La cendrillon de trottoir, par Bianca BASTIANI.

WEEKEND DE DEDICACES SUR LE SITE JDH EDITIONS POUR NOTRE CENDRILLON DE TROTTOIR.

Loin d’être racoleur, ce livre vous immergera dans un témoignage bouleversant que la télévision elle-même ne renierait pas,  et en prime time, pour un dossier sur le thème. Cendrillon a vécu ce qu’il peut arriver de pire à une femme. Elle a perdu la propriété de son corps et a prostitué son âme pour de l’amour.

Elle témoigne, raconte, et chante.

Elle ne pleure pas.

Elle reste ce qu’elle est.

Cendrillon n’a pas de prétention.

Oui, elle chante, elle a des rimes et des poésies plein la tête, là où le commun des mortels coulerait à pic, Cendrillon survit.

A tout.

Comme à elle-même.

C’est un livre bouleversant, humain, sans excès de séductions, dingue, incroyable et pourtant, pourtant, l’histoire est vraie.

Je ne sais pas pourquoi, ce livre me fait autant penser à « La Môme » pour son climat et  j’entends Piaf chanter au fil des mots, « Aux valseuses » pour ses portraits à la Blier, à « La dérobade » pour l’héroïne que Miou Miou interprétait à l’écran, à « L’herbe bleue » pour ce côté « cash » et plus proche de nous à « Jeune et jolie  » pour la naïveté de Cendrillon et pour cette trame très contemporaine.

YLR, rédacteur en chef et directeur littéraire et artistique de JDH éditions. 

 

 

 

 

Le salon érotique de Barcelone 

LES FLASHES CREPITENT, LES PHOTOGRAPHES SE BOUSCULENT POUR IMMORTALISER LA SCENE. Un marquis de Sade, tout de cuir vêtu, cravache en main, tient en laisse une magnifique créature harnachée, rampant à terre dans la plus totale soumission. Un journaliste s’approche, micro en main, dans le but d’interviewer le Maître. L’esclave se doit de rester muette.

Le producteur Lionel LeRouge et la star montante du sadomasochisme, Cendrine Bastian (mon nom d’actrice, à peine déguisé) sont en représentation pour la promotion de leur dernière vidéo, La masochiste. Les droits du film ont été achetés par une importante société espagnole. Lionel est satisfait, il vient de conclure une très bonne affaire. À son retour en France, il se rendra à Paris, accompagné de sa vedette, pour négocier la vidéo avec la maison Démonia. Lionel est extrêmement fier de ce film. C’est son chef d’œuvre. Il l’a pensé et réalisé lui-même dans les moindres détails. Il est également fier de son esclave. Sans elle, le projet n’aurait pu aboutir. Il adore l’exhiber ainsi, nue, épilée, les seins et l’intimité ornés d’impressionnants piercings. Elle est le pilier de sa société. Pourtant, depuis quelque temps, Cendrine l’inquiète. Elle montre des signes de faiblesse et de fatigue qu’il juge impardonnables et s’efforce de réprimer en se montrant plus sévère que jamais. Pourvu qu’elle ne fasse pas une énième dépression, ou pire encore, une nouvelle tentative de suicide. L’empire de Lionel repose sur les frêles épaules de la jeune femme. Il ne faudrait pas qu’elle s’effondre maintenant, au sommet de sa gloire. Sa créature, il l’a façonnée, manipulée, créée de toutes pièces. Elle n’était rien, à peine une ébauche. Il lui a tout appris, de A à Z : comment marcher sur des talons de quinze centimètres, comment porter des mini-jupes sans rien dessous, comment subjuguer les hommes et surtout comment accepter et supporter la douleur, toutes formes de douleurs, même les plus aiguës. Son esclave est une référence. Il en a fait une star, sa star.
Je ne dors pas. Lionel ronfle à mes côtés. Dans cette chambre d’hôtel à Barcelone, les yeux grands ouverts dans l’obscurité, je réfléchis. Et pourtant je suis complètement épuisée, mais impossible de fermer l’œil. La journée a été fatigante, stressante avec tous ces photographes, ce bruit, cet étalage de perversions sexuelles en tous genres, dont je suis l’une des vitrines. Lionel me met la pression, sans arrêt. Il s’y croit et se fait appeler Maître même lorsque nous faisons l’amour. Mais peut-on encore appeler faire l’amour l’espèce de coït brutal qu’il m’impose ? Nos relations sexuelles s’apparentent plus à des viols.

Lionel répète souvent que je lui dois tout, et pourtant, il m’a pris mon bien le plus précieux, mon fils, Lucas. Je n’ai ni le temps, ni l’énergie ni la force de m’occuper de Lucas comme je le voudrais. Je n’ai pas l’allure d’une mère de famille, de celles qui préparent des gâteaux le mercredi après-midi. Lucas me manque. J’ai hâte d’être de retour à la maison pour aller le récupérer chez la nounou. Notre vie de famille, c’est du grand n’importe quoi. Parfois, comme ce soir, je me demande si Lionel ne m’a pas fait un enfant dans le seul but de mieux m’asservir. Je me sens vide, tellement vide. Je ne suis qu’un fantasme, une perversion. Toute la journée, le Maître m’a exhibée au bout de sa laisse comme un phénomène de foire, une chienne bien dressée. Je n’en peux plus de jouer le rôle de la parfaite esclave qui obéit au doigt et à l’œil. Ca va trop loin tout ça ! Lionel n’a jamais été facile à vivre, c’est le moins que l’on puisse dire, mais depuis qu’il se prend pour le plus grand des producteurs de sado-masochisme, il dépasse les bornes. Il me traite comme sa soumise jusque dans notre vie de tous les jours. Il m’humilie, me maltraite et me brutalise à la moindre occasion, soit-disant pour mieux forger ma personnalité. Je crois qu’il devient un fou  sadique. Fréquenter le milieu SM ne lui réussit pas. Je me tourne et me retourne dans le lit, ça cogite dans ma tête. Les piercings me gênent. Le Maître possède un outil spécial pour les retirer, mais je dois les porter la plupart du temps, de jour comme de nuit. C’est très inconfortable. J’en ai huit, deux à chaque téton, un sur le capuchon du clitoris et un sur chaque lèvre de la vulve, plus celui du nombril. Parfois, le Maître accroche un cadenas de petite taille (mais suffisamment lourd pour que cela soit douloureux) aux deux piercings des lèvres intimes, ceci dans le but de les étirer. Les sadomasochistes sont dingues. Depuis que je fréquente leur milieu, j’ai vu des choses inimaginables pour le commun des mortels. Quand je pense que mes séances de piercings ont été immortalisées sur vidéo et sont disponibles à la boutique Démonia…

Quand je pense que c’est Lionel lui-même qui m’a percée et qu’il s’est fait la main sur moi… Un cobaye, voilà ce que je suis devenue !

Copyright JDH EDITIONS, auteur : Bianca Bastiani.

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