Lettre à ceux qui ne sont pas sur les podiums.

Lettre ouverte.

En prenant un stylo, ou en tapant sur un ordinateur, vous aviez cru pouvoir devenir un écrivain adulé, voire riche. Vous rêviez d’être invité sur les plateaux des grands médias et dispenser vos conseils lumineux à des foules attentives. Mais, si vous attendez dans votre fauteuil, vous n’avez aucune chance de toucher qui que ce soit par vos écrits. Mais, si vous courez les salons et les dédicaces, vous découvrirez des listes interminables de livres, vous croiserez des auteurs comme vous et vous connaitrez les désillusions de celui qui ne vend rien ou pas grand-chose.

Vous aurez peut-être quelques ventes, par hasard. Mieux, vous pouvez un court instant réussir à vous imposer. Dans ces deux cas, je ne vous donnerai pas de pourcentage de réussite, pour ne surtout pas décourager votre bel enthousiasme.

Désireux de vous démarquer, vous croiserez peut-être la route de ceux qui vous proposeront de vous ouvrir les portes de la grande scène de la réussite pour quelques sommes peu modiques. Aimer exclut de compter, pensez-vous sans doute.

Horreur! Quel pessimiste ! Hélas! le réalisme anime mes confidences.

Vous pouvez également vous spécialiser, devenir écrivain public, écrire des livres dans des domaines qui sont toujours porteurs : bien manger, perdre du poids, être beau, à la mode, gagner de l’argent, découvrir du fantastique, parler d’art militaire, de l’horreur, du X…

Vous pouvez enfin devenir éditeur ou libraire, si vous avez la passion chevillée au corps. Vous pouvez enfin devenir coach et faire croire qu’il est simple d’écrire, d’avoir du succès, de faire un best-seller. Ne peut-on pas être coach dans tous les domaines sans maitriser son sujet, sans avoir fait ses preuves ! (combien le furent il y a peu face à un virus).

Bon prince, j’espère que vous éviterez de haïr ceux qui ne vous aident pas, qui ne croient pas en vous. Ne blâmez que vous, devant les couvertures de vos livres qui ne décorent que votre bibliothèque.

Je l’admets, je cherche à vous décourager. Si vous abandonnez d’écrire en nombre, j’ai peut-être une chance de me faire remarquer.