Je suis célibataire depuis si longtemps. Je ne sais plus et surtout je ne veux plus. Ça se chiffre en nombre d’années. J’ai un dégoût des hommes, des relations intimes, de la chair. J’ai eu mon compte. J’ai trop donné surtout ! Donner, vendu, qu’importe ? La nausée… Je me suis perdue, gâchée, bradée. Il ne reste plus rien à prendre. Vide, je suis une coquille vide. La coquille est jolie, parfumée, parée de belles étoffes. Pourtant vous ne trouverez rien d’excitant à l’intérieur. Et l’amour, dans tout ça ? L’amour, je n’y crois pas. Je n’y crois plus. J’ai trop souffert de ce concept. Désormais, je suis amoureuse de ma solitude. De Cendrine, ne demeurent que des cendres froides. Je suis glacée, gelée, morte. Ne cherchez pas à m’allumer. Il n’y a plus de braises. Je suis éteinte. J’ai perdu la flamme. J’ai vendu mon âme. Il est trop tard à présent. Mon cœur a été pillé, saccagé, détruit. Mon corps fut pénétré, violé, profané. Si vous saviez comme j’ai mal encore. L’écriture m’a sauvée. Elle constitue ma catharsis et mon exutoire. Je ne vis plus que pour écrire, dénoncer, témoigner. Vous m’écœurez messieurs ! Surtout lorsque vous êtes en meute. Je ne connais que trop vos instincts bestiaux. Ne l’oubliez pas, j’ai dansé à vos orgies. Vous m’avez sacrifiée, humiliée, salie. Pour vous ce n’était qu’un jeu. Il n’en valait pas la chandelle. Je ne suis pas dupe. Je ne vous ai pas accordé le plaisir de mes larmes. Vous ne me laissiez pas le choix des armes. Aujourd’hui, je tiens ma vengeance au bout de ma plume. Je sais que des dents vont grincer. Certains se reconnaîtront dans ce Maître Lionel. Ce sera mon unique jouissance.
Copyright Bianca Bastiani.