Nathalie de Gaulle : Ne jamais perdre de vue l’intérêt général et être prêt à y consacrer la grande majorité de son emploi du temps ! Un peu à l’image de l’entrepreneuriat, les moments de repos n’existent pas lorsque l’on entre en campagne électorale ou que l’on doit aller à la rencontre de ses concitoyens pendant son temps libre. Au-delà des aspects organisationnels, l’engagement politique demande de garder foi en son pays et de ne jamais se décourager car les difficultés peuvent apparaître. C’est une vie qui requiert beaucoup d’énergie et qui exige une disponibilité sans faille doublé d’un bel optimisme. Je pense que certaines personnes le vivent comme une véritable révélation car servir son pays est un magnifique engagement.
Vincent Kaiser : Vous êtes l’arrière-petite-fille du Générale de Gaulle, pouvez-vous nous donner une anecdote inédite ou un événement qu’on vous a raconté qui vous a particulièrement marqué ?
Nathalie de Gaulle : Je n’ai pas tant d’anecdotes à raconter que l’impression de représenter notre pays lorsque je suis invitée à m’exprimer à l’étranger : le Général de Gaulle est intégralement assimilé à la France et à son Histoire, et je reçois à ce titre de nombreux témoignages d’amitiés lors de mes déplacements. La France garde une image emblématique en dehors de nos frontières – celle du pays des Lumières, de la Liberté et des droits de l’Homme. Ce sont d’ailleurs le plus souvent des étrangers qui me racontent des anecdotes sur la visite du Général de Gaulle chez eux ou sur les impressions qu’ils ont de la France !
Vincent Kaiser : Vous avez fondé votre société aux Émirats, pouvez-vous nous en dire davantage sur son fonctionnement ?
Nathalie de Gaulle : Tout à fait. Mon associé et moi avons fondé Princeps Strategy en 2019, faisant suite à la société émirienne créée en 2012. Princeps Strategy est une société de conseil en intelligence stratégique et en développement commercial, ayant récemment structurée des activités d’investissement dans des secteurs liés aux nouvelles technologies et à la cybersécurité, entre autres. Nos équipes sont réparties entre Paris et Dubaï. Ces activités me permettent de voyager entre la France et les Emirats arabes unis, bien que résidant la majeure partie du temps à Paris.
Vincent Kaiser : En tant que chef d’entreprise, quels conseils auriez-vous à donner à nos lecteurs ?
Nathalie de Gaulle : Repérer ce qui marche en essayant de l’améliorer. Identifier les solutions aux problèmes et bien tester ses idées avant de les lancer à grande échelle. Bien s’entourer, la fiabilité et l’optimisme étant les deux principaux traits à rechercher chez ses collaborateurs : tout le reste s’apprend, mais sans confiance rien n’est possible. J’ai pour ma part toujours préféré lancer des entreprises à deux ou à trois personnes, en tant que cofondatrice. Cela permet de contrebalancer la fameuse « solitude de l’entrepreneur » qui n’est pas un mythe et qui peut parfois prendre le pas sur la volonté de départ. L’entrepreneuriat est avant tout une aventure collective, avec sa vie propre, ses phases. On constate bien souvent que l’idée de création initiale n’était pas celle à laquelle on a abouti après quelques années d’opérations. Il faut savoir s’adapter, être agile, écouter les autres mais rester maître de ses décisions.
Vincent Kaiser : Pouvez-vous dire en exclusivité à nos lecteurs les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Nathalie de Gaulle : Nous continuons nos activités d’investisseurs avec deux projets actuels : celui d’une plateforme dédiée au voyage et à l’« Entertainment », avec des modalités de création d’expériences personnalisées pour chaque utilisateur. De la même manière, nous sommes en train d’établir un véhicule d’investissement dans des projets dédiés à l’éducation, notamment sur le continent Africain. Nous croyons beaucoup à la transmission des savoirs et au mentoring des équipes et tentons toujours de les implémenter dans nos nouvelles entreprises.